Maxime resta tr?s longtemps dans un demi-coma. Ou, tout du moins, il le
pensait. Des images allaient et venaient. Des personnages apparaissaient
devant lui. Il ne pouvait pas voir leur visage, mais il les entendait
parler. Parfois en fran?ais, parfois en anglais. Il se sentit avoir
froid. Puis chaud. Puis froid ? nouveau. Et faim. Et chaud. Plusieurs
fois il voulut ouvrir ses yeux, mais il n'y parvenait pas.
Lorsqu'il ouvrit enfin ses yeux, il ?tait dans une chambre d'h?pital.
Toute blanche, toute propre.
Dehors, on entendait un brouhaha et par la porte entrouverte il vit des
blouses blanches circuler.
O? ?tait-il?
Il voulut ouvrit la bouche mais il s'aper?ut qu'il avait ?t? intub? et
il avait mal. Par la fen?tre, le ciel ?tait gris, et il pleuvait. Quand
?tait-on?
Il essaya alors de rassembler ses souvenirs. Il savait qu'il avait pass?
longtemps sur un bateau, mais ne se souvenait pas du nom qu'il n'avait
vu qu'une fois. Il ?tait venu pour voir Gavay, pour aider ? sa
transition. Il s'appelait Anna Lamothe, et Gavay l'avait embauch?. Mais
quelque chose avait mal tourn?. Et...et...M?lissa une jeune chercheuse
qui travaillait sur lui...
Soudain il se souvint. La triple dose. Le produit. Quel que soit ce que
M?lissa avait fait, ?a avait march?. Il se souvenait, ? pr?sent. Cet
h?pital ne ressemblait pas aux locaux de la soci?t? de Gavay. L'?vasion,
l'arrestation, No?mie, Lila, ses parents! Il allait enfin revenir ? la
vie civilis?e!
Ses parents? Ils ne savaient rien...quel choc ?a allait ?tre pour
eux...ou peut-?tre No?mie les avait pr?venus?
Soudain sa t?te lui tourna tellement, qu'il fut vite pris dans une vague
qui le laissa sans pens?e ni r?flexion. Ce qui ?tait revenu ? lui ? ce
moment-l? fut de nouveau perdu.
Sa r?verie fut stopp?e lorsqu'il vit une infirmi?re entrer dans sa
chambre. C'?tait une dame d'une quarantaine d'ann?es, qui avait l'air
tr?s fatigu?e. Elle tenait un carnet ? la main, et ne leva m?me pas les
yeux sur lui. Elle voulait juste relever des donn?es sur un tableau.
Lorsqu'il leva la main et ?mit un bruit pour se signaler, elle eut un
petit cri.
- Oh, mon dieu...vous m'avez fait peur! Vous ?tes r?veill?e!
Elle lui parlait en fran?ais. Pas le fran?ais h?sitant de Gavay ou le
magnifique fran?ais d?sincarn? d'Emily. Non, le bon fran?ais, ? l'accent
parisien.
- Je...oui... r?ussit-il ? placer dans une petite voix aig?e.
- Oh! C'est merveilleux! Je vais pr?venir le docteur Laribau. Ne bougez
surtout pas.
Le docteur Laribau semblait aussi fatigu? que son infirmi?re. N?anmoins
il l'entendit courir ? petit pas dans le couloir. Son r?veil devait ?tre
vraiment miraculeux!
- Bonjour Maxime! Je suis le docteur Laribau! Cela fait bien longtemps
que tu dormais.
Le docteur fit quelques examens sur lui, avant de conclure qu'il ?tait
bel et bien r?veill?. Il le pr?vint que la police devrait venir prendre
son t?moignage et que ses parents viendraient dans la fin d'apr?s-midi,
et que d?s le lendemain, il pourrait recevoir des visites aux heures
pr?vues.
Maxime savait que son nom ?tait Maxime, mais, pourtant, il savait qu'il
s'appelait en fait Anna. Maxime, c'?tait le nom qu'il portait, quand il
?tait un gar?on. Son ?nom d'?tat civil?.
Le docteur lui expliqua ensuite qu'il avait ?t? trouv? sur le bateau,
dans le coma, gr?ce ? un appel anonyme d'une jeune femme ?repentie? qui
avait pass? un pacte avec le FBI. Il lui dit que tout ?a avait ?t? rendu
possible gr?ce ? ses ?changes de mails avec No?mie, les photos o? on
pouvait voir des ?l?ments du navire, permettant son identification et
plus tard sa localisation. ?Tu pourras remercier cette jeune fille, elle
t'a vraiment sauv?e!?. Il lui dit que le personnel de l'h?pital n'a pas
r?ussi encore, toutefois ? comprendre la technologie utilis?e par la
soci?t? de Gavay et que quoi qu'il lui ait fait, ?a n'?tait pas encore
de l'ordre du r?versible.
Le soir-m?me, Maxime put revoir ses parents. Sa m?re ne fit que pleurer,
et son p?re ?tait tellement g?n? et stup?fait qu'il ne savait pas quoi
dire. Lui-m?me eut les plus grandes difficult?s ? raconter quoique ce
soit. Il ne se rappelait en fait de pas grand-chose. Ses parents lui
dirent que la soci?t? de Gavay avait vu tous ses avoirs gel?s, et que
des sommes ?astronomiques? allaient ?tre vers?es aux victimes, et que
des avocats devraient bient?t venir le voir. Gavay, quant ? lui, ?tait
en prison gr?ce aux enregistrements audios et vid?os de M?lissa. Ou il
allait y aller.
Le lendemain, il se sentait d?j? beaucoup mieux et apr?s quelques
examens il put marcher. Il re?ut une visite d'un policier qui l'informa
qu'il serait auditionn? par la police am?ricaine et fran?aise le
lendemain. On lui autorisa de consulter ses mails o? il put constater
que des dizaines de mails avaient ?t? envoy?s ? son nom pendant qu'il
?tait sur le bateau, principalement par ses parents. Gavay avait utilis?
son immense puissance de calcul pour faire des deepfakes sur un corps
d'homme. Ainsi il avait envoy? des photos de lui depuis Yellowstone, Las
Vegas et m?me Los Angeles. Ils avaient aussi r?ussi ? les duper en
utilisant une voix synth?tique cr??e ? partir de la sienne.
Pendant la nuit, il r?va de sexe. Il se voyait, habill? de fa?on tr?s
suggestive, dans un bar sombre. Il se reconnaissait ? sa longue
chevelure blonde boucl?e. Il faisait chaud. Il portait des escarpins
noirs, des bas noirs, et sa mini-jupe laissait appara?tre le d?but d'un
porte-jarretelle. Il ?tait assis, presque en sous-v?tements apparents,
sur les genoux d'un homme, et l'embrassait. Le jeune homme avait remont?
sa jupe et caressait sa cuisse. Il voyait dans ses l?vres m?lang?es aux
siennes un rouge ? l?vre sombre tr?s provoquant, et ses ongles ?taient
d?mesur?ment longs, du m?me rouge.
Au matin il put sortir de l'h?pital. Il le reconnut. C'?tait le m?me que
lorsqu'il avait ?t? op?r? petit. Il ne savait plus pourquoi, mais il
s'en rappelait. Dans le taxi qui l'amenait, il ne reconnait pas les
rues. Tout lui paraissait comme brouill?. Ce ne fut que lorsqu'il arriva
au commissariat qu'il eut une autre surprise. Il ?tait ?galement d?j?
venu dans ce commissariat, il y a longtemps.
Mais il ne se rappelait pas non plus pourquoi.
L'interview dura longtemps. La police fran?aise l'interrogea d'abord
longtemps sur les s?vices qu'il avait v?cus. Une psychologue - une dame
d'un certain ?ge, ? la petite voix douce - le fit parler, ou tout au
moins essaya. Il lui semblait ne se rappeler que du fait qu'il ?tait
venu sur ce bateau de son plein gr?, et il ne faisait que r?p?ter qu'il
?tait d'accord avec ce qu'on lui avait fait, mais qu'on avait abus? de
lui ? plusieurs reprises. Elle lui dit qu'il faudrait alors se revoir,
et lui dit que des s?ances d'hypnoses permettraient peut ?tre de faire
revenir ? sa m?moire des ?l?ments plus pr?cis.
Son ?change avec la police am?ricaine fut plus fructueux. Ils lui dirent
que M?lissa avait effectivement permis le d?mant?lement du r?seau, de
ses financeurs. Lorsqu'il ?voqua Emily, ils lui dirent qu'ils n'avaient
pas connaissance d'une Emily, ni d'un Michael, d'ailleurs. Ils prirent
des notes et lui promirent de faire des recherches. Il apprit ?galement
que Gavay avait ?t? arr?t?, puis rel?ch? apr?s paiement d'une tr?s
grosse caution. Ses avocats devraient bient?t le contacter. Ils
l'inform?rent de ses droits, et l'avocat pr?sent lui dit qu'il serait
pr?sent avec lui lors de la rencontre, quelle que soit sa d?cision.
Maxime se r?installa alors chez ses parents. Sa m?re avait achet? de
nouvelles affaires pour lui, des pantalons unisexes, des chaussures
unisexes, des t-shirt unisexes. On aurait dit qu'elle ne savait pas
exactement ce qu'il voulait, et qu'elle ne voulait pas le froisser en
choisissant ? sa place. Elle lui dit qu'elle n'avait pas achet? grand-
chose, juste de quoi tenir le temps de s'organiser et qu'il puisse aller
lui-m?me au centre commercial.
Le soir-m?me, enfin, ce fut No?mie. Maxime attendait ce moment depuis
tellement longtemps! La jeune fille lorsqu'elle le vit eut un mouvement
de surprise - comme tous les autres - avant de le serrer longtemps dans
ses bras et de pleurer.
- Oh Maxime...je suis...j'ai eu tellement peur pour toi. Tu sais ?a a
?t? tellement...tellement long et compliqu? pour te trouver! Ton chef a
vraiment tout fait pour te faire dispara?tre...si tu ne m'avais pas
contact?e...jamais je n'aurais pu te retrouver!
- Mais pourquoi? Avant que je te contacte, tu te doutais d?j? qu'il y
avait quelque chose? Je suis surprise...
No?mie le regarda ?trangement.
- Oh, oui, en fait...oui! J'ai ?t? contact?e sur facebook par...tu sais,
une ancienne coll?gue ? toi. Najia? ?a te parle?
- Oui...oui je crois oui. On a travaill? ensemble pour Gavay!
- C'est ?a! Elle m'a contact?e parce qu'elle trouvait tout ?a ?trange,
elle voulait savoir si j'avais de tes nouvelles, je lui ai dit que oui,
mais que tu r?pondais ? c?t?, que c'?tait bizarre. Que tu faisais des
fautes de fran?ais comme si tu n'?crivais pas tes mails, que ?a n'?tait
pas ton style. C'est elle la premi?re qui m'a mis la puce ? l'oreille!
Elle a commenc? ? faire des recherches, puis, c'est elle qui a contact?
M?lissa pour tenter d'avoir un contact!
- Najia? Je...enfin, on s'entendait pas si bien ...c'est....enfin je
pensais pas qu'elle ferait ?a pour moi!
- Oh, je ne suis pas s?re qu'elle fasse ?a pour toi! Elle voulait faire
?tomber Gavay? surtout je crois. Elle n'a jamais accept?e qu'il ne lui
ait rien propos?, et je crois qu'elle n'a pas appr?ci? sa manipulation
sur toi...elle trouvait ?a ?mal? tu sais.
- Oh d'accord...
La jeune fille ne cessait de parler. Elle lui raconta comment elle avait
r?ussi ? convaincre la police fran?aise, puis ? force de harc?lement, la
police am?ricaine, d'enqu?ter sur les activit?s du tr?s discret Gavay.
