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M?MOIRES D'UNE POUP?E
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UNE ?TERNIT? DE PLASTIQUE
Tant de vigueur sexuelle malgr? l'?ge
Il me chargea sur la banquette arri?re de sa voiture et d?marra. Alors
qu'il conduisait, il se mit ? me parler, jetant dans le r?troviseur des
petits coups d'oeil amus?s dans ma direction.
- Tu sais Lola, si tu es aussi bonne qu'ils l'affirment, je crois que je
ne vais pas regretter mon achat. C'est que, ? toi je peux le dire, les
femmes en g?n?ral me les brisent menu-menu. Comprends- moi bien, je n'ai
rien contre un bon coup de bite dans une jolie chatte de temps en temps.
Se vider les burnes, ?a vous requinque son m?le. Mais supporter leur
babillage et leurs exigences pour quelques minutes de plaisir fugaces,
c'est au-dessus de mes forces... Je ne te choque pas au moins? Tu me le
diras si mon langage ordurier te d?range, ajouta-t-il en riant. Parce
que ma femme, enfin mon ex-femme plut?t, ?a la d?rangeait la pauvre
choupinette. Qu'est-ce qu'elle a pu me faire chier avec ?a!
Heureusement, elle a fini par divorcer. Bon d?barras! Depuis, ma petite
Lola, je n'ai pas cherch? ? en retrouver une. Chat ?chaud? craint l'eau
froide, si tu vois ce que je veux dire. Mais ?a ne m'emp?che pas d'avoir
encore toute ma vigueur. Je ne sais pas comment tourne ton petit cerveau
?lectronique, mais si tu t'imagines que le vieil Albert, qui a bien
l'honneur, va te laisser ton petit cul au frais, sous pr?texte qu'il a
quelques d?cennies au compteur, tu te pr?pares une grosse d?ception, une
tr?s grosse. Et ce n'est pas une image! Avec moi, tu vas d?poter du
fion, tu peux me croire. Des ann?es que dois me faire rincer les
roupettes chez les putes ou que je fraternise avec un gant de toilette.
Et avant ?a, ce n'?tait pas mieux, il fallait entreprendre madame
pendant des jours et des jours avant qu'elle entrouvre les cuisses en
pin?ant le nez et en regardant ailleurs, pendant que je m'essoufflais
sur elle. Mais avec toi, tout va changer, n'est-ce pas Lola? Au fait,
dis-moi franchement si j'abuse, mais je trouve ?a un peu con, comme
pr?nom, Lola. On dirait un nom de perruche! Tu me diras... Mais bon, je
crois que je vais te trouver autre chose, si ?a ne te d?range pas bien
s?r...
Il soliloquait ainsi, comme s'il n'avait pas parl? depuis des ann?es. Et
moi, tout immobile, je l'?coutais religieusement. et j'?tais m?me oblig?
d'?tre heureux en entendant ce ramassis d'insanit?.
- J'ai trouv? je vais t'appeler "Bunny". J'ai toujours aim? ces petites
sucreries dans leurs costumes affriolants, avec leurs petites queues
blanches bien plac?es. Qu'est-ce que tu en dis "Bunny"?
Bien s?r, je ne pouvais rien dire, j'?tais au fond de ma bo?te! En moi-
m?me je trouvais ce pr?nom parfaitement ben?t et humiliant, mais c'?tait
?gal, mon programme stupide fr?tillait de bonheur!
D?s l'arriv?e, Albert me sortit de la voiture et me posa sur la table de
son salon. J'avais craint de voir une porcherie en l'entendant parler,
mais non, la maison ?tait coquette et bien tenue. Il trancha le carton
au cutter, coupa les liens qui maintenaient mes membres, et me fit
mettre debout. J'avais une vue plus large qu'au fond de ma bo?te, mais
ce n'?tait pas ?a le plus important. J'avais un ma?tre, enfin! Je
pouvais bouger, sourire et parler pour lui. Ce que je m'empressai de
faire...
- Oh, Albert, je peux vous appeler Albert n'est-ce pas, je suis si
heureuse d'?tre...
- Ta gueule!
Imm?diatement, je me tus en prenant l'air contrit d'une fillette
surprise en faute. Il eut l'air absolument ravi! Comme s'il venait de
faire quelque chose dont il avait toujours r?v?. Je crois bien que pour
la premi?re fois dans son existence, il venait de clouer le bec ? un
individu femelle! Il avait l'air de vivre un grand moment! Il posa sa
main sur mon ?paule et appuya. Je glissai ? genoux devant lui. Sa
braguette ?tait sous mes yeux.
- On va voir si tu trouves la biroute du vieil Albert ? ton go?t ma
grande...
Le craquement m?tallique de la fermeture ?clair lib?ra une vision de
vieux cale?on. Il baissa son pantalon et mit son p?nis frip? ? nu.
Cyrille en moi s'affolait. Je savais, depuis qu'on m'avait mis dans ce
moule, ? quel usage j'?tais destin?. Mais je ne pensais pas que le
moment fatidique viendrait si vite. J'?tais comme Madame du Barry,
tra?n?e ? l'?chafaud, suppliant pour qu'on lui laisse encore cinq
minutes... Mais la poup?e que j'?tais devenue, par contre, crevait
d'impatience qu'on lui enfile quelque chose quelque part, pour qu'elle
serve enfin!
Albert passait sa main sur son sexe qui prenait doucement de l'ampleur.
Il durcissait sous mon nez, je le voyais monter vers moi. Je l'aurais
volontiers pris en bouche, mais le r?cent reproche d'Albert poussait mon
programme ? la prudence. J'attendais.
- C'est bon Bunny, je suis pr?t ? repl?trer du gosier! Viens l?, petite
garce, vient tailler une pipe ? ton cher Albert! On va te reblanchir la
gorge! Agite-moi cette petite bouche bordel de merde ! Au travail!
Mes grands yeux innocents lev?s sur lui, j'ouvris les l?vres. Cyrille en
moi eut une naus?e mentale quand ma bouche pulpeuse toucha le gland dur
et gonfl?. C'?tait un peu humide, et il y avait des relents d'urine. Le
tuyau que j'allais engloutir avait sans doute servi il y a peu pour
vider sa vessie. Le gland entra. Il frotta le long de ma langue et
s'enfon?a vers ma glotte. La poup?e eut un r?flexe simul? de haut-le-
coeur. Comme une humaine l'aurait eu, en sentant un corps ?tranger
forcer les barri?res de sa gorge. Mais moi, je n'?tais qu'une poup?e qui
faisait semblant. Tous mes r?flexes ?taient des imitations inscrites
dans mon programme. La main rude de l'homme que j'aimais s'enfon?a dans
mes cheveux et s'accrocha pour appuyer brutalement.
- Suce-moi bien petite conne, je veux voir tes talents! Montre moi que
tu vaux tout le pognon que tu m'as co?t?!
Ma salive artificielle m?lang?e aux moiteurs de son sexe coulait dans ma
gorge. Des petits bruits de succion ?touff?es s'?chappaient de mon
visage. Son p?nis fouillait les recoins de ma bouche et moi, men?e par
la main sur ma t?te, je tendais les l?vres pour que l'axe de chair aux
mouvements d?sordonn?s ne rencontre pas mes dents. Ma jolie bouille de
poup?e n'?tait plus qu'une balle qu'il faisait rebondir autour de son
sexe tendu. Apr?s deux minutes et une seconde. Il tira sur mes cheveux
vers l'arri?re. Ma t?te recula, alors que je me tendais encore, comme
une assoiff?e r?clamant quelques gouttes de liquide.
- ?a suffit cochonne! T'es vraiment pr?te ? tout pour avoir ta dose de
foutre? Tu m'd?go?te! Fous-toi ? quatre pattes, salope, et plus vite que
?a, ?a m'?vitera de supporter ta tronche d'affam?e!
Je me tournai et tendais les fesses vers lui comme une chienne
impatiente de recevoir la saillie. Il s'empara de mes hanches et enfon?a
ses doigts dedans pour me faire mal. Je poussai un petit couinement de
douleur. La douleur, elle, n'?tait pas simul?e. Le m?lange de mon esprit
humain avec la poup?e faisait que j'?tais tout ? fait capable d'avoir
mal.
Alors que son p?nis commen?ait ? frotter ma fente, je me rappelai une
des particularit?s amusante des poup?es. Un de ces petits trucs dont
j'?tais si fier quand je l'avais mis au point: la virginit?
artificielle! Une membrane mobile capable de donner exactement la
sensation d'un hymen rompu! Et ce qui ?tait si ing?nieux, c'est que
cette membrane pouvait se remettre en place apr?s chaque rapport. Si cet
?tre admirable qui s'appr?tait ? violer mon vagin ?tait aussi pervers
que je le supposais, j'allais en conna?tre, des baises d?chir?es. Toute
ma vie de poup?e serait une premi?re fois interminablement r?p?t?e.
- Tu la veux ma grosse bite, p?tasse? Dis-le que tu la veux!
- Oh oui je la veux, je suis une p?tasse, s'il vous pla?t ravagez-moi ma
petite chatte!
- Qu'est-ce que c'est que cette impertinence? Tu te crois en train de
jouer ? dire des gros mots avec tes copines? Tu prendras ton pied
seulement si je te le dis, pas avant!
