Determinisme Naturel
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D?terminisme naturel
Marc fron?ait les sourcils devant son exercice d'?conomie, mortifi? de
ne rien y comprendre.Alarm? parce que tout le monde dans la salle
?crivait rapidement, il ?tait apparemment le seul qui s?chait, encore
une fois le seul... Il sentait la prochaine banane venir, enterrant ses
derniers espoirs d'obtenir sa ma?trise d'AES. Apr?s avoir redoubl? sa
premi?re ann?e, puis sa seconde ann?e, et puis naturellement sa licence
pour faire le grand chelem de l'?chec, c'?tait sans aucun doute logique
que la marche de la quatri?me ann?e soit r?solument hors de port?e de
ses capacit?s.
Marc souffla l?g?rement pour d?gager la m?che ch?tain sombre qui lui
tombait devant les yeux, n'ayant aucune conscience du caract?re
terriblement f?minin du geste qu'il venait de faire, suivi par un autre
encore plus f?minin: se recoiffer gracieusement en passant une m?che
derri?re son oreille. Il avait toujours eu l'habitude de porter les
cheveux un peu longs, mais les ann?es de fac ?taient des ann?es de vache
maigre. Aller chez le coiffeur ?tait un luxe qu'il ne pouvait se
permettre chaque mois, et ses cheveux semblaient avoir une vigueur pour
pousser rapidement qui lui manquait dans tout le reste de son corps.
"Mais je n'y comprends vraiment rien, et encore ces maudites fonctions"
maugr?a int?rieurement Marc. Il n'?tait pas idiot, mais il ?tait
indiscutablement peu dou? intellectuellement. Son esprit lent ne
comprenait les probl?mes les plus basiques qu'apr?s les avoir ressass?s
plusieurs fois, et ses m?diocres capacit?s d'abstraction intellectuelle
ne lui permettaient pas d'appr?hender les notions plus d?licates. Il se
sentait de moins en moins ? sa place ? l'universit?. La sensation
d'avoir p?niblement obtenu ses ann?es pr?c?dentes sur des malentendus le
taraudait. Cependant il lui fallait bien quelque chose pour pr?parer son
avenir professionnel, car son corps d'avorton mettait hors de port?e
tout travail un tant soit peu physique.
Menu et mince, Marc ?tait de constitution fragile et d?licate. Il
n'avait jamais connu un seul muscle, ses bras fins et ses longues jambes
fusel?es ne laissaient aucun doute quant ? sa faiblesse. Son cou gracile
et sa nuque juv?nile accentuait l'ambigu?t? sexuelle de dos. De face ses
traits doux et d?licatement dessin?s, ses grands yeux bleus d'un bleu
vif, ses longs cils et ses joues poupines l'emp?chaient de pr?tendre ?
une quelconque virilit?. Depuis tout petit il ?tait si habitu? qu'on le
confonde avec une fille qu'il n'en ?tait nullement surpris quand c'?tait
le cas, et cela arrivait tr?s souvent. La n?gation de sa masculinit? le
frustrait, mais sage et docile il ne se rebellait jamais.
Si Marc faisait des efforts pour ?viter tout v?tement qui aurait pu
accentuer sa morphologie si peu "m?le", le fait qu'il ne mesura qu'1m57,
ses ?paules fr?les, sa taille de 36 et ses tout petits pieds
repr?sentaient un d?fi insurmontable pour passer pour un jeune homme
comme les autres. Le peu d'orgueil qu'il avait lui faisait dire qu'il
mesurait 1m60, et quant il essayait de prendre des postures qu'il
croyait viriles et confiantes c'?tait peine perdue. Depuis toujours il
?tait une vraie fille manqu?e, qui jouait ? la poup?e et ? la d?nette
avant de comprendre que les gar?ons ne jouaient pas ? ?a. Ses tentatives
pour s'affirmer en tant qu'homme ?chouaient lamentablement, et malgr? la
surveillance qu'il tentait de s'imposer il ?tait terriblement mani?r?,
adoptant spontan?ment et une gestuelle f?minine tr?s naturelle qu'aucun
gar?on n'aurait pu imiter sans para?tre grotesque.
Sa nature de fille manqu?e l'avait amen? ? ne fr?quenter que des filles
et ? ?tre m?pris? ou ignor? des gar?ons. Malheureusement pour lui Marc
?tait un c?ur d'artichaut et il tombait facilement amoureux des jolies
filles qu'il fr?quentait et c?toyait. Les choses auraient ?taient bien
plus simples pour lui s'il avait ?tait homosexuel mais voil?, le destin
lui avait jou? le tour d'?tre purement h?t?rosexuel. Marc ne comptait
pas le nombre de ses frustrations amoureuses qui se succ?daient ann?e
apr?s ann?e. Les filles ne pouvaient voir en un gar?on si eff?min?,
physiquement et psychologiquement, un petit ami potentiel. Par contre
elles le trouvaient g?nial et pr?cieux comme copine, et sans se
tracasser c'est comme copine que les filles le traitaient, que ce soit
conscient ou inconscient.