Puis, ? l'aide des photos de Maxime, ils purent identifier le navire -
qui n'?tait pas officiellement ? Gavay, mais ? une soci?t? ?cran -, son
emplacement et, enfin, intervenir. Elle bombarda ensuite Maxime de
questions, mais ? nouveau il ne put lui donner beaucoup d'?l?ments. Elle
lui demanda comment il se sentait dans son corps, sa voix, sa f?minit?.
Il lui r?pondit qu'il se sentait ?un peu heureuse? malgr? tout. Avant de
partir elle lui fit m?me une blague sur sa voix devenue plus aig?e que
la sienne. Maxime lui fit un c?lin et la remercia ? nouveau. Il se
sentait tr?s las et fatigu?.
Il ne se rendit compte que plusieurs jours apr?s qu'il avait parl? de
lui au f?minin pendant toute leur rencontre.
Pendant la nuit il refit un r?ve tr?s vivant. Il portait une robe
moulante, une combinaison latex rouge et or. D'immenses boucles
d'oreilles cr?oles entouraient son visage. Lorsqu'il croisa un miroir il
se vit, les yeux dans le vague, ivre ou drogu?. Il se sentait bien. Il
?tait dans une petite maison et marchait sur des talons immenses.
Plusieurs fois par jour, il voyait une voiture noire - un chauffeur -
venir le chercher, et rouler dans le d?sert jusqu'? un b?timent plein de
couleurs. L? il retrouvait d'autres filles paum?es - mexicaines dont il
ne comprenait pas un mot, ob?ses, drogu?es - et aussi d'autres filles
jeunes et jolies comme elle. Sa blondeur et son corps magnifique la
rendait toutefois pr?cieuse. Sur ses talons de 15 cm, Anna marchait et
sautillait avec gr?ce et elle faisait tourner les t?tes. Le casino o?
elle se trouvait ?tait aussi une maison close, et elle venait pour
travailler. Et elle se faisait beaucoup d'argent.
Lorsqu'il se r?veilla, Maxime fut tr?s confus pendant de nombreuses
minutes. Il ne savait plus qui il ?tait, o? il ?tait ni quand. Lorsque
ses parents l'appel?rent Maxime il ne r?agit pas imm?diatement. Il resta
h?b?t? aux toilettes en voyant son p?nis, sans comprendre pourquoi il en
avait un. Il resta la journ?e couch?, malade, sans comprendre pourquoi
il n'allait pas bien. Ce ne fut que le jour suivant, lorsque les avocats
vinrent ? la maison, qu'il put se relever et ?tre alerte.
Son propre avocat lui conseilla de n?gocier un arrangement financier.
Vue la situation financi?re avantageuse de Gavay, et puisqu'Emily ?tait
encore dans la nature et que M?lissa t?moignerait en sa faveur, il lui
pr?dit que l'?quipe adverse tenterait de proposer un montant compris
entre 10 et 20 millions de dollar.
Lorsqu'il entendit cette somme Maxime manqua de s'?trangler. C'?tait
plus qu'il n'avait jamais r?v?! C'?tait plus que 100 ans de salaire pour
lui! Il dit ? son avocat qu'il ?tait pr?t ? accepter n'importe laquelle
de ces sommes.
Mais son avocat lui conseilla de refuser et d'adopter une attitude
ferm?e. Selon lui Gavay pourrait facilement lui verser 30. En effet, lui
et son cabinet avait ?valu? ? plus de 10 millions de dollar les recettes
sur le seul ?live? de sa transformation. De plus, les brevets sur les
recherches qu'ils avaient men?s sur lui correspondaient ? un march?
immense, de plusieurs centaines de millions d'euros, dont Gavay
profiterait un jour ou l'autre.
Au vue de ces chiffres, Maxime eut le vertige. Il dit ? son avocat qu'il
le laissait n?gocier pour lui et qu'il accepterait tout ce qu'il lui
proposerait. Il ne comprenait rien ? la justice ou la police am?ricaine,
et pour lui, cette somme serait plus qu'il n'avait jamais pu r?ver.
L'entretien dura tr?s longtemps. Son ?quipe d'avocats avaient r?uni une
quantit? de dossiers incroyables et r?futaient point par point tous les
arguments de la d?fense de Gavay. Ce ne fut que lorsqu'ils montr?rent
les vid?os de Maxime les implorant de le laisser ou se mettant en col?re
qu'ils accept?rent de commencer la n?gociation.
Alors que les deux ?quipes discutaient, Maxime regarda les vid?os en
question. Il avait l'air...diff?rent. Il savait que c'?tait lui, mais il
ne se reconnaissait pas. Il ?tait vraiment sorti comme ?a dans la rue,
en pensant qu'on ne verrait pas qu'il n'?tait pas f?minin ? C'?tait
mille fois mieux maintenant. Maintenant, personne ne pourrait jamais
rien deviner. Il avait du mal ? penser que ?a puisse ?tre lui.
Vers 16h, enfin tout le monde fut parti. Maxime se leva et sentit
soudain un ?lancement de son pied. Il boita jusqu'? son lit, avant de se
rappeler. Il avait oubli? de dire ? ses parents qu'il lui fallait porter
des talons. Il en profita alors pour lui dire qu'elle pouvait oublier
tous les pantalons unisexes et tout ?a, et qu'il valait mieux lui donner
des v?tements qui correspondaient ? son corps. ?Fais comme si j'?tais
une fille, de toute fa?on, ?a sera plus simple, maman?.
Puis il se recoucha.
Les jours pass?rent. Maxime ne sortait pas beaucoup. Il se rendit compte
que, d?s lors qu'il n'allait pas dans un endroit qu'il connaissait d?j?,
sa vue restait brouill?e, il avait d'affreux maux de t?te, et des
vertiges, parfois des ?vanouissements.
Et le lendemain matin, il restait h?b?t?, parfois des minutes, parfois
des heures, sans plus savoir qui il ?tait. Sa m?re lui dit qu'un jour il
avait pass? la moiti? de la journ?e ? essayer des robes et du
maquillage, et que sa m?re avait tent? de lui parler, sans qu'il ne se
souvienne de rien de ce qu'il ?tait, lui soutenant qu'il ?tait Anna,
qu'il avait toujours d?sir? l'?tre, allant m?me jusqu'? s'?nerver contre
elle.
Et les r?ves! Tr?s souvent, la nuit, il r?vait encore de cette petite
maison, de ses robes moulantes, l?g?res, obsc?nes et sexy. Il se voyait
embrasser des hommes, des femmes, coucher avec un homme, ou deux, jamais
les m?mes. Parfois il se voyait prendre de la drogue et il se r?veillait
en pleine nuit, transpirant comme s'il ?tait lui-m?me shoot?. Il se
voyait sodomis?, pratiquant fellations sur fellations, et il se voyait
aimer ?a. Dans ses visions il se trouvait magnifique m?me s'il avait
toujours l'impression de se voir avec un regard vide. Comme s'il ?tait
absent.
Il finit par contacter No?mie et l'invita ? venir ? la maison pour lui
en parler.
- C'est normal, Maxime...enfin j'imagine. Tu en as parl? au docteur? Aux
docteurs?
- Oh, je ne sais pas No?mie...tu sais je me sens vraiment bizarre...et
les docteurs m'ont dit que de toute fa?on ils n'avaient ?pas le niveau
technique? pour comprendre ce qui se passait. Il y a plein de choses qui
se passent en ce moment dans mon corps et mon cerveau, et personne n'y
comprend rien. Je vis au jour le jour. Mais c'est dur...je me sens si
bizarre. J'ai l'impression qu'il me manque des souvenirs, des trous.
- Tu crois pas que tu devrais y retourner. Pour te souvenir? Voir le
bateau, rencontrer M?lissa ou Gavay peut ?tre?
- Je...je sais pas si je peux No?mie...je...je te l'ai pas dit mais...
- Mais quoi? son amie afficha un air soucieux.
- Mais je...d?s que je vais dans un endroit...c'est compliqu? ? dire. Un
endroit que je connais pas, quelque chose que je connais pas, c'est
comme si tout ?tait brouill?, je me sens bizarre et apr?s...?a me
fait...je vais pas bien. Je pr?f?re rester dans la maison pour le
moment.
- Mais...par exemple si...si on regarde un film ?a te fait ?a?
- Oui! Oui par exemple un film si je l'ai jamais vu, ?a me fait ?a ?a
peut arriver. Et j'ai des soucis pour m?moriser aussi les choses
nouvelles...je me sens ?touff?, je me sens enferm? en fait. Je vois les
choses, elles passent devant moi et je les oublie. Je sais pas si je
vais m'en sortir No.
- Oh....c'est terrible. Mon pauvre Max.
- Et je veux pas mourir. Parfois j'oublie que je suis un...que j'ai ?t?
un homme, ma m?re me dit que je me prom?ne dans la maison et que ?a me
fait comme si j'?tais encore sous le produit, comme un zombie.
- Il faut qu'on fasse quelque chose!
- Mais quoi?
- Je vais r?fl?chir! Je te promets que je vais r?fl?chir! Et tu es pas
idiot non plus, on va trouver une solution! Je suis s?re qu'on peut
trouver un moyen...Maxime, je te promets.
- Tu vois, No?mie, l? tu m'appelles Maxime. Je sais que c'est moi,
mais...c'est comme si...comme...comme si je te disais que tu t'appelais
?Fran?oise?. Au bout d'un moment, tu finirais par te retourner en te
disant ?ah oui, je m'appelle Fran?oise l??. Mais tu resterais No?mie
hein?
- Oui...que veux-tu dire?
- Et bien moi, c'est Anna. Je sais que...enfin...je sais que tout ?a,
c'est...ce qu'ils m'ont fait. Mais...j'ai beau me dire ?je suis Maxime?,
et bien c'est pas mon nom.
- Tu pr?f?rerais que je t'appelle Anna, c'est ?a?
- Oh, tu peux m'appeler comme tu veux, je r?pondrais! J'essaye
juste...de...de t'expliquer ce que je ressens.
- D'accord, ANNA!
Elle partit en riant. M?me Maxime r?ussit ? avoir un sourire. C'?tait
son amie. Le lendemain, la m?re de Maxime re?ut enfin tous les v?tements
que Maxime avait command?s. Elle semblait g?n?e qu'il n'ait que des
talons comme chaussures, trouvant ?a ?trop f?minin?, et il d? lui
expliquer ? nouveau son op?ration du pied. Dans l'apr?s-midi elle
l'amena au centre commercial pour lui faire faire quelques boutiques.
L?, Maxime demanda ? s'arr?ter chez le coiffeur et demanda qu'on lui
rafraichisse sa coupe. ?Quelques centim?tres, les pointes, et donner un
peu de volume?. Quand il sortit, sa m?re lui demanda pourquoi il ne
reprenait pas sa coupe d'avant?
? Pourquoi faire?? Fut sa seule r?ponse. Sa m?re, encore une fois, ne
sut quoi r?pondre. Il essaya robe sur robe, et s'acheta tout ce dont il
avait toujours r?v?. Lorsque sa m?re finit par faire des remarques, il
lui demanda de rester dans la voiture, et il termina ses achats seuls.
Apr?s tout, toute sa vie il avait attendu ce moment, et ce n'?tait pas
ses parents qui allaient ?encore? l'en emp?cher.
Bien entendu, sa m?re faisait celle qui ne comprenait pas.
Les jours, les semaines, et deux mois pass?rent. Rien n'avait vraiment
?volu? dans la vie de Maxime. Toutes les nuits, ou presque il
poursuivait sa vie endiabl?e. Dans son r?ve, il voyait un homme plus
souvent que les autres. Il lui avait pay? des bijoux, ainsi que deux
jours de croisi?re sur son yacht. Il se voyait, magnifique, de marbre,
plant? sur le transat comme une d?esse, et presque sur commande donner
le sexe, danser ou se mettre nue si c'?tait n?cessaire. L'homme ne
paraissait pas g?n? de voir qu'il avait encore son p?nis, si petit et
recroquevill? qu'il f?t.