- Oui Albert, je ne dirais plus de vilains mots, c'est promis...
- Monsieur Albert!
- Oui Mons...
Avant que j'ai pu finir ma phrase, il s'enfon?a en tirant sur moi et son
membre ?cartela ma petite cavit? tendre et serr?e. Son morceau semblait
fait d'acier palpitant et il tranchait dans mon corps. Il me remplissait
au fur et ? mesure. Il arriva ? la barri?re de mon hymen et avec un
grognement de satisfaction, il for?a m?chamment. Le membre glissa en
d?fon?ant tout sur son passage. Mon int?rieur craqua, du faux sang coula
jusque sur mes cuisses et je l?chai un hurlement suraigu. Il continua ?
remonter dans mon corps. Pour son plaisir, j'?tais juste un fourreau,
l?chant des couinements d?sesp?r?s et travers? de petits spasmes
impuissants. Ses couilles tap?rent contre mon vagin crisp? par la
douleur. Il ?tait au fond. Pour la premi?re fois de ma vie, je savais ce
que ?a faisait d'?tre un r?cipient.
Il me poussa en avant et me tira brusquement en arri?re, poussa, tira,
poussa, tira, rapidement et sans m?nager sa force. Il m'agitait autour
de son p?nis, comme s'il s'astiquait l'engin avec un chiffon. C'?tait
moi le chiffon. Il s'agita comme un d?ment pendant encore trois minutes
et sept secondes. ? la fin, je n'en pouvais plus d'avoir mal autour de
son sexe. Bien que l'id?e de ressentir du plaisir avec une bite dans le
corps me r?pugn?t au plus au point, ce labourage de mes int?rieurs ?tait
pire que tout. Mais bien s?r il fallait que je demande la permission,
puisqu'il m'avait express?ment ordonn? de n'avoir du plaisir que s'il en
donnait l'ordre. Et mon programme m'obligeait ? toujours ob?ir ? ses
ordres.
- Ah monsieur Albert, ?a fait mal, est-ce que je peux aimer ?a s'il vous
pla?t?
- Tu veux jouir, hein, p?tasse? T'es en manque hein? Elle te donne des
id?es ma queue hein, salope? Dis-le!
Il me fit r?p?ter toutes ses grossi?ret?s et moi je m'ex?cutai avec un
grand sourire b?at! Il m'autorisa finalement ? appr?cier. Des
g?missements mont?rent de ma gorge, feulements longs d'abord, qui
devenaient des raclements plus rauques au fur et ? mesure que le plaisir
remplissait mon petit cerveau artificiel. Mes seins pendaient sous mon
corps et clapotaient en rythme l'un contre l'autre. Les mains d'Albert,
?crasaient ma taille dans leur ?tau, mes fesses venaient s'?craser
contre son corps sec et ses os rentraient dans mes rondeurs
molletonneuses. Et toutes ces sensations ?taient bonnes. Je basculai la
t?te sous l'affolement du plaisir et je me vis dans la grande glace de
l'armoire, juste ? c?t?. C'?tait la premi?re fois que je regardais mon
visage de poup?e avec mes yeux de poup?e. Quoi! C'?tait moi cette
imitation humaine en train de se faire pistonner l'arri?re-train par ce
gibier de maison de retraite? C'?tait moi l?-dessous, qui roulait ces
yeux fous de plaisir et avait un l?ger filet de bave aux l?vres,
incapable que j'?tais de fermer les l?vres tellement j'?tais secou?? En
m?me temps c'?tait normal, j'?tais ravag? par l'orgasme. Comme une
?lectrocut?e en train de gr?siller de partout ? la fois. J'?tais tendue,
tremblante, hurlante, les yeux retourn?s, les m?choires ?cartel?es ?
avaler l'infini. J'?tais ? la limite du bug! Albert avait raison: je
n'?tais qu'une p?tasse!
Au moment de jouir, il me repoussa et me retourna comme une cr?te pour
venir agiter son gourdin sur mon visage ravi. Ses couilles se vid?rent
en jets longs et visqueux. Il en avait lourd ? d?barrasser, malgr? son
?ge. De toute ?vidence, ?a faisait longtemps qu'il n'avait pas entretenu
cette tuyauterie-l?. Il me tartinait avec d?lectation et moi, comme une
cloche, je me faisais poisser par toute cette gluanteur ?paisse avec
l'air d'une demeur?e au paradis! En fait, plus que tout, je ressentais
l'intense satisfaction de la poup?e heureuse de servir! C'?tait...
Comment d?crire? Pour moi, c'?tait un peu comme si on avait additionn?
l'amour d'une m?re pour son enfant, celle d'une femme pour l'homme de sa
vie et celle d'un petit chien pour son ma?tre! Je ressentais les choses
avec cette intensit?-l? pour Albert, m?me si mon cerveau de Cyrille
percevait tr?s bien qu'il n'?tait qu'un vieux d?go?tant m?prisable.
Il me regarda quelques secondes, fatigu?, soulag?, et avec une ?tincelle
cruelle dans les yeux.
- Tes concepteurs ont vraiment fait du beau boulot!
S'il savait...me disais-je, la bouche pleine de sperme, largement
ouverte dans un sourire niais et admiratif.. Au fond de moi, je
bouillonnais de col?re devant le ridicule et l'ironie de ma situation.
- Bon allez, ce n'est pas tout ?a, je vais t'accompagner dans ta
chambre!
Pendant 37 secondes, je crus que j'allais avoir une vraie chambre et un
vrai lit pour moi tout seul. Que j'aurais un endroit o? je pourrais
essayer de me souvenir que j'?tais un ?tre humain au milieu de tout ce
plastique. Mais quand Albert me jeta au fond d'un placard, je compris.
Il claqua la porte. Il ne m'avait m?me pas lav?! Je sentais le sperme
qui s?chait sur moi. J'?tais une poup?e d?go?tante! Et, priv? de la
compagnie de mon ma?tre, je n'avais plus la force de faire le moindre
geste. Je restai l?, ? s?cher, dans le noir.
Il fallut longtemps avant qu'il me ressorte. Forc?ment, il n'avait plus
l'?nergie d'un adolescent! Il se montra aussi grossier et m?chant que la
premi?re fois. Ma vie se poursuivit comme ?a, entre le placard et son
lit. Il ne me nettoyait jamais, il devait aimer les odeurs et les
traces. Certains hommes sont comme ?a, ?a les excite. Dans la solitude
de mon rangement, j'attendais, sans m?me avoir le luxe de m'ennuyer. Les
poup?es ne connaissent pas l'ennui, seulement l'attente qu'on ait ?
avoir ? nouveau besoin d'elles. J'entendais des bruits dans la maison et
mon esprit de Cyrille essayait de deviner ce qui se passait au-del? de
la porte. Il y avait des gens qui entraient, des paroles qui me
parvenaient, ?touff?es, j'entendais le tintement des cl?s jet?es dans le
r?cipient de l'entr?e, des sons venant de la cuisine au moment des
repas, des bribes de t?l?vision, le soir. C'?tait mes seuls contacts
avec une vie ? peu pr?s normale. Sinon, Albert ne m'adressait la parole
que pour m'insulter. Et il ne me sortait que pour se soulager entre mes
seins ou utiliser mes trous. Tous mes trous! Le pire, c'?tait quand il
avait des envies de sodomie. Il m'?cartelait la rondelle et je hurlais
de douleur. Il aimait ?a! Moi, je me laissais faire et j'?tais m?me
reconnaissante du mal qu'il me faisait. Toujours ce fichu programme de
poup?e.
Une fois seulement il me fit sortir pour autre chose que pour le sexe.
Des amis ? lui ?taient venus, et il m'exhiba comme un troph?e aupr?s
d'eux. Comme si j'?tais la nouvelle voiture dont il venait de faire
l'acquisition. Il voulait leur montrer la petite pute soumise qu'il
avait pour lui tout seul. Les autres eurent l'air ravis et ils me
parl?rent. Pas par sympathie, seulement pour tester le produit. Et puis
on me rangea dans mon placard. Je crois bien que ce jour-l?, j'ai fait
vendre plusieurs mod?les ? mon ancienne entreprise.
Des jeux d'enfants
Apr?s 1418 heures 46 minutes et 53 secondes de cette existence,
j'entendis de grands bruits de course traverser la maison, accompagn?s
de hurlements joyeux d'enfants. C'?tait nouveau et distrayant pour moi.
Une voix de femme les gourmanda rudement et imm?diatement les ?clats des
enfants se firent plus raisonnables. Celle qu'ils appelaient "maman"
leur avait dit d'aller jouer gentiment dans la maison sans rien casser,
mais gr?ce ? la finesse de mon ou?e de machine, je pouvais dire qu'elle
n'?tait pas tr?s bien ob?ie. Ils avaient d?j? fait tomber des livres
dans la biblioth?que et avaient saut? ? pieds joints sur le lit de la
chambre d'amis. Je suivais ainsi le parcours des gamins ? travers les
pi?ces. Ils ?taient deux, un gar?on et une fille. ? entendre leur voix,
le gar?on devait avoir dans les six ans. La fille, un plus ?g?e, ne
devait pas d?passer 8 ans. Ils ?taient tapageurs. Ils passaient ? tout
instant de la querelle ? l'entente, ne cessant de se chamailler et,
l'instant d'apr?s, retrouvant toute leur complicit?. Finalement, ils
arriv?rent dans la chambre d'Albert. L? o? j'?tais rang?e. Et comme tous
les enfants du monde, ils se mirent ? explorer les armoires ? la
recherche de secrets. Finalement, la porte de mon placard s'ouvrit et
deux petites t?tes curieuses se dessin?rent dans le jour qui entrait ?
flot dans ma prison.