Parfois Marc maudissait ses go?ts f?minins, de pleurer ? chaque fois
devant "Titanic" ou d'?prouver une excitation d'adolescente devant
"Dirty dancing", il n'avait cependant pas la volont? de se refuser ce
qu'il consid?rait comme ses seuls plaisirs. La vie lui r?servait si peu
de satisfactions et de plaisirs qu'il ne trouvait pas la force de se
priver d'un seul ?pisode de "Plus belle la vie"!
Marc commen?a enfin ? ?crire quelque chose, surtout histoire de remplir
sa feuille. Au bout de quelques minutes il releva la t?te, repoussa d'un
d?licat geste les m?ches qui lui tombaient ? nouveau sur les yeux, et se
perdit dans la contemplation de la charg?e de TD qui surveillait
l'examen, la sublime Amandine.
Amandine, ? la liminuse chevelure blonde de princesse, repr?sentait le
fantasme ultime de Marc. Elle ?tait d'une beaut? envo?tante et en effet
il ?tait comme ensorcel? par sa personne. Sa beaut? f?erique captivait
et troublait hommes et femmes. Une ?me faible comme celle de Marc se
retrouvait, elle, totalement sous le son joug. Amandine n'?tait pas une
vulgaire bimbo blonde; c'?tait une jeune femme au charme ravageur qui
compl?tait un physique parfait. Nulle d'imperfection en effet. Ses longs
cheveux lisses de couleur miel, ses yeux bleus saphir, sa peau au grain
d?licat hal?e avec bienveillance par le moindre rayon de soleil, son
m?tre 75 de mannequin, son sourire ? fondre la banquise, sa gr?ce et
son ?l?gance naturelles, tout faisait d'elle une d?esse venue d'un ?ge
d'or r?volu. Amandine d?bordait de bonne humeur et d'?nergie, et son
corps, tout en ?tant la quintessence de la f?minit?, ?tait ?galement
fait pour le sport et le d?passement de soi. Amandine incarnait autant
l'id?al f?minin que Marc ?tait ?loign? de l'id?al masculin. Et pour
parachever ce contraste si Marc ?tait d'une intelligence m?diocre, lente
et laborieuse Amandine ?tait particuli?rement vive d'esprit, dou?e dans
tous les domaines, et terminait juste avec les f?licitations du corps
universitaire un cursus qui se soldait par une double th?se ?conomie et
droit.
Marc avait eu l'occasion de c?toyer plusieurs fois Amandine. Lors de sa
seconde deuxi?me ann?e il avait ?t? mis sous tutorat de brillante jeune
fille, qui elle attaquait tout juste deux masters. Le pauvre gar?on,
tellement intimid? et ?mu par l'objet de tous ses d?sirs, ne retira pas
grand chose de ce tutorat, si ce n'est que chaque parole et sourire
d'Amandine alimentait ses r?ves les plus fous. Il ne pouvait s'emp?cher
d'imaginer l'impossible, Amandine tombant follement amoureuse de lui,
tous les deux partageant des nuits sensuelles et orgasmiques, d?lirant
sur leur mariage et sur la belle famille qu'ils fonderaient ensemble...
Et ce n'est pas de voir Amandine flirtait avec de bels Apollons, beaux,
riches et ayant d?j? de belles situations, qui lui auraient fait
renoncer et ses r?ves les plus fous. La gentillesse que lui montrait
Amandine, le moindre compliment et taquinerie, et Marc sentait le feu
enflammait ses joues, et il perdait tous ses moyens, bafouillant et
gauche, d?contenanc? comme une gamine qui rencontrerait son idole.
Amandine se plaisait ? lui faire des remarques sur son absence de
virilit? et sur sa f?minit? si peu contenue, toujours avec de petits
rires adorables, et Marc peu ? peu avait associ? ses petites
humiliations innocentes au plaisir d'?tre en compagnie avec la fille de
tous ses r?ves.
Marc avait pu r?ver autant qu'il le souhaitait ? Amandine, ? une
histoire d'amour entre eux digne d'une des s?ries t?l? dont il
raffolait, ? une famille fond?e et des enfants qui respiraient le
bonheur, il savait pertinemment qu'elle ?tait encore plus inaccessible
pour lui qu'aucune autre femme. Et en effet, au sortir de cet
insupportable examen, les jours qui suivirent finirent par enterrer ses
pr?tentions de master, et ses r?ves si chers d'amour avec Amandine avec.