A la maison, les choses ne s'arrangeaient pas. Ses parents et lui ne
communiquaient pas beaucoup. Maxime leur en voulait, car il se rappelait
le ?pass??. Et que ses parents niaient ce pass? en bloc, et le suppliait
d'?couter. Il vit plusieurs psys, mais aucun ne semblait comprendre. Ses
maux de t?te empiraient, ses naus?es et son flou. Il veillait ?
n'?voluer que dans des endroits qu'il connaissait, et voir des gens
qu'il avait connu. Parfois il se disait qu'il avait une vie plus
int?ressante la nuit que le jour.
De ses journ?es il ne faisait pas grand-chose. Il faisait du sport pour
entretenir son corps, puis se for?ait ? travailler sa voix pour qu'elle
reste aig?e. Il se rappelait vaguement d'un conseil qui lui disait
qu'elle serait plus belle plus longtemps s'il la laissait ? ce niveau.
Il passait une heure par jour ? lire des textes d'une voix aussi haute
que possible. Il essayait aussi des robes, ses chaussures, son
maquillage. Ou alors apprenait la cuisine, et effectuait les t?ches
m?nag?res pour aider sa m?re.
Elle n'en revenait pas.
En une journ?e, cependant, tout se d?bloqua. Le matin, son avocat lui
dit que le montant de 27 millions avait ?t? accept? et que des documents
en ce sens lui seraient amen?s le jour m?me. Il lui fit parvenir un
coursier. Tremblant, il signa sans lire apr?s avoir juste v?rifi? le 27
suivi de tant de z?ros. C'?tait surr?aliste. Qu'allait-il faire de son
argent? Ses parents tent?rent de le convaincre de plut?t continuer le
proc?s pour punir Gavay, mais lui aimait l'argent. Il calcula qu'il
pourrait se verser 300 milles dollars chaque ann?e pour le restant de sa
vie. Sans travailler, ou en faisant ce qu'il voulait! Si seulement ses
probl?mes de m?moire et de t?te pouvait s'arranger...parfois ses parents
lui racontaient des anecdotes de sa vie, ou m?me lui montr?rent des
photos, des vid?os de lui petit. Mais pour la plupart, il n'avait aucun
souvenir. Ou alors, il se souvenait de quelque chose de tr?s diff?rent.
Il lui ?tait m?me arriv? de constater qu'une chose ?tait vraie, mais il
n'y croyait pas. Il se demandait m?me si tout cela n'?tait pas un
complot, et ses parents des acteurs.
Pour sa sant? mentale, il ?vitait dor?navant de parler de ?a avec eux.
Avec No?mie, leurs ?changes se donnaient du ?Anna? dor?navant, et
c'?tait moins perturbant pour lui.
Le soir m?me, il eut un appel de No?mie.
- Oui, Anna, tu serais dispo?
- Oh, coucou No! Oui...quand?
- Tout de suite! Je passe te prendre en voiture.
- Tu...tu es s?re? Je veux pas me retrouver en coma tout demain pour
toi!
- Non!! Je te dis, j'ai une id?e! Pr?pare toi, viens dans la rue,
j'arrive dans 2 minutes.
Maxime enfila ses sandales compens?es, son sac ? main et se pr?senta
dans la rue. La Clio de No?mie ?tait gar?e, la jeune fille lui faisant
de grands signes. Il s'approcha et s'assit c?t? passager.
- Alors, quoi?
- Tiens, enfile ?a sur tes yeux, lui dit-elle en lui tendant un bandeau
noir.
- C'est...qu'est ce que c'est?
- Et bien! Je veux v?rifier un truc. Est-ce que tes malaises viennent du
fait de voir ou du fait d'?tre dans un endroit inconnu? Tu y as pens??
- Non...je...C'est une super id?e! Je l'enfile.
Une fois enfil?, No?mie d?marra le moteur et roula longtemps. Au bout
d'une heure, Maxime, ne ressentit toujours rien.
- Tu vois? J'en ?tais s?re! Tu peux au moins voyager donc jusqu'aux USA
maintenant.
- Qu...quoi?
- Mais oui! J'y ai r?fl?chis! C'est la meilleure solution. Il faut que
tu y retournes! ?a ne va jamais s'arranger sinon. Tu le sais hein?
- Oui...j'y ai beaucoup pens? aussi. Tu as raison. Je dois y retourner.
Maintenant que j'ai l'argent, en plus, ?a sera facile.
- Max....Anna, pardon. On va y aller ensemble. Je vais t'accompagner.
- Tu ferais ?a pour moi?
- Tu le sais: je ferais tout pour toi...
Les jours suivants pass?rent ? grande vitesse. Ses parents, toujours
stup?faits, ne protest?rent que mollement. Tout ce qui allait dans le
sens de lui permettre de revenir ? la personne qu'ils pensaient qu'il
?tait avant ?tait positif pour eux. Mais revenir l? o? il avait ?t?
captur? et transform? leur paraissait dangereux. Mais Maxime se sentait
les id?es claires. Il savait exactement ce qu'il voulait faire. D'abord
aller en Californie, voir le bateau, voir Emily, puis voir M?lissa, puis
essayer de retrouver la trace de l'endroit o? se trouvent ses r?ves, et,
enfin, voir Gavay. La pr?sence de No?mie ? ses c?t?s l'aiderait
surement.
La police am?ricaine, au d?part h?sitante, accepta l'id?e de lui
communiquer l'emplacement du bateau, ainsi que l'adresse de M?lissa
?compte tenu de sa situation personnelleexceptionnelle?. Il remercia ses
avocats, avant de se souvenir qu'ils avaient probablement empoch?s un
magot ? la hauteur du sien. Ils avaient ?galement fini par retrouver
Emily qui avait pris un boulot de serveuse dans un restaurant de bord de
route.
Durant les pr?paratifs No?mie lui parla aussi de Kevin. Le jeune homme
?tait revenu s'excuser d'avoir pens? qu'il l'avait tromp? et d'?tre
parti comme ?a. Il aurait aim? reprendre contact, et c'?tait No?mie qui
lui avait r?v?l? la situation. Elle lui communiqua son num?ro, puis
Maxime h?sita un instant. Il d?cida qu'il l'appellerait lorsqu'il irait
mieux. Au retour. Tout serait plus clair alors...
Le jour du d?part, il acheta des lunettes noires ?paisses opaques. Une
fois enfil?es, il n'y voyait absolument rien. Pourtant en cas de
n?cessit?, il pouvait toujours les retirer. Heureusement, il connaissait
d?j? bien l'a?roport et put le traverser et prendre son vol sans
encombre. Une fois arriv? ? Los Angeles, il ?tait attendu par la police
qui l'accompagna jusqu'au Tlanowa.
La vue du joli yacht ne lui ?voqua rien. Une fois les filets retir?s, le
cadre chang?, et le mat?riel r?am?nag? et sous scell?s, le bateau
n'avait l'air de rien d'autre qu'un navire de plaisance. Sur le pont il
raconta tout ce qui lui venait ? No?mie. Il se rappelait d'avoir pass?
l? de longues heures, sur le transat, d'avoir vu le capitaine draguer
Emily - mais il ne se rappelait plus son nom -, d'avoir ?t? dans un
semi-coma dans sa chambre, ou sur le pont, ? s'ennuyer des heures. M?me
sa cabine, ? pr?sent vid?e de son caisson, ne lui ?voqua rien. C'?tait
d?primant.
- Ne t'inqui?te pas, Anna, je suis s?re que ?a va s'arranger, ?a n'est
que la premi?re ?tape, tenta de rassurer No?mie.
- Je sais bien...mais...j'esp?rais que quelque chose vienne! N'importe
quoi!
- Mais qu'est-ce que tu attends au fait, exactement? Tu ne m'as pas dis
clairement!
- Je....
- Non parce que si on r?capitule, on sait ? peu pr?s tout non? Tu pars,
il te drogue, il te met sur...enfin...dans ce ?caisson?, puis tu es
drogu?, gav?, op?r?, et on t'a fait progressivement croire que tu ?tais
une femme. Mais qu'est-ce que tu esp?res d'autres? Retrouver ta m?moire?
- Oui...oui d?j? ?a. Je n'ai presque aucun souvenir de...de ma vie
d'avant le bateau. Je me souviens de quelques ?pisodes marquants de ma
vie, mais...je...je suis confuse par ce que...il y a quelque chose qui
ne tourne pas rond. Toi-m?me tu me dis que je n'?tais pas
particuli?rement f?minin au d?but o? on se connaissait, alors que j'ai
des souvenirs tr?s diff?rents, o? en secret j'?tais d?j? ? 200% orient?
vers les trucs de filles.
- Tu peux me l'avoir cach?! Quand j'ai d?couvert que tu prenais des
hormones ?a faisait plus d'un an que tu le faisais et tu ne l'as avou?
que sous la contrainte!
- Oui mais...y'a pas que ?a...j'aimerais r?cup?rer tous mes souvenirs de
ma vie...m?me que je r?ve d'?tre une fille ou pas ou peu importe, j'ai
l'impression que ma vie ce sont des moments photos, un assemblage. J'ai
perdu tout le reste au milieu!
- Oui tu as raison, il faut...il faut qu'on trouve!
- Et il y a autre chose! De beaucoup plus important, et fondamental. Je
le sais, je le sens No!
- Qu'est-ce que c'est?
- Justement...je ne sais pas.
Le soir, il r?va ? nouveau de sa ?double vie? comme il le nommait. Dans
une grande salle pleine de personnes en train de danser sur de la
musique ?lectronique, il longeait la pi?ce, les cheveux au vent jusqu'au
bar. Il portait une minirobe lam?e d'argent qui lui couvrait ? peine les
cuisses et les seins. La taille tr?s haute faisait ressortir son
d?collet? qui ?tait plongeant, et il lui semblait que s'il se penchait
on verrait simultan?ment ses fesses et ses seins. Les ?cailles argent?es
luisaient sous l'?clairage de la pi?ce. Sous sa robe, il ne portait rien
du tout. Ses talons ?taient aussi argent?s que sa robe, sauf la semelle
d'un rouge ?carlate. Malgr? leur hauteur, il s'admirait de pouvoir
marcher avec une telle ?l?gance et ce balancement des hanches. Son
maquillage ?tait charg? et agressivement sexy et il portait des boucles
d'oreilles de diamants. Crois?e dans la rue il aurait pens? ? un sapin
de Noel tr?s sexy.
L'Anna vint s'asseoir au bar et commanda une vodka avec de la glace
pil?e qu'elle sirota lentement ? la paille en regardant les personnes
danser. Elle cherchait quelqu'un. Puis, soudain, un homme l'interpella
et lui proposa un autre verre. Elle retourna son si?ge vers lui et lui
fit un sourire charmeur avant d'accepter. L'homme se pr?senta comme
?Dorian?, et elle lui fit un petit sourire. C??tait la personne qu?elle
attendait. Elle l??tudiait soigneusement: 40-45 ans, habitu? des salles
de sport, costume de marque et bien taill?, probablement un cadre
sup?rieur.
Anna le fit parler de son m?tier et de sa vie quelques minutes, avant de
lui proposer de ?rentrer?. L?homme acquies?a et fit un signe au barman
pour r?gler sa consommation ? et celles d?Anna. Sur le parking, son gros
4x4 sur?lev? occupait une place et demie. Anna l?attendit et l?homme lui
tendit le bras sur lequel elle s?appuya pour s?asseoir. Dans la voiture,
elle jeta un coup d??il discret sur son miroir.
Toujours cette beaut? saisissante, toujours ce regard vide.