La petite retroussa son joli nez.
- Berk, ?a sent mauvais!
- C'est une madame! Dit le gar?onnet en appuyant l'index sur mon bras,
comme s'il craignait que je sois morte.
- Elle est tout en plastique! C'est comme ta poup?e, ajouta l'enfant.
Sa soeur agita la Barbie qu'elle tenait ? la main.
- Ben non, elle, c'est une grande et pis elle pue comme du caca et elle
a pas de v?tement.
Les deux enfants pouff?rent sous l'effet d?licieux des mots interdits
que la gamine venait de prononcer.
- Bonjour, je suis tr?s contente de faire votre connaissance!
? l'int?rieur de mon esprit de Cyrille, je b?nissais les dieux d'avoir
pens? ? int?grer un filtre comportemental adapt? ? l'?ge. Au moins, je
n'allais pas leur dire ? quel point je les trouvais s?duisants!
Le petit gar?on recula d'un bond en m'entendant parler. Sa soeur
l'enterra sous un pesant regard de m?pris.
- N'ai pas peur, pauvre pomme, c'est juste des mots enregistr?s. C'est
une fausse tu vois bien! Tu es toute seule?
- Oui, Monsieur Albert m'a mise l? parce qu'il avait des choses ? faire.
- Tu es triste? continua la petite fille qui commen?ait ? se prendre au
jeu.
- Oh non alors, je suis contente. r?pondis-je avec mon sourire immuable.
La gamine se tourna vers son fr?re.
- Elle doit avoir froid sans ses habits, viens, on va la laver dans un
bon bain chaud. et puis apr?s il faudra lui trouver des v?tements et la
rendre toute belle. On va bien s'occuper d'elle.
Je sortis de mon placard et ils me prirent chacun par une main.
Nue, la d?marche gracieuse, aussi grande que leur m?re sans doute, je me
laissais mener par ces enfants jusqu'? la salle de bain. La fillette
tourna ? fond l'eau chaude et un nuage de vapeur remplit bient?t la
pi?ce. J'allais ?tre ?bouillant?! Mon plastique ne risquait rien, mais
mes capteurs sensoriels n'allaient pas manquer de m'envoyer la piq?re de
la douleur.
- L'eau n'est pas un peu chaude ma ch?rie? tentai-je avec toute la
diplomatie dont mon programme ?tait capable.
- Non, tu verras, ?a te fera beaucoup de bien! r?pondit la petite avec
un sourire innocent. Va dans la baignoire!
L'ordre ?tait clair, je mis un pied dans cette cocotte-minute
surchauff?e. J'avais l'impression d'?tre un homard au moment du d?ner.
- Tu aimes ?a n'est-ce pas?
- Oh oui, ?norm?ment!
Mais mentalement, j'?tais en train de bondir dans tous les sens sous
l'effet de la br?lure. Je m'assis dans la baignoire et l'eau carbonisa
mes cuisses, mes fesses et surtout mon vagin si sensible. C'?tait
atroce. Je continuai ? sourire. Je me couchai finalement et mes seins
furent plong?s dans la fournaise liquide. J'avais l'impression qu'ils
allaient s'enflammer!
Les deux enfants me firent heureusement assez vite sortir de l?. Au
moins, j'?tais propre maintenant. Aucun atome de crasse n'aurait pu
r?sister ? ce d?capage tr?s haute temp?rature!
- Viens, dis la petite fille ? son fr?re, on va lui trouver des habits
dans l'ancienne chambre de maman!
Ils d?boul?rent dans la petite pi?ce coquette et commenc?rent ?
retourner le contenu des armoires. Une poup?e fait une tr?s mauvaise
garde d'enfant, parce qu'elle ne sait jamais dire non quand ils font des
b?tises. Aussi je restais l? ? les regarder, b?atement immobile. Mais
mon esprit commen?ait ? sentir la catastrophe arriver. ? un moment
donn?, les adultes allaient d?couvrir le man?ge des ch?res petites t?tes
blondes, et alors l?...
- J'ai trouv?, cria le gar?on en brandissant un soutien-gorge et une
culotte aux bordures dentel?es. Sa petite soeur lui arracha ses troph?es
des mains et elle me fit enfiler la culotte pendant qu'elle me mettait
elle-m?me le soutien-gorge. Elle faisait ?a tr?s soigneusement, comme
une petite fille qui joue avec application ? la poup?e.
- Il y a des couleurs pour la t?te aussi, s'exclama le gar?on en
renversant sur le lit le contenu d'une bo?te ? maquillage.
Chacun arm? d'un tube de rouge ? l?vres et d'une brosse ? fond de teint,
les deux gamins commenc?rent ? me "faire belle". Je n'avais aucun moyen
de voir le r?sultat mais je devinais, aux rires complices qu'ils
?changeaient que j'avais plus de chances de ressembler ? un personnage
de film d'horreur qu'? une gravure de mode! Mon sourire imperturbable
toujours viss? ? la bouche, je tournai lentement les yeux vers la porte.
Des pas montaient les escaliers!
- Qu'est-ce que c'est encore que ?a? Cria une femme d'une quarantaine
d'ann?e en ouvrant la porte ? la vol?e.
Les deux petits s'arr?t?rent et prirent un air circonspect.
- Qu'est ce que vous avez encore fabriqu? vous deux, on ne peut pas...
La femme s'arr?ta net en d?couvrant avec quoi ses deux bambins ?taient
en train de s'amuser. Sa voix se fit basse et glaciale.
- O? est-ce que vous avez trouv? ?a?
Pour le coup, les deux enfants eurent l'air vraiment inquiets. Ils
montr?rent ? leur maman le placard dans la chambre d'Albert. Le visage
sinistre, la femme revint vers moi d'un pas d?cid?. J'essayai de me
lever mais elle ne m'en laissa pas le temps. Elle s'empara de mon
poignet et, en me tra?nant derri?re elle ? la fa?on d'un paquet, elle
d?vala furieusement les escaliers. Mon corps rebondissait sur chaque
marche et j'?tais mentalement en train de me recroqueviller dans la
crainte de ce qu'on allait me faire. Mais je souriais toujours. La femme
me jeta au pied d'Albert, dont le visage blanchit.
- Raconte-moi papa, raconte-moi s'il te pla?t, comment je dois expliquer
? mes enfants la pr?sence de ce... de cette chose... De cet objet
d?gueulasse dans ta chambre! Quand je pense qu'ils ont jou? avec! Mais
tu n'as rien dans la t?te ou quoi! Tu veux... Tu veux quoi? Qu'ils
soient traumatis?s ? vie? Qu'ils deviennent des sortes d'obs?d?s sexuels
comme toi, c'est ?a?
Le ton de la femme montait. Sa fureur prenait de l'ampleur. Elle
marchait de long en large devant Albert qui baissait la t?te. Les
vieilles histoires commenc?rent ? ressortir, Elle lui jeta toutes ses
rancunes ? la figure, ses absences parce qu'il travaillait beaucoup, ses
silences le soir quand il ?tait fatigu?, et qu'il restait dans son
fauteuil sans prendre garde ? sa famille autour de lui, son ?go?sme, ses
mani?res, le divorce avec sa m?re... Elle passa aux cris, puis aux
hurlements et plus ?a allait, plus j'avais l'impression d'assister ? une
sc?ne de m?nage. La fille d'Albert prenait des airs d'?pouse acari?tre
en train d'accabler un mari d?sob?issant. Comme si elle ne faisait que
r?p?ter ? l'identique tous les reproches que sa m?re avait pu avoir.
Quand elle en eut assez d'?taler ses rancoeurs, elle alla chercher ?
l'?tage ses deux enfants, qui n'avaient pas os? descendre assister ?
l'ouragan. Et elle revint se planter devant Albert, sa prog?niture
accroch?e aux bras.
- Je te laisse avec ta... ta ch?rie, dit-elle en me poussant du pied
vers son p?re, qui n'avait pas relev? le regard, ni dit un mot de toute
l'altercation. Elle s'en alla sans un mot de plus et j'entendis sa
voiture rouler dans l'all?e.
Albert tourna finalement les yeux vers moi, rest?e par terre. Mon
programme ne savait pas vraiment g?rer ce qui venait de se passer alors,
par d?faut, je souriais. Son corps rassembl?, tendu de col?re bougea un
peu dans ma direction. Il recula le pied et je l'imaginais d?j? en train
de shooter de toutes ses forces dans ma t?te. Mais c'?tait pour se
baisser. Il m'attrapa par les cheveux et me souleva sans peine. Il me
regarda droit dans les yeux.
- Saloperie va! Maintenant, ma fille me prend pour un pervers ? cause de
toi! Poup?e de merde!