Marc quitta la fac avec amertume, se sentant plus jamais nul, et
pleurnichant ? l'id?e de ne plus pouvoir apercevoir, ne serait ce au
loin, l'?tre cher si aim?, ador?, convoit?.
Aigri mais avec trop peu de caract?re pour qu'il en tire une force, son
peu de virilit? amoindrie par ces derni?res ann?es d'amoureux secret,
l'?nergie et l'envie manquaient cruellement ? Marc pour attaquer une vie
de jeune adulte. De nos jours beaucoup d'?tudiants n'embrassent leur vie
d'adulte qu'une fois la fac achev?e. C'?tait bien ?videmment le cas de
Marc, qui d?barquait dans la jungle du vrai monde totalement d?sarm? et
perdu. Il fut ?videmment incapable de se trouver un emploi par lui-m?me,
et la conseill?re de p?le emploi ne savait que proposer devant un tel
candidat si effac? et tellement attentiste. S'il n'avait ?t? aussi
dipl?m? elle lui aurait volontiers propos? un boulot au mac do ou au
supermarch? du coin.
Marc se cru revenir en enfance, terriblement vuln?rable et d?sarm? pour
affronter les dures r?alit?s de la vie adulte. A cela s'ajoutait une
s?rie d'?v?nements qui finirent par l'isoler et le d?courager. Sa m?re,
une fois tous ses enfants adultes, en eu assez de supporter son p?re,
brutal et trop port? sur la boisson. Elle obtint rapidement un divorce
et partit en Espagne refaire sa vie avec un amant rencontr? sur un site
de rencontre. Son p?re avait fait du divorce une excuse suppl?mentaire
pour boire encore plus et passer sa vie dans des bars minables. Il se
retrouva oblig? de se trouver dans l'urgence un logement, et dans la
pr?cipitation il ne trouva rien de mieux qu'une chambre chez une
retrait?e.
Solange avait d'abord h?sit? au t?l?phone ? lui proposer une visite,
mais finalement une fois que Marc se retrouva devant elle Marc eu la
surprise de la voir rapidement en confiance, presque soulag?, et de lui
dire qu'il ?tait le bienvenu. L'appartement ?tait un vrai appartement de
personne ?g?e, rempli de bibelots vieillots, de napperons et de
broderies, d'odeurs de parfums ?c?urants et de produits de m?nage. Sa
chambre, bien que sobre, ?tait indiscutablement d?cor?e aux go?ts d'une
vielle fille. Malgr? le loyer tr?s modeste Marc du accepter de
participer aux t?ches m?nag?res pour en payer une partie, de se voir
attribuer tout le repassage (m?me celui de chemisiers et de robes aux
plis compliqu?s), et d'adopter des horaires de vielle dame. Si on
rajoute ? cela les repas tr?s frugaux et les programmes de t?l? pr?f?r?s
de la retrait?e Marc eu l'impression d'?tre pass? directement de la case
universit? ? celle de maison de retraite. Pourtant il n'avait pas assez
de temp?rament pour se remuer et pendant les six premiers mois il prit
l'habitude de papoter et jacasser avec Solange. Il se trouvait que la
vielle dame ?tait comme lui une fan de "Plus belle la vie", et ce fut la
graine ? partir de laquelle se d?veloppa leur complicit?. N?anmoins
comme Marc n'avait pas une personnalit? forte c'est Solange qui
s'affirmait, et bien malgr? lui il subit, lentement mais surement,
l'influence de Solange en profondeur. Il n'avait d?j? pas la r?bellion,
l'aventure et le dynamisme dans le sang, la vie avec la vielle dame
laissa donc peu ? peu sur son identit? une empreinte ind?l?bile. Il
avait d?j? du mal ? pr?tendre ? une quelconque virilit?, le fait de
vivre comme une femme ?g?e repoussait sa masculinit? encore plus loin
hors du domaine du possible.
C'est au d?tour d'une rue que sa vie prit enfin un nouveau tournant, si
ce n'est son vrai commencement. Revenant de l'?picerie o? il avait fait
les courses pour Solange, Marc tomba nez ? nez avec Amandine, l'?tre qui
occupait encore tous ses fantasmes, ses d?lires, ses pens?es et ses
ambitions les plus folles. Pendant un battement de c?ur il h?sita,
doutant si c'?tait bien elle ou pas. Amandine avait r?solument chang? de
style. Elle avait abandonn? son look d'?tudiante ais?e pour devenir une
vraie jeune femme BCBG, une adulte s?re d'elle et qui rayonnait de
d?termination malgr? son jeune ?ge. Le changement le plus radical ?tait
ses cheveux, coup?s et coiff?s en un long carr? lisse et blond
terriblement s?duisant et ?l?gant. Elle portait un co?teux tailleur
pantalon blanc, un haut bleu roi satin?, des escarpins blancs vernis du
meilleur go?t, de discr?tes perles aux oreilles, une fine montre dor?e
et un sac ? main de luxe; tout cela faisait d'elle la plus cr?dible et
sexy business woman du monde.