Ils roul?rent un certain temps, dans la nuit, jusqu?? son appartement, ?
l?avant dernier ?tage d?une tour, grandes baies vitr?es couleur de nuit
donnant sur la baie.
- Retire tes v?tements, devant moi, lui dit simplement l?homme.
D?un geste discret lent et sensuel, Anna se d?voila devant lui. Sa robe
tomba le long de ses fines jambes, et d?un pas, elle l??carta, ne
restant qu?en escarpins.
Il la regarda longuement, nue. Son regard ne s?arr?ta qu?un instant sur
son p?nis flasque qui pendait devant lui. Il savait ce qu?il y avait ?
voir ici. Puis il s?approcha lentement jusqu?? n??tre qu?? quelques
centim?tres.
- Tu me plais. Suce-moi.
Maxime vit Anna, ou se sentit se mettre ? genoux, puis regarder l?homme
d?en bas. Il la contemplait, une main pos?e sur sa t?te, fermement. Anna
lui ouvrit alors le pantalon de costume, puis son boxer tendu. Anna se
sentit honor?e. Il avait l?air d?avoir l?habitude de ce genre de
service, et, pourtant, il ?tait excit? ? sa vue. C??tait une bonne
chose. Parfois leur sexe ?tait mou et elle devait les allumer.
De sa fellation, Anna n?avait rien ? dire. Elle savait faire. ?Cela se
passait?. C??tait comme si ?a se passait ailleurs. Elle ne ressentait
pas de plaisirs ? faire ?a. Plaire, s?duire, lui plaisait. Elle
ressentait un sentiment d?accomplissement dans le fait de voir un homme
lui succomber. Mais elle n?avait pas de plaisir sexuel. Elle savait
faire, c?est tout.
Lentement, doucement, elle glissa sa bouche le long et autour de son
p?nis. Elle faisait sa bouche tellement humide que sa salive coulait
autour de ses l?vres pour l?accueillir. Sucer, tirer, puis cesser, et ne
pas oublier de regarder l?homme, saisir son regard et ne pas le l?cher.
En quelques minutes ? peine, il cracha son d?sir. Elle le garda en
bouche, puis, lentement, saliva encore plus; le sperme s??vacua aux
commissures de ses l?vres, le long de son menton, et, par gouttes, sur
son ventre nu. L?homme ?tait hypnotis? par ce spectacle.
Puis, en instant ce fut fini. Il fit demi-tour, vers la salle de bain.
Elle se rin?a la bouche, se rhabilla, et, discr?tement, r?cup?ra
l?enveloppe qu?il lui avait laiss?e. La prochaine fois peut ?tre, il
payerait pour autre chose.
Maxime se r?veilla, en pleine nuit, et en sueur. Son ventre ?tait
retourn?, en feu. Il avait envie de sexe, fort, tout de suite. Mais il y
avait autre chose, il le savait bien.
Le lendemain, No?mie reprit la route, lui band? des yeux, pour se rendre
voir Emily. La jeune fille habitait dans un logement temporaire, en
attendant le proc?s. Elle ?tait ravie de voir ?Anna?, son amie, mais ni
lui ni No?mie ne purent en tirer grand-chose. Il savait qu?il avait ?t?
un Michael, mais pour lui ?a n??tait pas vraiment vrai. En fait, ?
chaque fois que l?un des deux essayait de lui dire qu?il ne pouvait
avoir ?t? un Michael et aujourd?hui ?tre une Emily, son regard devenait
vide, comme s?il n?arrivait pas ? comprendre. Tout ce qu?il trouvait ?
dire ?tait qu?il trouvait Anna tr?s belle. Il put n?anmoins lui dire que
Mervine l?avait recontact?e et lui avait propos?e de vivre avec lui,
cach? au Mexique, que Joshua ?tait en prison, contrairement ? Gavay, et
qu?il ne savait pas o? ?tait M?lissa. Quant aux autres employ?s sur le
projet, ils avaient ?t? licenci?s. Vers la fin de l?entretien, elle
demanda ? Anna si elle se souvenait du nom du m?decin qui ?tait venu
pour ce qu?on lui avait fait pour le pied. Elle ?tait int?ress?e pour
recevoir la m?me op?ration, ?a serait ?plus simplepour les talons?.
Le soir m?me, Maxime commen?a ? d?primer. Ni sa visite ? Emily, ni le
bateau n?avait provoqu? quoi que ce soit en lui. Son seul r?confort
?tait de remarquer, lorsqu?il ?tait dans un milieu familier comme un
centre commercial, qu?il attirait d?sormais les regards des hommes sur
lui. Sa d?marche sautillante, ses jolies robes et sa taille fine
?taient, selon No?mie ?le top du top?. A d?faut de se souvenir, il
pourrait en profiter un peu!
Les retrouvailles avec M?lissa furent tr?s ?motionnelles. D?s qu?il la
vit, il se sentit trembler, int?rieurement, fortement, puis des larmes
se mirent ? couler, sans jamais s?arr?ter. Il y avait quelque chose de
fort, en lui, mais il ne savait pas quoi. La jeune femme, qui vivait
cach?e sous un faux nom, avait d?abord ?t? ravie de la voir. Puis, leur
?change devint plus s?rieux.
- Si je suis venu jusqu?ici...c?est...parce que j?ai perdu plein de ma
m?moire, et je veux pouvoir reprendre ma vie, me souvenir. D?s que je
vois un endroit que je n?ai jamais vu, j?ai des maux de t?te, terribles,
et parfois des vomissements, et la nuit suivante, j?ai des pertes
d?identit?...?a empire M?lissa! J?ai l?impression qu?un matin je vais me
r?veiller, et que je cesserai ? jamais d??tre...d??tre...autre chose que
ce que vous avez fait de moi.
- Oh...ma pauvre Anna. Maxime. Je...il faut que tu essayes de te
souvenir. Il y a des choses que...
- Quoi? Quelles choses? Ca fait des semaines que je me dis qu?il y a
?quelque chose?. Mais je n?arrive pas ? me dire quoi!! Tu sais quelque
chose?
- Oui je...
Soudain, tout devint sourd. La lumi?re dehors devint grise, et il vit
les l?vres de M?lissa parler, sans rien en entendre. Il voulut se lever
pour se rapprocher d?elle, mais son corps ne lui r?pondait plus. Sur sa
gauche, No?mie elle ne r?agissait pas. C?est comme si le temps s??tait
arr?t?, et que la jeune femme lui avait dit quelque chose ? l?oreille,
mais qu?il n?avait pu l?entendre.
Ce flash dura quelques secondes, avant de revenir ? la normale.
- Qu?est ce qu?il s?est pass?? Tu as parl?? M?lissa?
- Quoi? Je te disais que j?esp?rais que tu allais r?soudre tes probl?mes
bient?t!
- Non....l?...juste avant. Tu as parl?, mais sans prononcer des mots! Je
l?ai bien vu!
- Mais...non je t?assure...peut ?tre c?est une manifestation du probl?me
dont tu m?as parl?? Tu as d?j? v?cu ?a?
- Non, c?est la premi?re fois! Et je suis s?r que ?a a un sens!! C??tait
tr?s important!!
- Je...je suis d?sol?e.
En sortant Maxime avait toutefois apprit quelques informations. Gavay
vivait toujours ? Los Angeles, et ?tait pr?t ? le rencontrer. Il
poss?dait, apparemment, l?int?gralit? des vid?os de ce qu?il avait v?cu
sur le bateau. Il avait eu une conversation avec M?lissa juste avant que
la police arrive en lui disant qu?il la conserverait ?au cas o??.
Au moment de se coucher, Maxime eut l?impression qu?il touchait au but.
Quelqu?un, ou quelque chose, allait se produire. Il le savait.
D?s son sommeil, il fut ? nouveau projet? dans l?autre Anna. L?autre
Anna ?tait en train d?essayer une robe dans un magasin de luxe. C??tait
une robe noire fendue jusqu?au haut de sa cuisse, ouverte au niveau de
la poitrine, et dont le dos nu montrait jusqu?au d?but de ses fesses.
Sur ses hauts talons, il se sentait magnifique, et le regard plein de
d?sir du vendeur ? son ?gard lui faisait sentir incroyablement
puissante. Maxime sentit la longue apr?s-midi passer, entre soin du
visage, maquillage professionnel, et restaurant dont l?addition
repr?sentait une semaine de son ancien salaire. Il se sentait bien, dans
ce corps beau, ce luxe, et cette insouciance.
Le soir-m?me, Anna travaillait encore. Ses longs cheveux fraichement
soign?s tombaient en boucles ?paisses sur ses ?paules et sur son dos nu.
Quand elle bougeait, une chaine de hanche dor?e apparaissait et
disparaissait par l?ouverture du tissu. La coupe tr?s serr?e de la robe
associ?e ? ses talons de 15 cm l?obligeait ? faire des petits pas, et
elle essayait de se mouvoir avec le plus d??l?gance possible. Ses tr?s
longs ongles vernis en bleu p?le ? la couleur de ses chaussures ?
?taient encore nouveaux pour elle et elle craignait toujours de les
casser en ?tant malhabile.
Ce soir, un homme riche allait venir ? lui avait on dit- et ?a serait
une occasion pour elle pour ramasser le paquet.
L?ambiance dans la maison close ?tait assez sympa. Les filles ?pauvres?
prenaient les clients avec peu de moyens. Surtout les travailleurs
agricoles, quelques ouvriers. Parmi elles, surtout les filles drogu?es,
ou bien des mexicaines en situation ill?gale. Et puis il y avait
?elles?. 5 filles, blanches, avec un physique, et sur lequel le patron
investissait. Leur chambre ?tait mieux d?cor?e, elles pouvaient vendre
de l?alcool depuis un mini-bar dans leur chambre, et il prenait un %
inf?rieur pour les inciter ? ne pas aller chez la concurrence. Elles
?taient ? la fois un peu concurrentes, mais aussi amies et confidentes.
Il leur arrivait de se retrouver le week-end pour faire des vir?es ? Las
Vegas ou des balades ? cheval. Tout le monde ici l?appelait Anna.
Mais tout le monde savait aussi qu?il n??tait pas totalement une fille.
Cela faisait partie de l?exp?rience qu?il vendait.
Lorsque l?homme arriva dans le salon VIP, elles y ?taient toutes. Sheryl
et sa robe rouge ? sequin et son corset victorien. Fleur avec son look
de soubrette fran?aise. Jenny et son costume de bunny-girl. Et Shia et
son look de geisha que lui permettait son m?tissage am?ricano-japonais.
Et enfin, elle, en working girl ultra sexy.
L?homme ?tait tr?s grand. Peut-?tre 1m90 ou plus. Il ?tait tr?s mince,
presque maigre. Ses mains ?taient fines comme son corps, et Anna se
demanda s?il n?avait pas jou? du piano dans une autre vie. Ses traits
?taient marqu?s par sa minceur, mais, cependant, quand il souriait des
fossettes apparaissaient sur ses joues et ses yeux bruns se marquaient
d?un pli triste.
L?homme s?assit au bar et commanda un cocktail. Tandis que le patron
discutait avec lui, ses yeux allaient de l?une ? l?autre lentement, en
d?taillant leur corps de haut en bas. Lorsqu?ils se pos?rent enfin sur
elle, Anna fit l?g?rement bouger son corps, pour lui laisser deviner le
creux de ses reins, et son entrejambe. Il vit ? son regard que l?homme
n?en avait pas perdu une miette. Puis, lorsque les deux hommes eurent
fini de parler, il lui demanda discr?tement laquelle ?tait la fille ?un
peu sp?ciale?. Anna vit alors les 4 autres ?mettre un soupir ? ce soir,
le ?gros lot? n??tait pas pour elles.