Son autre main s'accrocha ? ma chatte et il me porta comme ?a, une main
? chaque extr?mit?. Il me monta au grenier, ouvrit une veille valise, me
jeta dedans, plia mes membres pour que je tienne ? l'int?rieur et laissa
retomber le couvercle. L'endroit ?tait noir, exigu et sentait le vieux
tissu pourrissant. J'entendis le claquement des fermoirs que l'on
bloque, et puis un raclement sourd au-dessus de ma t?te: Albert venait
de poser quelque chose de lourd sur ma prison. Ses pas s'?loign?rent en
faisant r?sonner le plancher. Il ferma la porte et un silence de tombe
m'entoura. Albert m'avait enterr? vivant! J'?tais un objet qui ne sert
plus. J'avais ?t? remis? pour ne pas encombrer.
Les heures pass?rent, puis d'autres heures s'ajout?rent aux heures,
interminablement. Rien ne changeait jamais. Sauf la temp?rature. Je
passais ainsi des milliers d'heures ? suffoquer dans une chaleur
insupportable, lorsque le plein ?t? transformait le grenier en ?tuve. Et
d'autres milliers d'heures dans un froid atroce, glac?e des pieds ? la
t?te, lorsque l'hiver s'emparait des lieux. Dans ce temps immobile qui
m'avait englouti, mon esprit de Cyrille serait sans doute tomb? fou si
mon programme ne m'avait pas maintenu dans un ?tat d'attente permanente.
J'?tais toujours habit? par l'espoir absurde que l'on allait ? nouveau
avoir besoin de moi!
Apr?s 105120 heures et 16 minutes d'enfermement, j'entendis la porte du
grenier grincer. Quelqu'un venait d'entrer. Des gestes vigoureux
d?barrass?rent les objets qui avaient ?t? plac?s sur ma prison et le
couvercle de la valise fut soulev?e...
De l'ombre ? la foule
Le visage d'un jeune homme apparut. Il se mit ? sourire en me regardant.
- H?, Marjorie, viens voir ce que j'ai retrouv?! Ce truc en plastique
qui faisait triper grand-p?re! Tu te rappelles le foin que maman avait
fait en d?couvrant ?a? Bon sang, regarde, elle est compl?tement
barbouill?e de maquillage, c'est quoi cette horreur?
Une jeune femme s'approcha et me regarda avec d?dain.
- C'est nous qui l'avons d?guis?e comme ?a, tu ne te rappelles pas,
pauvre pomme?
Les deux bambins ?taient devenus des adultes. La jeune femme portait un
tailleur tr?s "executive woman". Elle avait un emploi d?j?,
certainement. Elle ressemblait beaucoup ? sa m?re. Quant au gar?on, il
?tait sans doute ?tudiant. Ses cheveux fris?s n'avaient pas rencontr? de
coiffeur depuis tr?s longtemps et il portait un vieux pull de laine sur
un jean informe. Il avait l'air gentil, je l'aimais d?j?. Du moins, mon
programme l'aimait d?j?. Si sa soeur au visage glacial m'avait trouv? la
premi?re, c'est vers elle que mon amour de poup?e aurait ?t?. Mais la
soeur, visiblement, n'en avait rien ? faire d'explorer les vieux tr?sors
du grenier d'Albert. Elle semblait press?e de quitter cet endroit.
- Tu crois qu'elle fonctionne toujours? demanda le jeune homme ? sa
soeur.
- Oh, oui, je suis toujours ? votre disposition Monsieur. Vous servir
est pour moi un tel plaisir!
- Wouhao! dit le jeune homme en plissant les yeux. C'est toujours
flippant quand elle parle, on dirait une vraie!
- C'est fait pour, c'est pour que les d?biles dans ton genre croient
qu'ils sont s?duisants, dit nonchalamment la jeune femme en reprenant
les escaliers.
- Et comment tu t'appelles ma jolie? me demanda le jeune homme en
ignorant ostensiblement la pique envoy?e par sa soeur.
- Je... mon programme ?tait un peu perdu entre Lola et Bunny. Je ne sais
pas, Monsieur, Albert m'appelait Bunny, mais au magasin j'?tais Lola...
Cela vous convient-il?
- Albert, ma pauvre, il est en train de visiter le paradis des petites
lapines ? l'heure qu'il est. Lola... Non, ?a manque de jus comme pr?nom.
Tiens, bien vu, je vais t'appeler Cream! ?a, ?a en jette... h?, h?, h?!
- Oh merci Monsieur, quel merveilleux pr?nom!
Encore un pr?nom ? la con, se d?solait dans le m?me temps mon esprit de
Cyrille.
- Arr?tes donc avec tes "Monsieur", ?a me donne l'impression d'?tre mon
grand-p?re. Je m'appelle Nic. Allez, viens avec moi petite chose, on va
te d?barbouiller cette frimousse.
Il me passa un gant de toilette savonn? sur la figure pour en retirer
les r?sidus de maquillage. Le go?t aigre du savon entrait dans ma bouche
et noyait mes papilles, mais au moins, j'?tais de nouveau propre.
- Et te voil? belle comme ? ta sortie d'usine! Une vraie princesse en
plastique! dit Nic apr?s m'avoir essuy?. Bon, et maintenant, qu'est-ce
que tu dirais d'essayer le mat?riel, juste histoire de v?rifier si tout
est en ?tat de marche?
Il s'approcha doucement de moi. Sa main atteignit ma poitrine avant que
ses l?vres ne touchent ma bouche.
- Oooh Nic! dis-je d'une voix roucoulante, en posant sur lui le regard
?namour? d'une fan qui vient d'?tre remarqu?e par son idole.
Il me baisa par terre, d?foulant sur moi son trop-plein d'?nergie. Mais
au moins, il ne m'insultait pas comme Albert. Et quand il s'emparait de
mon corps artificiel, j'avais presque l'impression d'?tre une vraie
femme entre les bras d'un homme. C'?tait mieux que rien.
373 heures 19 minutes plus tard, je d?chantais.
Il arrivait, ?tudiant de premi?re ann?e, sur le campus de son
universit?. J'?tais dans ses bagages. Mais, histoire de se donner un
genre, il me portait sous son bras. ? poil. Un peu comme si j'?tais une
planche de surf. Les ?tudiants et les ?tudiantes se retournaient sur son
passage, surpris, puis hilares. Et lui, fier d'avoir attir? l'attention
avec cette excentricit?, gardait un demi-sourire accroch? au visage et
faisait celui qui ne remarquait rien. Le r?glement de l'universit?
devait avoir omis de pr?ciser des obligations de d?cence en ce qui
concernait les poup?es comme moi.
- Allez Cream, dit-il en me l?chant par terre sans pr?caution, une fois
arriv? dans sa chambre. Tu vas me ranger tout ce bordel!
Toutes ses valises encombraient le sol autour de son lit. Il sortit sans
m?me baisser les yeux sur moi. Je me relevai et, toujours aussi nue,
visible par tout le monde depuis la porte de la chambre laiss?e ouverte,
je me mis ? extraire de ses bagages ses v?tements froiss?s pour les
ranger soigneusement dans l'armoire. J'?tais pass? du rang de "souffre-
douleur sexuel" d'Albert ? celui de "bonniche ? bonne baise" de Nic.
Deux nuits plus tard, alors que je restais pos?e sur un pouf dans la
chambre, regardant avec amour Nic dormir dans le lit, la porte de la
chambre claqua ? toute vol?e et une meute d'?nergum?nes aux visages
couverts de peintures de guerre trac?es au rouge ? l?vres s'engouffra
dans la pi?ce. Ils jet?rent Nic au bas de son lit. Agitant les bras
comme une b?casse, je l?chai un grand hurlement de peur, un d?cha?nement
de d?cibels suraigu?s, comme en poussent les donzelles l?g?rement v?tues
dans les films d'horreur, juste avant de se faire transformer en viande
hach?e par le m?chant du film. Un des intrus m'envoya une magistrale
gifle pour me faire taire. Cela fonctionna tr?s bien.
- Nicolas! Dis un des envahisseurs avec une voix terrible. La glorieuse
autorit? de la confr?rie des bambocheurs a rendu sa d?cision! Cette nuit
sera la nuit la plus importante de ta vie, cette nuit, tu devras subir
l'?preuve!
Tous les autres pouss?rent un long mugissement dramatique en guise de
r?ponse. Et mon programme affol? eut encore envie d'en pousser une
petite. Mais heureusement, la large main du gars post? ? c?t? de moi
l'en dissuada. J'avais oubli? d'int?grer dans cette poup?e la moindre
notion de deuxi?me degr?. Elle prenait tout au pied de la lettre cette
idiote! Elle n'arrivait pas ? comprendre que tout ?a n'?tait qu'une
pitoyable s?ance de bizutage entre potaches.
- Si tu survis, Nicolas, repris l'autre en roulant de gros yeux, et
seulement si tu survis, tu seras digne d'int?grer la prestigieuse et
redout?e confr?rie des bambocheurs!
Et puis il cria ? l'adresse de ses compagnons: emmenez le condamn?!