Marc restait sans voix devant la fille de ses r?ves devenue la plus
magnifique jeune femme qu'il n'ait jamais vu. M?me son l?ger maquillage
signifiait tout son talent inn? pour le moindre d?tail. Le c?ur de Marc
battait la chamade et lorsque Amandine lui adressa la parole il se
sentit rougir comme toujours, plus que jamais vuln?rable face ? sa
dulcin?e.
-"Marc! Mais quelle surprise! Tu n'as pas chang?!"
Marc se sentit cruellement humili?, ridicule dans son sweat trop large
et son jean informe. Il pris conscience que lui n'avait pas ?volu?
depuis la fac, restant avec son apparence d'adolescent attard? habill?
n'importe comment.
-"Tu as perdu ta langue? On t'a pas appris a ?tre poli et ? dire bonjour
? une ancienne amie" le taquina Amandine avec un petit rire ravageur.
-"Excuse moi Amandine... Bon..bonjour Amandine..."
Devant ce petit gar?on grond? Amandine rit de bon c?ur -"C'est mieux,
alors qu'est ce que tu deviens? Moi je viens de fonder ma propre boite
dans la pub. Je voulais pas ?tre une fille ? papa et je me suis lanc?e
dans le grand bain sans l'aide de personne".
Marc rougit encore plus, se sentant minable et ridicule. -"Je... je
n'ai rien trouv? moi... La dame de P?le Emploi a dit qu'elle
m'appellerait mais voil? je n'ai aucun appel. Je vis chez une retrait?e,
je paye pas cher et en ?change d'une partie du loyer je lui fais du
m?nage."
Evidemment Marc savait que ce qu'il racontait ?tait tr?s loin de le
mettre en valeur, bien au contraire, mais il ne savait mentir et avait
ce d?faut de se sentir oblig? de dire en permanence la v?rit?, sans rien
cacher ou att?nuer. Ses yeux se mouill?rent d'impuissance et de d?pit.
Amandine parut touch?e et fit une petite moue attendrie "Mais ma puce
faut pas se mettre dans de tels ?tats. Viens je t'offre un caf?, et on
va discuter, j'ai une id?e qui pourrait te plaire." Amandine lui prit le
bras, et bras dessus bras dessous ils se trouv?rent une terrasse pour
commander. Marc se sentit tout de suite r?confort?, et il appr?cia ?tre
chouchout? par Amandine, m?me s'il se dit qu'il aurait du agir en homme
et en adulte.
Amandine lui expliqua alors ses projets, et en quoi il pouvait en faire
partie. "Voil? comme je t'ai expliqu? j'ai mont? ma boite, et j'ai
refus? l'aide de mes parents. J'ai utilis? mes ?conomies et pris un
cr?dit pour me lancer. Je veux ?tre totalement ind?pendante, n'avoir de
compte ? rendre ? personne tu vois? Donc l? je viens de signer pour les
bureaux, et je cherche une petite ?quipe de 4-5 personnes de confiance
pour organiser tout ?a et commencer ? travailler. On se partagera les
t?ches et le travail en fonction de ce que chacun peut apporter et aime
faire. Alors si tu es d'accord pour cette aventure, et que ?a ne te
d?range pas de gagner de petits salaires les premiers mois, le temps que
?a se mette en place, ?a te dit que je t'embauche?"
Marc ?tait comme hypnotis? par Amandine, totalement sous l'emprise de sa
personne et de ses mots. Il pensait qu'il n'?tait pas Dieu possible
qu'autant de beaut? et de charisme soit r?unie en une seule personne.
Les grands sourires de la jeune femme suffisaient ? eux seuls ?
comprendre que sa proposition ne pouvait qu'?tre accept?e par Marc, et
qu'elle savait d?j? qu'il ne lui refuserait rien. Et en effet elle
n'attendit m?me pas la fin des b?gaiements timides de Marc pour lui
donner les informations pratiques quant ? son tout nouvel emploi et aux
bureaux de la toute jeune entreprise. Marc se sentait comme le plus
heureux des hommes, et quand Amandine posa sa main sur la sienne dans un
geste de domination, son petit p?nis dur battait avec tr?pidation au
rythme de son c?ur.
Jerri
- 25.03.2020
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