Le patron eut un sourire puis d?signa d?un regard Anna. L?homme la
regarda alors et lui fit ? nouveau un sourire avant de se lever. Le
patron se leva ? sa suite et indiqua ? Anna, d?un geste de t?te, qu?elle
devait y aller.
Comme si elle ne savait pas ce qu?elle avait ? faire! Comme si tout ce
commerce ne tenait pas que sur elles cinq!
L?homme ralentit le pas jusqu?? ce qu?Anna le rattrape. Il ?tait habill?
simplement, pourtant sa chemise et son costume devaient ?tre faits sur
mesure. Sa simplicit? apparence ?tait la vraie marque de la richesse,
lui avait dit le patron. Anna ralentit donc son pas pour le forcer ?
tendre le bras et s?y accrocher: c??tait d?j? une premi?re marque de
faveur.
A droite se trouvait la chambre dite ?royale?. C??tait celle qu?on
gardait pour les invit?s de marque. Anna savait qu?elle pouvait y aller
ce soir. Mais d?habitude, c??tait plus souvent Fleur ou Shia qui y
avaient droit. Shia marchait tr?s bien avec les employ?s d?origine
asiatique de la Silicon Valley qui se rendaient ? Las Vegas.
Lorsque cette pens?e traversa sa t?te, Anna fron?a les sourcils un
instant. Puis elle jeta un regard ? l?homme qui l?accompagnait, qui lui
demanda si tout allait bien. Elle lui fit un sourire ? il ne fallait pas
d?plaire m?me un instant! ? et ouvrit la porte de la chambre royale. Des
dorures entouraient le lit de cette grande chambre, ronde. Au centre le
lit ?rond lui aussi ? ?tait d?un rouge sombre, *burgondy* lui avait
pr?cis? le chef. Une baignoire en forme d??uf ?tait cach?e par des
rideaux de la m?me couleur.
L?homme s?assit dans un des fauteuils, tandis qu?Anna s?approchait du
bar.
- Alors...Anna...tu es ici depuis longtemps?
- Oh...je ne sais pas. J?ai l?impression que ?a fait longtemps. Je n?y
fais pas attention!
- Sers-moi un whisky.
- Bien-s?r, avec plaisir.
Lorsqu?Anna s?approcha de l?homme, il l?enla?a elle sentit sur son dos
nu sa large main chaude. Elle lui tendit le verre et resta ainsi, docile
et immobile.
- Tu as la peau...incroyable douce. Voyons le reste!
- Souhaitez-vous que je me d?shabille?
- Non, je vais le faire moi-m?me.
- Tr?s bien.
L?homme glissa alors sa main de bas en haut, et elle sentit ses doigts
effleurer son shorty, puis passer devant son corps et se mettre ? plat
sur le ventre. Enfin l?homme se leva, puis se colla contre elle, les
deux mains ? l?int?rieur de sa robe, sur sa taille, derri?re-elle.
- C?est....incroyable, tu as vraiment le corps d?une femme...tu...es
magnifique!
- Merci...?a me touche beaucoup!
L?homme fit glisser ses mains vers le bas, et ins?ra alors le bout de
ses doigts sous l??lastique, jusqu?? son p?nis.
- Oh....j?adore...c?est donc vrai. Tu es un homme alors! Comment as-tu
fais pour devenir aussi belle?
- Je...je n?ai pas le droit de vous en parler!
- M?me pour 1000$ de plus?
Anna sourit
- Non...
- M?me pour 10000$ de plus?
Anna eut encore un sourire.
- M?me pour un million! Je n?ai aucun souvenir de comment je suis
arriv?e ici, ni de ce que j?y ai v?cu. Tout est confus dans ma t?te.
Tout ce que je sais, c?est que j?aime plaire aux hommes beaux et
attentionn?s et riches, et leur donner du plaisir.
Sur ces mots, elle se retourna et effleura le visage de l?homme de ses
longs ongles. Elle d?posa un rapide baiser sur ses l?vres.
- Tu es une sacr?e salope oui!
D?un geste, il la retourna et la projeta sur le lit. Anna tomba
lourdement, ? quatre pattes, et se retourna pour jeter un regard
allumeur ? l?homme, qui avait d?j? commenc? ? ouvrir son pantalon. Il ne
perdait d?cid?ment pas une seconde! C??tait le moment o? tout se
d?cidait. S?il aimait ce qui allait suivre, il reviendrait, et elle
aurait des cadeaux. Elle retira rapidement son shorty, ne restant qu?en
robe et talons.
Anna ?carta ses jambes et redressa le plus possible sa croupe, pour lui
offrir une vue imprenable sur ses fesses. Son regard ? lui ?tait animal.
Du fait de son excitation il peinait ? enlever sa chemise, et Anna
voyait ses mains tremblaient. Elle se redressa alors, se tourna vers lui
et lui ouvrit d?un coup sec le tissu. Lib?r?, l?homme se jeta sur elle
et la projeta ? nouveau sur le lit. Enfin, son corps chaud, et son
visage pr?s d?elle: de sa main, elle lui caressa le cou et l?approcha,
attirant sa bouche contre la sienne. Elle sentit imm?diatement son go?t
en bouche, puis sa langue ?paisse envahir la sienne, puis sa main contre
sa poitrine, et l?autre contre sa croupe. Puis, sa main forma comme un
poing, et tandis qu?ils s?embrassaient coll?s serr?s sur le lit, il le
fit remonter jusqu?? son entre jambe, et contre l?entr?e de son anus.
Progressivement, il sentait sa prostate sollicit?e, et serra ses cuisses
contre son poing pour laisser monter ? lui l?excitation.
- Attend...je...j?ai envie de te sucer, lui dit l?homme en se rel?chant
de leur baiser.
- Quoi...mais....t?es s?r...?
- Oui! J?ai toujours r?v? de sucer une bite, mais j?aime pas les mecs.
- Oh, okay, d?accord vas-y!
Anna eut un sourire int?rieur. Les clients avaient parfois des
propositions ?tranges...
L?homme se redressa, puis ?carte les pans de sa robe qui laissaient
largement voir le haut de ses cuisses. L?, incongru, pendait un petit
p?nis, recroquevill?, mais pr?sent. Anna ne se l?expliquait pas. Elle
savait qu?il y avait une histoire autour de lui, mais elle n?y pensait
jamais. Elle ne se la rappelait pas. Parfois, elle en tirait un peu de
plaisir, mais sinon, c??tait juste un sexe de femme retourn? comme un
gant.
L?homme, ? pr?sent ? genoux sur le lit, ?tait ? pr?sent tout proche de
son sexe. Il d?posait de rapides baisers sur l?appendice, et du bout de
sa langue, le go?tait. Il n?avait pas l?air de savoir ce qu?il voulait
ni de ce qu?il pouvait oser. Anna sentit qu?il fallait qu?elle prenne la
main.
- Suce-moi! Maintenant!
Elle vit le corps de l?homme trembler comme sous un ?lectro-choc. Il
aimait ?tre command?. Il approcha son visage encore, et ouvrit
d?licatement sa bouche pour prendre le p?nis d?Anna comme on met une
cigarette entre ses l?vres. Sa prise ?tait douce, tendre, mais manquait
de fermet?. Puis elle le vit faire de rapides allers et retours, d?abord
lentement, puis plus vite.
Anna sourit: il ?tait touchant malgr? tout. Mais elle, par contre, ne
sentait pas grand-chose. Appliqu?e et voulant lui faire plaisir elle se
contorsionna en poussant quelques soupirs et g?missements et
l?encourageant lorsqu?elle sentait qu?il fatiguait.
Au bout de 2 ou 3 minutes, l?homme se redressa et lui demanda:
- Tu aimes ou tu sens rien?
- Non...va-y...j?adore...tu fais ?a trop bien, continue!
- Tu pr?f?res pas que je te prenne par derri?re?
- Oh si, j?adore ?a aussi. Attend, je me remets.
Finalement il n??tait pas si idiot! Anna se redressa et lui pr?senta ?
nouveau sa croupe sous son plus beau jour. Puis d?un mouvement rapide de
t?te, elle fit ondoyer sa chevelure et lui jeta un regard allumeur de
ses beaux yeux bleus.
- Allez, baise-moi maintenant. Baise-moi fort!
D?un mouvement sec, enfin, elle le sentit, ?pais, chaud, entrer dans son
anus. Malgr? tout, ses efforts avaient excit? Anna, et pour une fois,
elle en tira un peu de plaisir. L?homme quant ? lui ?tait chauff? ?
blanc, et rapidement, elle le sentit se gonfler, et exploser ?
l?int?rieur d?elle. Elle accompagna sa jouissance de hurlement et
contracta son corps pour imiter son propre orgasme.
- Oh j?ai ador?. T?es super, merci, lui dit-elle, en d?posant un long
baiser sur son visage chaud et ?puis?.
- Ne dis pas ?a....pfffff....j?ai tenu 2 minutes...j??tais ridicule...
- Oui mais c??tait bon! C?est pas parce que c?est super long que c?est
mieux! Et puis regarde j?ai jouis aussi, c?est le principal.
L?homme ?tait un peu grognon, mais rapidement ? force de c?lin, de
baisers et de le laisser toucher son corps blanc et magnifique, il
reprit de l?assurance. Lorsqu?il eut fini de se doucher, il avait le
sourire aux l?vres. Il se rhabilla, laissant Anna qui pr?textait d??tre
?un peu assomm?e par le sexe?, et fier d?en ?tre responsable, et laissa
une enveloppe sur le bureau proche de l?entr?e.
Sit?t parti, Anna se leva, ? moiti? nue, traversa directement
l?appartement pour r?cup?rer l?enveloppe. A l?int?rieur, 500 $, une
paire de jolies boucles d?oreilles, une carte de visite not?e d?un petit
mot gentil, et une invitation ? le retrouver la semaine suivante ? Las
Vegas pour la fin colloque suivi d?une soir?e au casino. Elle devait s?y
rendre ? 19h.
Il ?tait cardiologue.
Anna eut un petit sourire, puis retourna vers le lit en prenant un verre
de vin rouge dans le mini-bar en passant. C??tait une grosse prise
qu?elle avait faite.
Maxime se r?veilla soudain, en pleine nuit. Il sentait encore le sourire
sur ses l?vres, et son c?ur battre ? tout rompre. Dans la pi?ce, il
entendait la respiration r?guli?re de No?mie.
- No?mie?
- Mmmhhh.....Max....quoi...je...je...
- No?mie? R?veille-toi!
- Hein? Quoi? Qu?est ce qui se passe?
La jeune femme se redressa soudainement, compl?tement d?sorient?e. Elle
chercha ses lunettes de sa main gauche, avant d?allumer la lumi?re.
- J?ai une id?e! Je crois que j?ai une id?e!
- Hein? Mais...mais...?a peut pas attendre demain? Il est quelle heure?
- No! Je sais o? on va aller. Dans une semaine, on doit ?tre ? Las
Vegas. Anna de mes r?ves y sera aussi!
- Tu...tu as r?v? d?elle encore?
- Je n?ai pas r?v? d?elle! Je suis elle No?mie! Tout est clair
maintenant!
- Mais.....hein? Qu?est-ce que tu racontes Max...euh....Anna?
- Attend, attend. Attend. Je r?fl?chis. Et si...et si...
- Et si quoi?
- Et si....
- ...
- Et si c??tait elle la vraie moi, et que moi j??tais le r?ve? Comment
je le saurais? Comment je pourrais ?tre s?r?
Il y eut un silence. Maxime se tourna vers elle.
- Qu?est-ce que tu en penses?
- Tu voudrais dire que...je n?existe pas vraiment, ni tes parents, ni
tout ?a, que c?est juste dans ta t?te? Tu imagines ce que ?a signifie?
- Que je suis folle? Que je suis fou, pardon?
- Oh, tu peux y aller, tu te trompes tout le temps. Oui, que tu es fou!