Ces abrutis tra?n?rent un Nicolas hilare ? travers les couloirs de la
r?sidence, par les pieds. Il glissait bien sur le sol de lino. D'autres
chambres avaient eu leurs portes fracass?es et un peu partout on sortait
des types de leur lit. Moi, je suivais ? petits pas, avec mon programme
compl?tement d?pass?. D'un c?t? il voyait l'expression ravie de Nicolas,
de l'autre, il consid?rait les paroles terribles du ma?tre de c?r?monie.
Et pour couronner le tout, j'?tais cern?e d'humains. Il ne faut pas
oublier qu'une poup?e ob?it ? n'importe quelle personne ? proximit?. Son
attention ne se fixe sur son propri?taire que parce que c'est lui qui
donne les ordres. Et l?, il y avait des foules de gens ? qui j'aurais pu
ob?ir, mais aucun ne s'occupait de moi. J'?tais perdue.
Ils tra?n?rent Nic et les autres dans une petite pi?ce, dans les
soupentes. Des grands bidons de peinture bleue ?taient ? leurs pieds.
Ils s'en empar?rent et dans de grands cris, ils les jet?rent sur les
bizuts ?berlu?s, qui se transform?rent instantan?ment en schtroumpfs
g?ants pataugeant dans la couleur. Les pauvres grognaient en s'essuyant
les yeux. L'un d'eux, plus fac?tieux que les autres, essaya de forcer le
passage des anciens. Une empoignade s'ensuivit, les uns bloquant la
porte, les autres jouant des ?paules pour faire sauter le barrage.
Mon programme retrouva enfin une occasion d'avoir franchement peur et je
me remis ? jouer de mes cordes vocales synth?tiques.
Bref... le type ? c?t? de moi trouva ? nouveau le moyen de me faire
taire. Le m?me que la premi?re fois. Il avait vraiment une main tr?s
large. J'avais l'impression que ma t?te allait tomber par terre, mais il
faut reconna?tre une chose au proc?d?, il ?tait parfaitement compris de
mon programme. Je put rester bouche cousue un certain temps. Si
seulement au lieu de taper comme un sourd il se d?cidait ? m'ordonner de
la fermer, ?a aurait ?t? tout de m?me moins douloureux.
Les bizuts furent finalement submerg?s sous le nombre et leurs
"bourreaux" les tra?n?rent ? nouveau dans les couloirs. Ils rejoignirent
un groupe de jeunes amazones aux regards sauvages, en treillis rose
bonbons, des plumes d'indiens accroch?s dans les cheveux, qui
encadraient quelques filles presque nues frissonnante et d?goulinante
des pieds ? la t?te de peinture... jaune.
Le long du mur, il y avait une ligne d'armoires ouvertes. "Formez les
couples" cri?rent en coeur les guerri?res roses et les bambocheurs
tartin?s de rouge ? l?vres. Aussit?t ils s'empar?rent des filles en
jaune d'un c?t? et des gar?ons en bleu de l'autre et les jet?rent par
deux dans les armoires, en veillant bien que chacune contienne un
repr?sentant de chaque couleur. Les portes furent referm?es sur les
tourtereaux improvis?s et quelqu'un l?cha ce cri "et vous ne sortirez
que quand vous serez tous verts!"
L'assembl?e ?clata de rire. On se mit alors ? entendre des bruits en
provenance des armoires. Des frottements et des agitations. Dans l'une
d'elle, on entendait m?me d?j? des g?missements. Et dans une autre,
c'?tait carr?ment des couinements ?vanescents qui accompagnaient les
coups frapp?s en rythme contre la porte. Quand les diverses
manifestations sonores se furent calm?es, on lib?ra les prisonniers qui
avaient, il faut le reconna?tre, pris leur mission assez ? coeur. ?
force de se frotter, le jaune et le bleu avaient ?t? bien m?lang?s et
les participants, comme les participantes, ?taient presques tous d'un
vert uniforme. Certaines filles prenaient la peine de jouer les prudes
en baissant les yeux. Mais les gar?ons regardaient bien tout le monde en
face, et leurs sourires ?clataient de satisfaction.
- Bienvenue dans la confr?rie des Bambocheurs bandes d'ahuris, dit le
ma?tre de c?r?monie en levant les bras au ciel.
Nic quitta les bras de la grande rousse qu'il venait d'honorer de son
attention et se mit debout. il ?tendit les bras pour imposer le silence.
- Chers membres bambocheurs! Cria-t-il. Pour f?ter mon admission ? cette
prestigieuse et redout?e confr?rie, je veux faire un geste! J'offre...
J'offre ? chacun de vous, ? vous mes amis, ? vous mes fr?res, ma
d?licieuse poup?e ? fourrer, la petite Cream ici pr?sente! Profitez-en
tant que vous voulez bande de puceaux, giclez tout ce que vous avez,
c'est gratuit!
Une ovation accueillit ces propos. Et je souriais comme une imb?cile,
devant la joie de tous ces jeunes gens! Les types aux physiques les plus
ingrats du groupe s'empress?rent de me sauter dessus et me port?rent
jusqu'? la buanderie, d?serte bien entendu ? cette heure-ci.
Le d?fil? des p?nis commen?a. Alors que la f?te battait son plein dans
le b?timent, des types, de plus ne plus ivres au fur et ? mesure que la
soir?e avan?ait, arrivaient et s'effondraient sur moi. Ils trituraient
mon corps avec leurs mains avides et s'essoraient le membre dans leur
cavit? favorite. Et puis il me laissait comme si j'avais ?t? un tas de
linge sale et, quelques minutes apr?s, un autre arrivait. Certains
m'ordonnaient de me nettoyer avant d'enfoncer leur gourdin dans ma
douceur. Mais aucun ne prenait cette peine en partant. Ils s'en
fichaient de me laisser toute sale.
J'avais l'impression d'?tre une pute au rabais et mon programme adorait
?a. Je jouissais comme une poup?e d?cha?n?e ? chaque b?ton de m?le qui
venait s'entretenir le va et vient au fond de mes trous. Je donnais le
meilleur de moi-m?me en g?missement, cris ?perdus, rire nerveux,
couinements essouffl?s, hurlements d?complex?s ? faire trembler les
vitres. Mes baisers ?taient profonds et gourmands, mes mains
distribuaient les plus expertes et les plus douces des caresses,
j'agitais mes rondeurs femelles avec passion, je serrais mes orifices
pour tirer le maximum du plaisir masculin. J'?tais une vraie machine ?
sexe et les gar?ons adoraient!
J'avais l'impression d'?tre une pute au rabais et ?a consumait mon
esprit de Cyrille dans la honte! Chaque ?jaculation qui frappait mon
corps ?tait comme une gifle. Le plaisir qui m'envahissait me donnait
envie de vomir. J'?tais ?coeur? par l'all?gresse qui s'emparait de moi
chaque fois que des couilles venaient s'en prendre ? mon plastique.
J'aurais voulu mourir tellement j'?tais humili? par tout ce bonheur sale
qui me remplissait! J'avais support? Albert le vieux sadique, j'avais
support? la solitude dans ma petite valise, et puis Nic, ce grand
?go?ste sympathique. Chaque fois, j'avais re?u les avanies les unes
apr?s les autres. Mais l?, elles me tombaient dessus sans r?pit, toutes
ensembles, au rythme des chirbes qui se succ?daient.
Je croyais avoir touch? le fond lorsqu'un type encore plus d?fait que
les autres entra en vacillant. Il s'approcha de moi les yeux mi-clos,
une bouteille de bi?re ? la main, avec l'air tr?s concentr?, comme si il
essayait de viser pour atteindre l'endroit o? je me trouvais. Il parvint
finalement jusqu'? moi et d?balla sa viande sous mon nez. J'entendis
sortir de sa bouche, qui pendait mollement sous l'effet de l'ivresse:
- Hurrsrrruce gorss sralope!
Je lui fis un petit clin d'oeil coquin, j'ouvris grand la bouche et, mon
regard admiratif lev? vers ses yeux endormis par la boisson, je
m'approchai pour avaler. Il d?gueula ? ce moment-l?, sans pr?venir,
droit au-dessous de lui! Je r?cup?rai la moiti? du vomi dans mes cheveux
et sur mon visage, l'autre moiti? entra directement par ma bouche
ouverte, jusqu'au fond de ma gorge! J'aurais voulu m'?carter, cracher,
mais cette cruche de poup?e trouvait ?a excellent. Elle ?tait toujours
si contente qu'on s'occupe d'elle. La gueule tartin?e au d?gueulis, elle
restait l?, ? d?glutir pour tout avaler!
Quand je pense qu'une des raisons qui m'avait pouss? ? mettre au point
les Lola, c'?tait le souvenir de ces f?tes ?tudiantes ou je n'avais
jamais ?t? invit?, lorsque j'?tais moi-m?me ? l'universit?. Le souvenir
de toutes ces beuveries que j'avais manqu?, celles o? les filles
compl?tement ivres se laissaient enfin faire, celles ou leurs chattes
ferm?es s'offraient si facilement aux gar?ons!
Franchement, m?me dans mes pires cauchemars, je n'aurais jamais imagin?
que ces poup?es allaient un jour me faire d?couvrir ces f?tes sous cet
angle!
Le d?fouloir de la jeunesse
L'automne passa. Ma vie dans la r?sidence ?tudiante devenait routini?re.
Je ne sortais jamais, je ne voyais le ciel qu'? travers les fen?tres. Il
y avait deux autres poup?es dans le b?timent, poss?d?es par d'autres
?tudiants. L'une ?tait une brune grande et fine, ? la broussailleuse
chevelure et au regard hautain. Quand son propri?taire l'emmenait
quelque part, elle marchait derri?re lui, la t?te haute et la d?marche
aristocratique, ? poil comme moi. Le reste du temps, elle restait
enferm?e dans la chambre de son ma?tre. Il y avait aussi une fille plus
petite, plus ronde, avec de gigantesques loloches qui tombaient devant
elle et qui rebondissaient en permanence. Elle avait un adorable visage
de lyc?enne asiatique, une ?norme tignasse rouge qui jaillissait en
d?sordre et elle passait son temps ? faire des sourires espi?gles et des
clins d'oeil. Elle non plus ne sortait pas beaucoup. On l'entendait
parfois crier tard dans la nuit, quand son propri?taire avait le temps
de lui faire passer un sale quart d'heure, et les voisins du gars se
mettaient ? taper sur sa porte pour avoir la paix.
En regardant ces poup?es, l'ing?nieur qui ?tait en moi ne pouvait pas
s'emp?cher d'admirer les progr?s accomplis dans la diversit? des
mod?les, depuis la mise en service des premi?res Lola. Et mon esprit
d'homme savait que ce n'?tait pas bon signe. J'allais vite devenir
obsol?te ? ce rythme-l?. Et quand cela arriverait, on allait me mettre
au rebus, pour de bon cette fois.
Mais dans l'imm?diat, je n'avais pas trop ? m'en faire de ce c?t?-l?. Je
risquais plut?t la surchauffe. J'?tais l'essoreuse de burnes officielle
de la confr?rie des bambocheurs. Je passais la moiti? de mon temps ? me
faire rincer au sperme un ou plusieurs de mes trous ? la fois, et
l'autre moiti? ? faire des corv?es pour les uns ou les autres. Souvent,
des types ne faisant pas partie de la confr?rie voulaient se soulager le
trop-plein et ils mettaient un billet de cinq dans la caisse commune des
bambocheurs, afin de pouvoir s'isoler un petit moment avec moi. Bien
s?r, c'?tait les gar?ons les plus nuls, les boutonneux, les timides, les
gras de la panse, les puants du goulot, les mal fichus, qui avaient
recours ? mes services. Mon programme tombant amoureux de tout le monde,
elle les accueillait comme des adonis. Mais mon esprit de Cyrille
n'avait pas cette largeur d'esprit malheureusement... J'avais pass? ma
vie sans me poser de questions sur ma sexualit?. J'?tais un type h?t?ro
sans complexe. Mais depuis que j'?tais l?, je regrettais ? chaque
seconde de ne pas ?tre n? homo. Au moins, ?a m'aurait sembl? plus
naturel d'avoir des p?nis qui me remplissent, des corps de gar?ons
contre moi, du sperme qui coule ? l'int?rieur.
Apr?s 1892 heures 53 minutes et 34 secondes dans ce b?timent, une
nouvelle direction fut nomm?e et une femme prit la t?te de l'universit?.
Elle s'empressa d'?mettre un nouveau r?glement, obligeant les
propri?taires des poup?es ? ne plus les exhiber nue. La facult? ?tait
lib?rale sur le plan des m?urs, disait cette dame, mais pas au point de
transformer le campus en lupanar ? ciel ouvert. Les bambocheurs,
n'aimant pas se laisser dicter leur conduite, d?cid?rent de tourner le
r?glement en ridicule. Ils m'affubl?rent d'un sac poubelle perc? de deux
trous pour les bras et d'un grand trou pour la t?te. C'?tait bien trop
court pour tout cacher. Quand je marchais, je devais tenir cette robe
ridicule des deux mains, sinon elle glissait en remontant sur mes
fesses. Et quand je me baissais un tant soit peu, aucune acrobatie au
monde ne pouvait emp?cher la marchandise de se retrouver au grand jour.
En plus, les bambocheurs avaient couvert le sac de larges mots trac?s ?
la peinture blanche: "bo?te ? tringlette", "sac ? sperme", "bambocheurs
only", "j'aime ?tre une pute", "j'emmerde la rectrice" le tout
accompagn? d'une grosse bite verticale traversant mes seins et jetant
dans la direction de mon visage des gouttes de sperme en peinture. Avec
mon grand sourire de poup?e na?ve et heureuse par dessus tout ?a, ?a me
donnait un genre!
Bien entendu, 168 heures apr?s le premier r?glement, un second vint
combler ses lacunes. Et cette fois-ci, les bambocheurs furent bien
oblig?s de me donner de vrais v?tements, sous peine de me voir
confisqu?e. Heureusement, ils tenaient plus ? moi qu'? leur fiert?. Plus
exactement, ils tenaient plus ? mon corps, qu'ils remplissaient de leurs
sexes quand ?a leur chantait. Alors ils m'habill?rent et; pendant
quelques instants, je m'imaginais d?j? pouvoir me d?placer dans les
couloirs avec l'apparence d'un ?tre humain.
Mais les bambocheurs avaient de la ressource dans l'indiscipline. Ils me
firent passer une combinaison qui me moulait ?troitement, des chevilles
jusqu'au cou et aux poignets. Mon corps ne pouvait pas ?tre plus couvert
que ?a, le r?glement ?tait respect?. Mais la combinaison ?tait couleur
chair et ils avaient coll? deux faux t?tons, sur de larges ar?oles
minutieusement reproduites au niveau des seins. Ensuite ils avaient
ajout? une grosse touffe hirsute qui d?bordait de mon entrecuisse. Avec
?a, non seulement j'avais l'air toute nue, mais en plus j'avais l'air
tr?s con! Sans compter que le tissu me grattait, et que je mourrais de
chaud l?-dessous. Heureusement pour moi, la rectrice jugea plus prudent
de s'arr?ter l? dans ses efforts r?glementaires, et je n'eus pas ?
supporter une nouvelle trouvaille, encore pire je n'en doutais pas, de
la part de mes si inventifs propri?taires.
No?l arriva. La plupart des ?tudiants retourn?rent dans leurs familles,
mais quelques irr?ductibles rest?rent pour tenir le fort. Les
bambocheurs avaient perdu plus de la moiti? de leur effectif, mais ceux
qui demeuraient ?taient bien d?cid? ? en profiter pour faire des f?tes
deux fois plus m?morables. Si mon programme avait eu un fifrelin de bons
sens, il aurait ?t? cacher mon anatomie de plastique dans un endroit
tranquille, et il aurait attendu que le danger passe. Parce qu'une Lola,
pendant une grande nouba d?cha?n?e, c'est un peu comme une dinde le jour
de Thanksgiving, ou une cr?pe ? la chandeleur: elle sait qu'elle n'y
coupera pas! Elle va servir de d?fouloir pour toutes les mauvaises
blagues qui passeront par la t?te des joyeux drilles. Et les bambocheurs
?taient de tr?s joyeux drilles. Aussi, la veille de No?l, ils me firent
descendre dans la salle commune. J'?tais d?barrass?e de ma combinaison
pour l'occasion, les circonstances de la fin d'ann?e les autorisant ?
cette entorse au r?glement. Mon programme de poup?e jubilait, mais mon
esprit de Cyrille, lui, craignait le pire!
Ils me mirent sur la t?te un tr?s jolie bonnet rouge de p?re no?l,
coll?rent une barbe blanche postiche sur mon visage, m'enfonc?rent trois
ou quatre gros sucres d'orge dans la chatte, du mod?le long et recourb?,
accroch?rent deux boules ? mes t?tons et me recouvrirent de cheveux
d'anges. Puis ils m'enroul?rent dans une grande guirlande lumineuse,
coinc?rent une des grosses ampoules dans ma bouche, m'en firent tenir
d'autres dans mes mains ouvertes, et ils me branch?rent le tout dans le
cul! Du temps o? j'?tais Cyrille, j'avais tenu ? installer sur les Lola
une petite batterie de d?pannage, pour recharger un t?l?phone en cas
d'urgence par exemple. Et je me rappelle pr?cis?ment de mon sourire au
moment o? j'avais d?cid? de l'endroit id?al pour installer la prise.
Je me mis ? clignoter de toutes mes lampes. Et ils entonn?rent tous "mon
beau sapin" rassembl?s autour de moi! Et ?a, ce n'?tait que le d?but de
la soir?e...
Les heures pass?rent et moi je restais parfaitement immobile, comme ils
me l'avaient ordonn?, toujours ? lancer mes lumi?res intermittentes,
toujours ? sourire de toute la force de ma cr?tinerie satisfaite. Il
faisait de plus en plus chaud dans la petite pi?ce. Je sentais les
morceaux de sucre fondre lentement dans ma profondeur douillette.
C'?tait gluant et d?sagr?able, ?a me poissait les cuisses, et les
gouttes qui glissaient lentement sur ma peau me chatouillaient
atrocement.