- On va aller ? Vegas, et l?, on verra bien. Et puis, tu sais, ?a
voudrait surtout dire que moi non plus je n?existe pas vraiment. Qu?on
est tous une partie de mon cerveau malade.
- Et Gavay, alors on ne va plus le voir?
- Si c?est ce que je crois, ?a n?est pas n?cessaire. Comme les autres,
il ne dira que des choses vagues. Tu n?as pas remarqu?? Tu me suis,
comme si tu n?avais pas de vie, je ne peux me souvenir de rien de
nouveau, tous les gens ne me disent que des choses vagues, impr?cises.
Je n?ai pour ainsi dire rien appris que je ne sache ou ne pense d?j?.
Tout est flou! C?est comme un r?ve! Demain ce qu?on va faire, c?est que
tu vas me chercher des fringues pour aller au casino, et nous y serons,
dans une semaine.
- Oh...comme tu veux Anna. Tout ce qui peut t?aider, tu le sais bien.
- Oui, justement, je le sais trop bien.
A partir du lendemain, le cerveau de Maxime tourna ? pleine r?gime. Il
fallait planifier soigneusement ce qui allait se passer. C??tait dans
ces moments qu?il ?tait le meilleur. Comme un programme ? coder, une
architecture ? inventer, encore une fois. Avec No?mie ils retourn?rent
tous les sc?narios possibles, ce qu?ils devaient dire ou faire. Ils
s??taient mis d?accord pour y aller une heure avant le rendez-vous, que
No?mie s?installerait dans le casino, ? port?e de vue, et que Maxime
attendrait au bar. Maxime esp?rait pouvoir rep?rer Anna, mais craignait
les r?actions si des personnes les reconnaissaient; puis, il se dit que
?a n??tait pas possible. Qu?il se passerait ?quelque chose?. Que se
passerait-t? il quand il se retrouverait nez ? nez avec elle?
Secr?tement, il esp?rait surtout qu?il ne se passerait rien. L?id?e
qu?il n?existait pas ?tait perturbante. Ses r?ves la nuit avaient perdu
en intensit?, mais il n?avait pas oubli? le visage de l?homme ni ses
fossettes.
Les jours d?fil?rent rapidement. Maxime prit rendez-vous dans un salon
de beaut? pour ressembler le plus possible ? celle dont il songeait. En
premier il se rendit chez le coiffeur pour avoir la m?me coupe que son
r?ve, 5 cm de pointes en moins et un peu plus de volume, ainsi qu?un
blond plus clair encore, un blond ?de call-girl?, comme lui dit No?mie.
Ses cheveux brillaient comme un soleil jusqu?? ses reins lorsqu?ils
?taient d?tach?s. Il se fit ensuite poser de faux ongles, tr?s longs,
comme l?Anna de ses r?ves. Puis, il acheta tr?s cher une robe et des
talons assortis pour ?le jour J?. La robe ?tait beige et rose pale. Le
tissu ?tait cousu avec des petits cristaux et brillait quand elle
passait sous un projecteur. Dans une lumi?re plus tamis?e, les mailles
du tissu laissaient entrevoir sa chair pale. La robe ?tait dos nu, et le
d?collet? ?tait quant ? lui tr?s g?n?reux, et il devait rester bien
droit pour ne pas montrer toute sa poitrine. Les talons de 13 cm ?taient
assortis et poss?daient une plateforme avant comme c??tait ? la mode.
Tout en lui criait ?poule de luxe?, mais le pire ?tait qu?il ne se
sentait m?me pas g?n?, car personne ne le regardait. Beaucoup de filles
avaient ce genre de ?look?. Il avait juste l?air d?une h?tesse de
casino, toutes blondes platine, aux talons vertigineux, grands yeux
bleus de poup?e, mini-jupe et d?collet?. No?mie elle ?tait beaucoup plus
nerveuse. Elle ne se sentait pas du tout ? l?aise dans ce milieu plein
d?argent et de faux-semblants. Les touristes et ?tudiants emplissaient
les rues autour d?eux. Parfois un jeune homme saoul tentait d?approcher
Maxime pour lui arracher un baiser, mais n?insistait m?me pas vraiment
en voyant qu?elle ?tait ?aveugle?.
Enfin, ils arriv?rent au casino ? 18h. No?mie s?installa pr?s de
l?entr?e, et Maxime put retirer ses lunettes noires. Il pivota
imm?diatement et en sautillant se rendit pr?s du bar. De l?, il fit un
signe ? No?mie qui observait la salle.
- Excusez-moi, mademoiselle, vous prenez quelque chose? lui demanda le
barman.
- Oui, s?il vous plait...un blue lagoon?
- Tr?s bien mademoiselle.
Tandis que le barman pr?parait son cocktail favori, Maxime regarda la
salle. Aucune trace du cardiologue, aucune trace d?Anna. Il allait
falloir ?tre patient.
Alors qu?il attendait depuis environ 15 minutes et entamait son deuxi?me
blue lagoon, un homme vint s?asseoir juste ? c?t? de lui, au bar.
- Bonjour, puis-je m?asseoir ? c?t? de vous?
- Oui...bien s?r.
- Vous attendez quelqu?un?
- En quelque sorte.
- Un homme chanceux, j?imagine.
Maxime regarda les traits du visage de l?inconnu. Un petit sourire
ornait son visage de trentenaire. Il venait au casino pour s?amuser.
- Un homme chanceux, surement, oui, lui r?pondit-il en souriant ? son
tour. Que voulez-vous?
- Oh, j?attends des amis. Ils ne vont pas tarder. Je me suis dit que ?a
serait mieux d?attendre ensemble, en bonne compagnie.
- D?accord. Je m?appelle Anna. Sans H au d?but. Et vous?
- Moi? Je m?appelle L?onard. Mais vous pouvez m?appeler L?o, comme tout
le monde.
- L?onard? Oh, comme c?est original.
Ce pr?nom disait quelque chose ? Maxime. Quelque chose de profond?ment
enfoui en lui. Encore une fois il eut l?impression d?une conservation
qui aurait lieu dans une pi?ce ? c?t?.
- Vraiment? Vous ne venez pas d?Italie alors!
- Vous oui? Vous ne semblez pas avoir d?accent...
- Non, moi non. Mais ma famille oui! Ils sont arriv?s dans les ann?es
40. Et vous...?tes fran?aise? Vous n?avez pas l?air tr?s russe, malgr?
vos beaux yeux.
- Merci. (Il rougit). Oui je suis fran?aise. Enfin je crois. Mais je
vis ici ? pr?sent.
- Ici ? Vegas? Vous travaillez ici?
- J?ai un rendez-vous. Mais, oui, je travaille ici.
- Oh je vois. Et ce ?rendez-vous? va venir vous retrouver ici, c?est ?a!
C?est amusant, d?ailleurs, parce que mes amis et moi aussi avons
?rendez-vous? un peu plus tard.
Maxime se sentait un peu d?stabilis? par le ton de L?onard.
- Que...que voulez-vous dire?
L?onard posa sa main fraiche sur la cuisse d?voil?e par la jupe fendue.
Il ajouta alors doucement.
- Vous savez de quel rendez-vous. Mais ?a n?est pas un probl?me! Vous
avez raison d?en profiter vous ?tes tr?s belle! Et puis ce ne sont pas
les hommes riches qui manquent.
Maxime ne savait pas comment r?agir. Il le regarda, sans repousser sa
main sur sa cuisse. L?onard s?approcha alors tr?s lentement de son
visage et lui dit tout bas.
- Tu es tr?s excitante comme ?a. Et ta robe est magnifique. Combien tu
prends pour une nuit?
Tandis qu?il lui parlait, Maxime sentait qu?il avait remont? sa main
jusqu?? l?int?rieur de sa cuisse qu?il la tenait fermement. Il sentait
sa poitrine se contracter d?excitation, et sa respiration ?tait plus
courte. L?onard ?tait ? moins de 10 centim?tres de son visage ? pr?sent.
- Je...le prix n?est pas encore d?fini. ?a sera...un cadeau,
et...combien il voudra.
- Oh, je vois, madame n?est pas bassement prostitu?e.
Le casino ?tait presque plein. Pourtant, soudain, c??tait comme s?il
?tait vide, et qu?il n?y avait plus qu?eux deux. Maxime pouvait lire
tous les d?tails de son visage, chaque poil de sa courte barbe, chaque
micro-ride de ses yeux. Lentement, L?onard leva son autre main, et, du
revers de ses doigts, caressa l??chancrure de sa poitrine et le bout de
ses seins au travers du tissu de sa robe. De son autre main, il finit
par atteindre son entrejambe et posa sa paume sur son p?nis,
heureusement couvert par plusieurs couches de protection. Il ne sentit
rien.
- Je vais te baiser, l?, maintenant, devant tout le monde, et je ne vais
pas te payer du tout. Est-ce que ?a te tente, Anna?
Son regard ?tait hypnotisant. L?homme d?gageait une telle assurance, une
telle virilit?, qu?il en avait le souffle coup?. D?un signe, il
acquies?a. Tout se passa alors tr?s vite. L?onard s?approcha encore de
quelques centim?tres, tout son corps presque coll? au sien. Il colla
alors ses l?vres aux siennes, soud?es, et rapidement, leur baiser fut un
?change ?lectrisant de langues. De sa main, il finit par trouver son
t?ton, et le roula doucement entre ses doigts, au vu de tout le monde.
Maxime eut un court g?missement, et instinctivement, il ?carta les
cuisses. L?homme profita de ce mouvement pour poser son autre main, ?
l?abri des regards sous le tissu de sa robe, ? plat, trois doigts pos?s
sur son tanga. Puis, fermement et r?guli?rement, il tourna ses doigts
autour de son sexe, en changeant de rythme, de profondeur, toujours sans
ne rien voir de sa ?bizarrerie heureuse?, comme lui avait dit un client
une fois.
Priv? de sa possibilit? de respirer normalement, Maxime sentit tr?s vite
l?excitation monter, et en quelques secondes, il ferma ses jambes en
jouissant violemment et ?crasa la main de L?onard entre ses cuisses.
Puis il repoussa gentiment le jeune homme, le souffle court.
- Pfffffff...c??tait...
- C??tait bien?
- C??tait intense. Par contre, tu as du rouge ? l?vre partout. Et moi je
dois aller me remaquiller!
- H?? Attend?
- Quoi?
- Merci de m?avoir permis! Je te trouve vraiment tr?s belle, je n?aurais
jamais os? t?aborder sinon. Tu devrais faire autre chose de ta vie! Top-
model ou actrice ou je sais pas...mais tu es vraiment belle! Tout ? fait
mon genre de fille, en tout cas!
- M....merci! r?pliqua Maxime qui tremblait encore sur ses talons.
Le casino ?tait plein ? pr?sent. Maxime se pr?cipita jusqu?aux
toilettes, et refit rapidement son rouge ? l?vre qui avait coul?. Un
l?ger brouillard d?ivresse la faisait vaciller, mais son habitude lui
permettait de se maquiller de m?moire. Elle eut soudain l?impression
qu?elle ?tait l? depuis tr?s longtemps, dans un long vertige, et d?
s?asseoir pour reprendre son souffle. Elle resta ainsi un certain temps.
Une fois remise, elle se rappela que No?mie ?tait assise, et devait
surement attendre, elle aussi. Elle esp?ra secr?tement qu?elle n?avait
rien vu de son ?change avec L?onard.
Sit?t ?merg?e des toilettes, elle se dirigea droit vers la table proche
de l?entr?e o? l?attendait son amie.
Un couple ?tait assis est ?tait en pleine discussion.
- Excusez-moi, est-ce que vous auriez vu une jeune femme, brune, cheveux
court, assise ici?
La jeune femme la regarda d?un air ?trange et lui fit comprendre que
non.
- Mais vous ?tes s?rs? Vous ?tes arriv?s depuis longtemps?