Pour essayer de penser ? autre chose, je suivais des yeux les f?tards
dans leur beuverie. C'?tait le principe des vases communicants. Les
bouteilles d'alcool se vidaient et, au fur et ? mesure, les convives
?taient de plus en plus pleins. Et au final, tout le monde finissait par
rouler par terre. Un des plus valides se r?solut quand m?me ? a?rer un
peu en ouvrant une fen?tre. La temp?rature baissa rapidement. Mais ?a ne
les d?rangeait pas, ils avaient d?j? aval? tous les vaccins disponibles
contre le froid.
Arriva le moment o? l'un d'eux se mit en t?te de jouer avec moi. Il
n'?tait pas encore vraiment ivre, il parvenait encore ? avancer ? quatre
pattes. Je ne sais pas ce qu'il avait l'intention de faire, mais ? un
moment il tendit la main pour s'accrocher ? mon corps. Je raidis tous
mes petits muscles de poup?e pour supporter sa traction, me pr?parant
mentalement ? la chute qui n'allait pas manquer. Mais le type n'arriva ?
mettre la main que sur les sucres d'orge. Il se pendit ? ?a de tout son
poids, pour essayer de se relever. Et ce fut comme si la terre enti?re
avait voulu arracher mon vagin! Les sucres s'?taient resolidifi?s avec
le froid, et ils s'?taient incrust?s dans mes parois intimes! Je
hurlais de douleur dans ma t?te. Mais mon cri resta silencieux, la
poup?e ayant re?u l'ordre de ne pas bouger et de se taire. Je gardais le
m?me sourire fig? et impassible, tout en m'effondrant par terre sous la
traction de cette brute.
Il eut l'air un peu surpris de me voir arriver au m?me niveau que lui.
Il sortit alors de sa poche un gros marqueur noir et il commen?a ? faire
du coloriage sur moi. Il ?crivait des choses, il faisait des dessins, il
s'amusait bien avec moi. ? tout prendre, j'aurais pr?f?r? une bonne
sodomie bien douloureuse, parce que je pensais ? ce qui allait arriver,
une fois que cette encre aurait s?ch? sur mon plastique.
La nuit passa. Ils ne se r?veill?rent qu'en milieu de matin?e et
partirent l'un apr?s l'autre pour cuver dans des lieux plus
confortables. Vers la fin d'apr?s-midi, je les vis revenir pour nettoyer
les d?g?ts de la f?te.
- Mais elle est compl?tement foutue cette poup?e!
Le virtuose du stylo de la veille m'avait trouv? par terre, la chatte
remplie de sucre fig? et le corps couvert de marque au feutre.
- Non mais, quel est l'abruti qui a fait ?a? Demanda-t-il indign?.
L'abruti, bien entendu, c'?tait lui, je le reconnaissais parfaitement
malgr? les heures de sommeil et la bonne douche qui lui avait presque
rendu figure humaine entre-temps. Mais l'alcool lui avait fait tout
oublier. Heureusement, mon programme de poup?e jugea inopportun de lui
rappeler ses exploits. Les poup?es ?vitent de faire des reproches ? leur
propri?taire.
- Bon, qu'est-ce qu'on fait? On la jette o? on tente la r?cup?ration?
Nic s'approcha et m'examina soigneusement.
- Tu peux y aller, il suffit de frotter. C'est solide comme mati?re,
t'inqui?te!
- Ok, quelqu'un a une brosse m?tallique?
J'allais vraiment, vraiment passer un tr?s mauvais lendemain de cuite...
Il alla ? la buanderie et je le suivais, avec mon esprit de Cyrille
travers? par les sentiments d'une future ?corch?e vive. J'?tais en
dessous de la r?alit?. Il mouilla la brosse et ravagea mes chairs avec
application, centim?tre apr?s centim?tre. Il frottait soigneusement, il
voulait que je sois rutilante. Mon plastique supportait sans probl?me
l'agression m?tallique, mais mes capteurs m'envoyaient des roulements
insupportables de douleur. C'est comme si ma peau soyeuse ?tait pass?e
dans une r?pe ? fromage!
Il y avait du feutre absolument partout! Il nettoya toutes les
inscriptions sur mon visage et c'?tait comme si on m'arrachait les
joues. Il prit mes nichons, l'un apr?s l'autre. Il ?crasait le t?ton
entre ses doigts et soulevait, pour que la masse mobile de mon sein
reste maintenue pendant qu'il donnait de vigoureux coups de brosse
dessus. Je voyais ma chair molle s'agiter et rougir sous les assauts des
poils rigides, et c'?tait comme si ? chaque fois une multitude de
griffes me labourait et me d?chirait. Il termina avec mon clitoris,
autour duquel il avait dessin? une jolie cible. Je crus tomber fou de
douleur. Ses gestes ?taient amples et bien appuy?s et la brosse dure
raclait cruellement la partie la plus sensible de mon artificielle
petite personne, p?n?trant de toute la force de sa rigidit? dans mes
replis les plus tendres. C'?tait atroce!
Et pendant qu'il s'?chinait ainsi sur moi, il ne cessait de r?p?ter:
- Quel est le con qui a fait ?a! Si je tenais ce connard, je lui dirais
ma fa?on de penser! On n'a pas id?e d'ab?mer les choses comme ?a!
J'?tais bien d'accord avec lui! Je croyais avoir tout connu en mati?re
de douleur, mais il y avait encore le sucre d'orge qui avait fondu dans
mon vagin.
La brosse ne pouvait pas entrer, il essaya avec les ongles, il tira,
poussa, tourna, de toutes ses forces! Et ?a restait accroch?! Il alla
chercher du mat?riel plus lourd...
Il revint avec tout l'?quipement. Un burin, un maillet et m?me des
lunettes de protection en plastique. J'avais l'impression d'?tre un
chantier en terrassement! Il commen?a ? coincer le burin dans la masse
du sucre froid et tapa dessus comme un sourd avec le maillet! J'en avais
d?j? connu, des queues, des bites, des sexes d'hommes bien durs dans mon
corps. Contrairement aux vraies femmes, les Lola ont des capteurs
sensoriels qui remontent dans la profondeur de leur vagin. Je pouvais
d?crire en d?tail chaque millim?tre carr? des rigidit?s de chairs
palpitantes qui m'?taient entr?es ? l'int?rieur. Certains voulaient que
?a se fasse ? la dure, ils me voulaient s?che et bien serr?e autour
d'eux, ils voulaient que je crie et que j'ai mal. Et en bonne poup?e, je
criais et j'avais tr?s mal. Mais rien n'?tait comparable ? ?a.
J'?tais compl?tement fix?e ? ce sucre, mon plastique ?tait solidaire de
cette masse entr?e en moi. Quand le gar?on frappait dessus, c'est
l'ensemble de mon corps qui recevait le coup. Cela me donnait
l'impression d'?tre d?chir?e dans chaque recoin de mon orifice si
d?licat. Comme si on m'avait arrach? ? chaque fois des touffes de
cheveux par l'int?rieur. Et ?a ne servait ? rien. Je bougeais par terre
au fur et ? mesure que le maillet me repoussait.
En gar?on pratique, il d?cida de me caler. Il posa son genou sur ma
poitrine et appuya dessus de tout son poids. Il n'?tait pas gras, il
avait les os pointus et ? fleur de peau, et j'avais le sein broy?
dessous. Les premiers morceaux de sucre commenc?rent ? sortir de mon
corps en gros ?clats. Apr?s un long moment ? me taper dessus avec le
marteau, il ne resta que des petits bouts coinc?s dans mes replis.
Heureusement, il pensa ? mettre de l'eau dans mon trou pour les faire
fondre. Je n'avais jamais ?t? aussi heureux qu'aujourd'hui d'avoir le
trou bien mouill?. Puis, comme l'id?e de se frotter la bite sur une lame
de sucre oubli?e ne l'enchantait gu?re, il fignola le nettoyage avec une
grosse ?ponge. Il me l'enfilait dedans, sa main entrait avec et il
remuait consciencieusement ? l'int?rieur pour atteindre les endroits les
moins accessibles de ma cavit?. J'avais l'impression qu'on me remuait
les organes par-dedans, c'?tait naus?eux et horrible.
Enfin, je fus propre et bien nette et je pus retourner ? ma mis?rable
existence de poup?e ? tout faire. Pour commencer, bien entendu, les
gar?ons me firent terminer le nettoyage de toutes les cochonneries qui
restaient de leur f?te de la veille, pendant qu'ils allaient s'amuser.
La jalousie des femmes
Je passais mon existence dans un ?trange m?lange de bonheur absolu et de
tristesse infinie. Mon programme de poup?e ?tait ravi d'?tre ainsi
sollicit? pour tout et n'importe quoi, d'?tre utilis? de toutes les
mani?res. Mais mon esprit de Cyrille ne parvenait pas ? s'habituer ?
l'humiliation permanente. Je n'?tais pas une poup?e au fond de moi, je
n'?tais m?me pas une femme. Chaque queue qui se soulageait en moi ?tait
un viol aussi atroce que le premier, chaque plaisanterie dont j'?tais la
victime - toujours consentante - ?tait une blessure qui s'ajoutait aux
autres, sans jamais gu?rir. ? de nombreuses reprises, j'avais pens? au
suicide, depuis que j'avais ?t? projet? dans ce corps artificiel. Mais
m?me la gr?ce de la mort m'?tait refus?e: j'?tais une Lola, et nulle
part il n'?tait permis ? mon programme de mettre fin ? ses jours. Il
aurait fallu qu'on m'en donne l'ordre, et les bambocheurs s'amusaient
bien trop avec moi pour avoir ce genre de lubies.