- Ecoutez, je ne sais pas qui vous ?tes, mais non...nous sommes l?
depuis une heure environ, et nous n?avons vu personne, je vous assure!
Maxime se retourna pour regarder l?heure ? l?horloge du casino. Il ?tait
18h47. Il ?tait l? depuis moins d?une heure. Peut-?tre se trompaient-
ils. Mais o? ?tait No?mie? Elle s?excusa aupr?s du couple, puis
interpella le serveur.
- Excusez-moi...auriez-vous vu une jeune femme, elle est arriv?e en m?me
temps que moi, elle ?tait assise ? cette table, on est arriv?es vers
18h?
- Vers 18h vous dites? Je...je ne sais pas je n??tais pas l? ce moment-
l?. Demandez ? mon manager?
Maxime se sentait oppress?. Quelque chose ne tournait pas rond.
Pourquoi, soudain, No?mie serait partie? Pourtant, avant que L?onard
n?arrive, elle lui avait fait un petit signe. Et elle ?tait toujours ?
cette table!
Elle connaissait cet homme.
- Bonjour Monsieur, excusez-moi! interpella ? nouveau Maxime. Le jeune
homme courait litt?ralement de table en table pour prendre les commandes
du bar.
- Oui, excusez-moi mademoiselle, je suis un peu press?, que d?sirez-
vous?
- Est-ce qu?il y avait quelqu?un avant ce couple ? la table l?-bas? On
est arriv?es vers 18h.
- Mmmhhh...vous ?tes arriv?e vous vers 18h environ, mais vous ?tiez
seule. Comme d?habitude, en fait.
- Comme...d?habitude...
- Mais oui, Anna! Vous allez bien, vous ?tes s?re? Vous n?avez rien pris
j?esp?re, vous savez on vous l?a d?j? dit qu?on ne voulait pas de
stup?fiant ou de drogu? ici.
- Non...non...je....n?ai rien pris.
- Bon je dois continuer mon service. Et je ne veux pas non plus savoir
ce que vous faites ici ni qui vous y rencontrez.
L?homme disparut dans la foule dense. Puis, presque en m?me temps, elle
reconnut la silhouette du cardiologue qui marchait vers elle. Il
s?approcha d?elle et lui d?posa un rapide baiser sur la bouche.
- Oh...Anna, je suis content de te voir, je pensais que tu m?attendrais
au bar. Mais je n?aurais pas pu te rater dans ta robe, tu es tellement
magnifique! Viens on va chercher une table s?il en reste une.
- Oui...je...d?accord...
Dans sa t?te, Maxime cherchait ? comprendre ce qui se passait. Et
qu?allait-il faire si Anna d?barquait, et qu?ils se retrouvaient face ?
face? Et o? ?tait pass?e No?mie? Ca n??tait pas normal du tout! Il
suivit n?anmoins le m?decin jusqu?? la table. Il avait command? une
bouteille de champagne, puis suivirent quelques sandwichs aux homards
comme Anna aimait en manger. Rapidement, l?alcool aidant, elle cessa de
se tourmenter: No?mie allait revenir, et quant ? Anna...il commen?ait ?
se dire qu?elle n??tait qu?une invention. Quelque chose dans sa t?te
r?sonnait, mais il d?cida de se laisser aller dans l?ambiance. Au bout
d?un certain temps, malgr? le brouhaha et la musique, il comprit que le
m?decin voulait lui dire quelque chose.
- Oh, Christopher, je vois que quelque chose te tracasse, dis-moi tout,
tu sais que je ne peux rien te refuser.
- Je....c?est difficile ? expliquer.
Maxime vit qu?il cherchait dans son sac et qu?une enveloppe en
d?passait.
- Christopher!...ne parlons pas argent. On r?glera ?a plus tard. Est-ce
que c?est tout ce que je suis pour toi?
- D?sol? Anna...je...je ne suis pas un habitu?....contrairement aux
apparences...et puis...ta diff?rence...
- Ma diff?rence ne change rien, je suis une professionnelle, on ne r?gle
pas ?a comme ?a, devant tout le monde. Qu?est-ce que tu voulais me
demander alors?
- Voil? je...nous sommes deux. Est-ce que ?a te d?range?
- Oh! ?a?
Maxime-Anna ?clata de rire. ?a n??tait donc que ?a! Il avait craint un
instant que la demande soit d?gradante ou dangereuse.
- Non, bien s?r. Mais puisque tu veux parler d?argent...
- Oui, je r?gle pour lui. C??tait ?a que je voulais te dire...
- Ne sois pas g?n? pour ?a. Je ne suis pas g?n?e du tout moi. On ne fait
rien de mal.
- Je lui ai donn? rendez-vous ? 21h. Est-ce que ?a te convient?
- Oui ?a me convient, ?a nous laisse encore un peu de temps pour
profiter de cet endroit magique!
Une fois la bouteille de champagne termin?e, Maxime s?aper?ut qu?il
avait tr?s chaud. Il en ?tait d?j? ? son 5?me verre depuis son arriv?e,
et sa vue ?tait trouble. Dans sa t?te, tout se m?langeait, et il
n?arrivait ? se concentrer sur rien. Tout ce qu?il faisait c??tait rire
d?s que le m?decin le faisait rire, et le pousser ? continuer ? parler.
Il avait conscience qu?il sortait de son cadre professionnel, et qu?il
ne fallait pas boire avec un client, mais il sentait qu?au fond de lui,
plein de choses ?taient en train de d?raper, soudainement. Puis, apr?s
un dernier verre de vodka qu?il prit avec Maxime, il lui indiqua que
?son ami? ?tait arriv?.
Maxime tourna la t?te lentement pour ?viter le roulis et vit arriver un
homme musculeux, mais bien mis sur sa personne. Ses cheveux blonds
?taient longs et boucl?s, comme les siens, mais il d?gageait une forme
de virilit? absolue. Ses muscles saillaient sous son t-shirt blanc de
marque, moulant, et, lorsqu?il arriva pr?s du docteur, il l?enserra
puissamment dans un long baiser.
- Anna, je te pr?sente Victor, un ami avec qui nous faisons parfois des
vir?es ici. Victor, c?est Anna, dont je t?ai parl?.
- Bonjour Anna, enchant?!
Victor s?approcha d?elle, et posa sa main chaude sur le dos nu de sa
robe. Il approcha son visage et la regarda un instant avant de
l?embrasser sur la bouche, comme pour son ami, puissamment.
A bout de souffle, le baiser termin?, Anna sentait son corps tendu par
l?excitation et l?alcool. Le nouveau venu prit le temps de boire un
verre avant de dire que c??tait le temps de partir. Christopher se leva
alors pour lui tendre son bras pour qu?il se l?ve, et tous les trois ils
quitt?rent alors le casino.
Dehors, la nuit ?tait tomb?e, et Anna sentit la fraicheur de l?air
p?n?trer dans tous les interstices de sa robe. Il avait un peu transpir?
dans la salle surchauff?e.
- Il est si tard? Quelle heure est-il? demanda-elle en se tournant
gracieusement vers son nouvel ami, Victor.
- 21h39, d?j?!
- Oh,...d?j?....2h et demi dans le casino, ajouta Anna dans un d?bit
h?sitant.
- ?a va aller? s?enquit Christopher? Elle a beaucoup bu, ajouta il pour
Victor.
- Oui...juste prendre l?air frais, et la voiture, ?a va aller, ne
t?inqui?te pas. Je suis ouverte ? toute exp?rience!
- Oh, je n?en doute pas, r?pondit Victor en souriant.
Dans sa t?te, Anna pensait qu?il manquait quelque chose; elle devait
penser ? quelque chose, mais elle avait oubli?.
Tant de choses qu?elle oubliait, dans sa vie.
Christopher les laissa un instant sur le trottoir, durant lequel deux
voitures ralentirent, leur occupant tournant la t?te pour regarder Anna.
Victor lui parla directement.
- Tu aimes faire tourner les t?tes?
- Mmmhhmmhh, acquies?a Anna. C?est un sentiment....c?est agr?able. On
s?y fait. Tant que c?est respectueux.
- Tu es tr?s belle en tout cas. Encore plus belle que ce que Christopher
m?avait dit.
- Merci beaucoup! Tu le connais depuis longtemps?
- Oh oui...on se voit parfois. Il est tr?s ouvert tu sais.
- Oui je vois ?a.
- Tu vas voir il a pr?par? une surprise ? l?appartement.
- Pas de drogue au moins? J?essaye d?arr?ter, j?avais un peu forc?e la
dose ces derniers temps...?a me donnait mal ? la t?te et j?avais des
passages ? vide.
- Non, c?est plus coquin! Tu vas voir.
Elle sourit. Le trouble qui l?habitait tout ? l?heure avait disparu.
Ils s?install?rent, Victor et elle, ? l?arri?re du gros v?hicule.
Christopher avait insist? pour que Victor monte ? l?arri?re afin ?qu?ils
puissent faire connaissance un peu, au moins?. Mais, en mati?re de
discussion, rapidement, leurs visages s?approch?rent, et ils conclurent
leur premi?re phrase d?un long baiser. Puis, leurs deux masses de
cheveux se m?lang?rent, et, tandis que la voiture avan?ait au pas dans
les embouteillages nocturnes, Victor et Maxime s?embrassaient ? en
perdre haleine. Le corps lisse et souple comme un f?lin de l?inconnu
excitait Maxime au point de perdre toute raison ou prudence. Encore une
fois il sentait une alerte en lui: il n??tait pas professionnel, ce
n??tait pas ce qu?il devait faire l?. Intrigu? par leur silence relatif,
Christopher se tourna et leur dit ?h?, vous m?en laissez un peu quand
m?me!Il faut le laisser en forme pour quand on sera arriv?s!?, mais ils
n??coutaient d?j? plus.
Apr?s trois feux de circulation, la t?te pleine d?ivresse, Maxime se
sentit fermement pris par la taille. Instinctivement il d?grafa sa
ceinture de s?curit? pour se glisser sur le cuir des si?ges jusqu?? ?tre
tout contre Victor. Il sentait sa robe moulante tirer sous lui, et il se
rendit compte que le tissu de la jupe ?tait remont? jusqu?? ses sous-
v?tements. D?un geste, il voulut m?caniquement la ramener sur ses
cuisses, mais les deux mains de l?athl?te ?taient d?j? sur son ?lastique
et tirait lentement son mini short lac?.
- Tu me plais bien, tu sais...lui glissa t?il ? l?oreille.
- Oh oui? r?pondit il, en souriant, sans trop savoir quoi dire.
- Je veux te voir jouir une fois, l?, avant qu?on arrive.
- Chiche!
Il lui d?cocha un clin d??il accrocheur. Puis, il sentit l?autre main de
l?homme lui prendre la taille enti?rement. Il le tenait, presque ? bout
de bras. Tout ce qu?il eut ? faire c?est lever ses jambes, et se laisser
glisser jusqu?? faire un tour complet et se retrouver ? califourchon sur
lui. Leurs deux rideaux de cheveux les isolaient presque du reste du
monde. Tout ce que Maxime voyait de lui ?tait les lumi?res
intermittentes des lampadaires. Et son torse excitant. Tout ce qu?il
voyait de lui ?tait les mille lumi?res de sa robe paillet?e. Leur
?treinte dura un certain temps pendant lequel Maxime se sentit pris de
vertige. Il fit quelques gestes, de mani?re automatique. Il reprit
vraiment connaissance lorsque Victor lui murmura doucement pour que
Christopher ne puisse les entendre.
- Je vais te baiser tout de suite.
Maxime s?entendit dire plus qu?il ne pronon?a:
- Baise-moi. Maintenant.