Vers le printemps, je pus sortir un peu de la r?sidence. Les f?tes se
d?roulaient maintenant ? l'ext?rieur. C'?tait bon de sentir le soleil
caresser ma peau artificielle.
Une poup?e sert ? tout. Je faisais la bonniche en temps normal, le sac ?
sperme pour ceux qui avaient des envies. Lors des f?tes, ils
m'utilisaient comme serveuse. Une fois, ils organis?rent m?me une grande
course dans une piscine. Toutes les poup?es de la r?sidence et quelques
autres lou?es pour l'occasion servaient de bou?es pour les concurrents.
? une autre occasion, ils me transform?rent en feux d'artifice vivant.
Ils m'accroch?rent des feux de Bengale un peu partout et les allum?rent
avant de m'ordonner de courir ? travers une grande esplanade.
Heureusement, ils avaient bien install? les ?l?ments pyrotechniques et
je ne fus pas br?l?e. Mais pour le coup, comme ils ne manqu?rent pas de
le faire remarquer avec des rires gras, j'avais v?ritablement le feu au
cul!
Souvent, on croisait des filles dans les couloirs de la r?sidence. Des
vraies filles, de chair et de sang, pas des bouts de plastiques
ambulants comme moi. Les gar?ons invitaient leurs petites amies et la
plupart des bambocheurs avaient la leur. Parfois, ils en avaient m?me
plusieurs! En g?n?ral, ces filles me d?testaient. Elles d?testaient
toutes les poup?es. Pour elles, nous ?tions juste de la concurrence
d?loyale. Et plusieurs avaient essay? de convaincre les gar?ons de se
d?barrasser de moi. Certaines avaient m?me menac? de les quitter s'ils
m'approchaient encore. Ce qui fait qu'indirectement, j'avais ?t?
responsable de quelques s?parations, les gar?ons ayant du mal ? renoncer
? une bonne baise gratuite et sans complication. C'?tait ?a que les
filles ne supportaient pas: moi, je disais oui tout le temps, j'?tais
toujours contente, je n'avais jamais de migraine, ni d'indisposition, il
ne fallait pas m'inviter ? d?ner et il n'?tait pas n?cessaire de me
couvrir de compliments. Je n'avais pas beaucoup de conversation, c'est
vrai, mais il suffisait de claquer des doigts pour que j'accoure avec
l'air de celle ? qui on fait un grand honneur. Et en plus de tout ?a,
pour mettre le comble ? la rage des filles, les poup?es ?taient toujours
d'impeccables beaut?s. Nous ?tions de la bonne marchandise, d?moul?es
sans d?faut, pendant que les vraies humaines s'?chinaient sous les
r?gimes et les exercices, sans parvenir ? nous arriver ? la cheville.
Leur aversion ?tait telle que, plusieurs fois, j'?chappais ? des
attentats. Une fille essaya de m'?craser avec sa voiture, ? l'occasion
d'une sortie. Une autre m'?bouillanta en me jetant un grand bidon d'eau
br?lante au visage. Elle esp?rait que mon plastique allait fondre, mais
il ?tait pr?vu pour r?sister ? des temp?ratures bien plus ?lev?es. Le
seul tort que cela me causa, c'est la douleur p?n?trante qui resta en
moi pendant 37 minutes et 22 secondes apr?s l'incident. 37 minutes et 22
secondes ? avoir l'impression que mon visage partait en lambeau sous
l'atroce br?lure.
Il y eut encore cette ?tudiante ?conduite qui revint faire un scandale
et me planta un couteau de cuisine dans le ventre. Le couteau se
contenta d'entrer dans la profondeur de mon plastique, sans me cr?er de
dommage, aucun organe de mon corps de poup?e ne se trouvant rang? l?.
Mais j'avais un syst?me sanguin factice. Un d?tail que j'avais ajout?
lors de la conception des Lola, afin de satisfaire la client?le aux
go?ts sadiques. Je me mis donc ? saigner abondamment. Et comme mon
programme sentait chez cette fille l'envie de me faire du mal, je lui
donnai satisfaction en simulant mon agonie. Et ainsi, pour une fois, mon
programme exprima les choses de la mani?re dont mon esprit de Cyrille
les ressentait. Car bien s?r, m?me si mon ventre ne contenait aucun
organe, j'avais l? des capteurs sensoriels qui me faisaient tr?s mal. Je
me retrouvais donc ?tal?e par terre, baignant dans une mare de sang,
g?missant pitoyablement et pleurant sur mon sort, mes mains tentant
vainement de retenir le liquide qui s'?chappait de moi.
Mon programme jouait son r?le de mani?re si convaincante que la fille
resta l?, les yeux agrandis par l'horreur, les mains sur la bouche,
r?p?tant d'une petite voix plaintive: "qu'est-ce que j'ai fait! Mon
Dieu, qu'est-ce que j'ai fait!" J'?tais tr?s r?aliste. Un des gar?ons
qui approchait pour voir ce qui se passait tourna de l'?il en
m'apercevant! Cela dura jusqu'? ce qu'une des personnes rassembl?es ait
la pr?sence d'esprit de me donner l'ordre d'arr?ter ce cin?ma et de me
remettre debout. Avec le couteau toujours enfonc? dans mes entrailles,
je me redressai alors et, toute guillerette, je me mis ? faire mon
sourire automatique de poup?e. La fille se sentit ridicule d'avoir ?t?
bern?e par un programme informatique et me lan?a un regard de pure haine
meurtri?re. Une poup?e n'est jamais pay?e de retour pour les efforts
qu'elle fait afin de satisfaire les gens.
Alors que l'?t? approchait, la jalousie des filles ? notre ?gard prit
des proportions plus amples. Des associations d'?tudiantes f?ministes
voulaient nous faire interdire. Elles trouvaient de tr?s mauvais go?t
que des ersatz d'elles-m?mes se fassent ainsi humilier ? longueur de
temps. Elles ne se s'inqui?taient pas pour nous, bien entendu, nous
n'?tions que des objets sans importance. Elles protestaient contre le
symbole d'avilissement f?minin que nous repr?sentions. Les discussions
avec les responsables de l'universit? s'?ternisant, certaines d?cid?rent
de frapper un grand coup.
Un dimanche apr?s-midi, alors que la r?sidence ?tait quasiment d?serte,
un commando investit les lieux et rafla toutes les poup?es qui s'y
trouvaient: la grande brune hautaine, la petite ? gros t?tons et moi-
m?me. Les filles avaient l'intention de s'attaquer au mal par la racine
en ?radiquant physiquement les objets du scandale: nous!
En fait, je n'ai jamais vraiment su si les motivations des filles du
commando ?taient militantes ou si elles faisaient ?a pour tromper
l'ennui d'une fin d'apr?s-midi. Elles s'?taient visiblement donn? du
courage ? coup de vodka-caramel, et si j'en croyais leurs haleines,
elles avaient eu besoin de beaucoup de courage. Pour dire les choses
galamment, elles ?taient clairement pompettes. Et bien d?cid?es ? passer
toutes leurs frustrations sur nous. Je reconnaissais dans le groupe une
ancienne petite amie de Nic, une de celles qui avaient eu le tort de
donner au gar?on ? choisir entre elle et moi, et ma poignardeuse
?motive. Elles nous enferm?rent dans le coffre d'une voiture, roul?rent
12 minutes et 3 secondes et nous d?ball?rent devant une r?sidence
d'?tudiantes. Des filles sortirent du b?timent pour assister au
massacre.
Sous les rires et les applaudissements, les kidnappeuses firent d'abord
coucher la rougeoyante poup?e aux lolos consid?rables sur le parking.
Puis elles avanc?rent la voiture dessus, ?crasant ses seins l'un apr?s
l'autre sous les roues. Les deux masses molles se tendirent, gonfl?rent
incroyablement sous le poids ?norme, puis ?clat?rent dans un grand
bruit, ?voquant en beaucoup plus fort celui d'une bulle en plastique
qu'on fait exploser sous le doigt.
Ensuite ce fut le tour de la brune. Une ?tudiante en chimie ramena un
b?cher tenu au bout d'une pince et versa lentement de l'acide sur le
beau visage qui se mit ? couler pitoyablement au pied de la pauvre
chose. Quand toute la t?te fut transform?e en bouillie informe,
l'?tudiante arm?e de gros gants en plastique arracha ? pleine touffe ce
qui restait de chevelure et tendit son troph?e en direction de la foule
de filles qui applaudit en hurlant des vivats.
Ensuite, deux des furieuses qui avaient conduit la voiture sur
l'hypertrophi?e des t?tines s'approch?rent de moi. Mentalement, je me
faisais dessus tellement j'avais peur! Il m'?tait arriv? de vouloir
renoncer ? la vie, mais pas comme ?a. Pas livr? ? une meute en col?re,
pas tortur? par des frustr?es en manque de vengeance! En moi je pensais:
"non! Bandes de grognasses, non! C'est injuste, ?a ne peut pas se
terminer comme ?a! Vous ne pouvez vous en prendre