Sans qu?il ne sache vraiment comment, il remarqua que son shorty ?tait
baiss? jusqu?? ses genoux et son soutien gorge sans bretelle d?graf?
s??tendait ? pr?sent dans le maigre espace entre deux. Il sentait la
peau de ses fesses contre le pantalon de Victor. Il sentait le liquide
ti?de et doux entre ses fesses, et dans son anus. Victor tenait ? la
main la bouteille de lubrifiant. La bretelle de sa robe ?tait descendue
jusqu?? son coude, et il voyait la peau nue de son sein englouti dans la
bouche luisante et la langue de Victor. Mais qui ?tait Victor d?j?? Il
avait d?j? oubli?. Il avait l?impression d?avoir d?j? fait ces gestes
des dizaines, des centaines de fois. Il avait d?j? oubli? qui il ?tait
lui-m?me...il baisait pour vivre, et il vivait pour baiser. Il ?tait l?
o? il devait ?tre ? pr?sent.
Lentement, il avan?a son bassin et recula son corps, puis ?carta les
jambes, jusqu?? sentir enfin son membre. Puis, doucement, il ?carta les
jambes, et enfin, il le sentit en lui. Victor ?tait chaud, tendre, et
ferme.
Quelque chose n?allait pas toutefois. L?alcool, la fatigue? Il ne savait
pas. Il sentait le p?nis de Victor, gonfl? ? bloc, descendre et monter
en lui. Il sentait son c?ur battre, int?rieurement. Il s?entendait
g?mir, mais tout ?tait assourdi. Tout ceci dura un certain quand
soudain, il sentit un courant d?air frais venir de la porte.
- H?, mais vous m?avez vraiment pas attendus!
Christopher ?tant debout devant la porti?re. La voiture s??tait arr?t?e
devant une villa magnifique. La piscine, r?tro?clair?e faisait para?tre
bleu son visage.
- T?inqui?te, Anna est chaude comme la braise, on a pas fini la soir?e!
Victor se retira de lui et glissa en un geste hors de la voiture.
H?sitant, Maxime rapprocha ses jambes et s?appuya sur le bras galant de
Christopher pour sortir. Il sentait son entrejambe humide du lubrifiant;
Victor ?tait parti avec son shorty et sa mini robe couvrait ? peine son
fessier.
- Et voil?, regarde! On est arriv?!
- C?est...c?est ta maison?
- Mais non, b?ta, je l?ai lou?e pour deux jours. C?est une application
pour faire des soir?es priv?es, des stars en vacances louent leur villa.
Viens on va visiter ensemble.
Un bras tenu par Victor, l?autre par Christopher ils franchirent
ensemble la grande porte pour d?couvrir une villa comme Maxime ne
pensait pas qu?il s?en faisait encore. Tout ?tait luxe. Mais pour lui,
au fond, il avait d?j? vu dix fois ce genre de chose. Il savait
simplement qu?il fallait faire mine de s?extasier car Christopher avait
r?ellement d? payer ?a cher pour lui.
- H?, Anna, dis-moi, comment fais-tu pour marcher si facilement avec des
talons comme ?a. La plupart des filles que je connais, les abandonnent
pour marcher pieds nus d?s qu?elles peuvent!
- Oh, je sais pas trop Victor...aussi loin que je me rappelle j?ai
toujours su marcher avec. Tu sais, c?est inn? chez moi, un m?decin une
fois m?a dit que j?avais une bizarrerie au pied et que j??tais ? l?aise
comme ? plat avec des talons haut. C?est supers non?
- Oui! Et puis t?es tellement sexy avec...
- Bon, mais vous arr?tez de parler orthop?die. Normalement si tout se
passe bien il y a une surprise dans le salon et....voil?!
Le salon ? une pi?ce de 90 m? - affichait miroirs ? cadres dor?s, vue
magnifique sur la ville au loin. Le jour, on devait voir le d?sert ?
perte de vue. Au milieu de la pi?ce tr?nait, sur une table en verre et
acier noir, une pi?ce mont?e de taille modeste. Des bouteilles de
champagne encadraient le g?teau.
- Voil?...bon...hum...je suis ici en fait avec Victor pour f?ter...une
grande r?ussite professionnelle, et j?ai d?cid? de me faire plaisir
avant de quitter la r?gion. Toi, lui, la maison, tout ?a, c?est ma
soir?e de d?part!
- Oh, mais c?est fantastique, bravo! ne put s?emp?cher de dire Anna.
Elle savait qu?il fallait toujours flatter les clients et les
encourager, quelle que soit le pourquoi. Cela faisait partie du travail.
Et puis le cadre ?tait vraiment fantastique.
Ils se mirent ? l?aise, et tandis que Christopher cherchait comment
allumer toutes les lumi?res et des couverts pour servir la pi?ce mont?e,
Maxime se sentit encore une fois tr?s attir? par Victor, si bien que
lorsque le m?decin revint, il ?tait ? ? nouveau ? sur ses genoux en
train de l?embrasser, ? califourchon sur lui. Sa robe avait ?t?
largement tir?e vers le bas, et sa robe laissait appara?tre de larges
morceaux de ses fesses et toute sa poitrine magnifique. Il ne se rendit
compte de l?existence de Christopher derri?re lui que lorsque celui-ci
mit sa main sur son dos. A peine tourna-il son visage que Christopher, ?
son tour l?embrassa ? pleine bouche, tandis que Victor ouvrait son
pantalon, pour la deuxi?me fois de la soir?e, pour le prendre par en
dessous.
- Attendez...attendez...j?ai une id?e, dit le jeune m?decin ? peine sa
bouche d?livr?e de celle de Maxime.
Victor leva les yeux pour suivre l?homme qui se dirigea vers l?immense
table au milieu du salon.
- Anna, enl?ve ta robe ?a sera mieux...puis, vient te mettre l? par
terre.
Victor se leva pour aider Christopher, et, ensemble, ils badigeonn?rent
Maxime de la pi?ce mont?e, avant de s?en enduire le sexe ? leur tour. A
demi-couch?e, compl?tement ivre, Maxime-Anna ?tait en pleine crise de
fou rire, avant de s?apercevoir, en plus, que la pi?ce mont?e ?tait
d?licieuse.
- Maintenant, ? trois on la l?che! Trois, deux un...
Pendant que les deux hommes faisaient de leur mieux pour chacun lui
l?cher un sein, Maxime cherchait ? au moins atteindre le sexe d?un des
deux hommes. Elle put facilement atteindre celui de Christopher, et se
remplit la bouche de cr?me et de p?nis.
Puis, soudain, un flash envahit ses yeux. Elle tenta de ciller et de
d?ciller, mais rien n?y faisait. C??tait comme si un ?clair blanc ?tait
dans la pi?ce. Elle sentait toujours les langues, les p?nis, les doigts,
la caresser de partout. Elle sentait l?excitation monter en elle, mais
elle n??tait plus vraiment l? non plus. Le sentiment familier de
conversation dans la pi?ce ? c?t? ?tait de plus en plus fort. Elle
voulut parler, mais se rendit compte que le p?nis de Christopher avait
doubl? de taille, et que tout ce qu?elle pouvait faire ?tait suivre la
cadence et faire ce qu?elle savait faire. Elle vit comme au ralentit
Victor se retirer, se lever, puis elle sentit ? nouveau l?homme se
serrer contre ses reins et la p?n?trer. A quatre pattes, elle se releva,
et sur ses genoux entama une fellation plus classique ? Christopher qui
?tait sur le dos, et la contemplait. Elle entendit Victor lui parler
- Allez, Anna,l?che l?che l?che, il y a d?autres parts apr?s tu sais!
Le flash devint alors un soleil. Puis, soudain, le soleil prit forme, et
Maxime en vit sortir une forme humaine, litt?ralement, dans la pi?ce.
C??tait Gavay. Il ?tait habill? comme le dernier jour qu?il l?avait vu.
Il entendit alors une conversation sortir de la pi?ce.
- Et bien...M?lissa me dit que tu ne vas te souvenir de rien du tout de
cet ?change, je peux bien te dire la v?rit?, si tu veux. La v?rit?,
c?est que je me fiche de ton consentement, que tu n?auras aucune
compensation, et que depuis le d?but nous faisons ce que nous voulons de
toi, que tu as servis mes int?r?ts, et qu?on a gagn? beaucoup d?argent
gr?ce ? toi.
- Je...mais...
- La v?rit?, Anna, c?est que tu n??tais pas du tout volontaire pour
devenir une femme non plus! Nous avons modifi? tes souvenirs pour ?a, et
maintenant tu le crois. Et comme pour le reste, lorsque nous en aurons
fini avec toi, tu croiras que tu ?tais aussi d?accord avec cette
histoire d?orientation sexuelle!
- Mais...
- Et la v?rit? Anna, c?est que je vais couper le micro, et que dans une
minute tu seras partie au pays des r?ves! Nous allons tenter une
derni?re exp?rience en m?me temps que le r?alignement, et j?esp?re que
?a marchera mieux qu?avec Emily, sinon nous aurons une autre secr?taire
simplette. Ou peut-?tre ? l?accueil. Ou peut-?tre pour t?offrir aux
clients fortun?s en r?cr?ation, apr?s tout, ?a te rappellera tes sorties
?tudiantes!
Soudain, ce fut comme une explosion. Il se rappela de M?lissa qui avait
tent? une exp?rience de la derni?re chance pour lui sauver la m?moire.
Il se souvint de sa peur dans les derni?res secondes. Peur du noir
complet.
Puis, soudain, ce fut le noir.
Lorsqu?il reprit connaissance, Maxime ?tait dans un lit King-Size, entre
Victor et Maxime. Il sentait le go?t du sperme dans sa bouche, et
sentait son anus dilat?, et son corps d?tendu comme apr?s une s?ance de
sexe prolong?e.
Il faisait totalement nuit, et les deux hommes ?taient endormis. Il
?tait 5h23.
Quoiqu?il se soit pass?, il avait ?fonctionn?? jusqu?? la fin.
Couch? entre les deux hommes, parfaitement ?tendu sur le dos, il laissa
les souvenirs venir ? lui. Un ? un.
Il se souvenait de tout. De ses ?tudes. De son stage. De L?onard. De
Joshua. Du bateau.
De tout.
Il se souvint alors, d?un coup, d?avoir ?t? d?barqu? juste avant
l?op?ration de police, par Gavay. Puis, il se souvint du chaos, de la
confusion, et du fait qu?il s??tait retrouv? libre sans vraiment savoir
o? aller. Il se rappela, enfin, d?avoir ?t? pris en auto-stop jusqu??
Las Vegas, puis, l? d?avoir rencontr? diff?rentes personnes...puis
d?avoir fini l? o? il ?tait.
Sa famille. Il fallait qu?il les contacte!
Et No?mie!
Toutes ces personnes n?avaient donc aucune nouvelle de lui depuis tout
ce temps. Et c??tait son esprit, renferm? dans la petite bulle que
M?lissa avait sauv?, qui vivait, luttait, pour lui faire souvenir, et
qui le travaillait, jour apr?s jour. Qui lui avait rappel? leur
existence, et avait pris leur forme pour le faire chercher, encore, et
encore, une solution, une id?e, le ramener ? la r?alit?.
Seul dans le lit, il sourit.
Soudain, il se d?gagea doucement du lit sans r?veiller les deux hommes,
puis, ? pas de loup, nu, marcha jusqu?? son sac ? main. Il ouvrit la
terrasse et sentit l?air frais de la nuit le faire frissonner. La
lumi?re du t?l?phone ?claira son visage, puis de ses ongles longs, il
tapa de m?moire le num?ro de t?l?phone portable de sa famille. Il
entendit l?appel sonner plusieurs fois avant qu?une voix famili?re ne
d?croche.
- Allo? Qui est ? l?appareil?
- Maman? C?est moi. C?est Anna.
- Anna? Mais...Maxime?
- Oui. C?est moi.
Fin.