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Christ - Version rouge Par TFancred Dimanche D'aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours ?t? le plus grand de ma classe. D?j?, ? la petite ?cole, je d?passais mes camarade d'une bonne t?te. ? l'?poque, je ne peux pas dire que j'?tais particuli?rement studieux. On pourrait dire que je pr?f?rais l'?ducation physique ? l'?ducation elle-m?me. Ce n'est qu'? la fin de mes ann?es de licey que j'ai d?cid? qu'il serait peut-?tre temps de me reprendre en main. Bon, ma situation n'avait rien de catastrophique, mais je devais quand m?me faire des efforts si je voulais avoir un emploi moindrement int?ressant. ? l'?poque, je venais de d?couvrir la trilogie originale de Indiana Jones. Comme le quatri?me opus de la s?rie sortait en salle, je me suis dit qu'il serait pour le moins souhaitable de me taper ses trois pr?d?cesseurs. Bon, j'ignorais alors que je serais horriblement d??us par la derni?re nouveaut?, mais ce n'est pas ce qui importe pour l'instant. Ce qu'il faut retenir, c'est que j'ai d?couvert ces films ? l'instant o? j'ai d?cid? de me concentrer sur mes ?tudes. C'est donc ainsi que, suivant les azars du syst?me d'?ducation, je me suis retrouv? ? L'UQAM (Universit? du Qu?bec ? Montr?al) ? ?tudier l'anthropologie. On pourrait qualifier mon premier cours dans ce domaine de surprise. Le professeur, un certain Henris Lahaie entre dans l'auditorium, ne dit pas un mot, ?teins les lumi?re et nous pr?sente les cinq premi?res minutes du premier Indiana Jones. Ce furent probablement les cinq plus belles minutes de ma vie. Tout le monde m'avait dit, jusque l?, que l'arch?ologie et l'anthropologie n'avaient rien ? voir avec ce qu'on voyait au cin?ma. J'?tais si heureux que je n'ai m?me pas remarqu? que le professeur se dirigeait vers l'interrupteur pour ouvrir la lumi?re. Un ?claire de douleur m'aveugla une seconde alors que j'entendais le professeur Lahaie commencer son cours: ?Voici ce que n'est PAS l'arch?ologie. Pour votre gouverne, sachez que les pierres g?antes qui tentent de nous ?craser ne font pas parti de notre description de t?che. Aussi, mon imminent coll?gue, le docteur Jones a justement d?montr?, ici, comment corrompre le contexte d'une trouvaille arch?ologique!? Ce fut un dure r?veil. Malgr? tout,je m'accrochai et me voici maintenant en derni?re ann?e d'Anthropologie. C'?tait les derniers jours de la session d'automne: d?j? la neige avait recouvert la ville de Montr?al et moi, de mon c?t?, j'en ?tais ? r?diger un travail d'anthropologie des religions. Avec moi se trouvait un de mes meilleurs amis. Bien que son v?ritable nom ait ?t? Mathieu, j'avais pris l'habitude de le surnommer minus non pas parce qu'il ?tait particuli?rement petit, mais plut?t parce que, du haut de mon m?tre quatre-vingt-douze, je le d?passais d'une bonne trentaine de centim?tres. Il ?tait blond, d'une bonne carrure et portait des lunettes qui lui donnait des airs d'intello. Comme je ne l'ai jamais vu porter de verre correcteur avant notre entr?e ? l'universit?, je le soup?onnais d'avoir achet? ces binocles pour se donner un style. -Christopher, peux-tu me pr?ter le livre de truc machin... Je regardai autours de moi pour trouver le livre dont il parlait. -Tu ne vas pas citer ?ric Chauvier dans un travail de religion! ?a n'a rien ? voir avec... -?a a peut-?tre rien ? voir, mais Gauthier veut des citations de quatre livres diff?rents, alors... -Tu sais que ?a ne te tuerait pas d'aller ? la biblioth?que pour une fois -Pourquoi passer des heures dans une biblioth?que quand mon vieil ami a tout ce qu'il faut -Tout ce qu'il faut? J'ai tout juste quatre livres! -Et Gauthier veut quatre livres diff?rents! Il y a de ces moments o? je soup?onnais Minus d'?tre venu en anthropologie juste pour faire comme moi. Bon, je ne m'en plaignais pas, apr?s tout, ?a rendait les longues heures de r?daction un peu moins ennuyantes. Cela dit, j'aurais parfois aim? le voir s'int?resser un peu plus ? la mati?re. -Bon, lan?a Minus en fermant le livre de Chauvier, il ne me reste plus qu'? le faire imprimer! -Tu es au courant qu'il te faut douze pages -? interligne double, ?a le d?passe amplement! Bon, je vais te laisser, moi, il faut encore que retourne ? la r?sidence! On n'a pas tous la chance d'avoir papa et maman qui habitent ? c?t? de l'universit?! -T'es jaloux ?Il me lan?a un large sourire et partit sans plus de c?r?monie. De mon c?t?, il ne me restait plus qu'? traduire une vieille inscription celtique et ce travail serait termin?. Pour des raisons que vous comprendrez bien assez t?t, je ne copiai pas cette inscription ici. Je me contenterai de dire qu'elle signifiait, en gros: ?Je t'appelle en moi, qu'ainsi nous ne fassions qu'un?. J'ai bien du lire l'inscription celte une centaine de fois avant d'arriver ? la traduire en entier. Ce qu'il y a de particulier avec ces langues nordiques, c'est bien leur alphabet: tr?s ?loign?es de nos lettres romaines, leur transcription est parfois tr?s approximative. Ainsi, m?me avec un dictionnaire, il peut-?tre excessivement compliqu? pour un d?butant (ou un ?tudiant de premier cycle) de d?chiffrer correctement une de ces inscription. Malgr? la difficult? de l'exercice, j'ai compl?t? ma traduction, j'ai sauvegard? mon travail pour aller l'imprimer le lendemain ? la premi?re heure. C'est ? ce moment que tout bascule: Je jette un coup d'oeuil ? mon r?veil, 22h42. Surpris que le temps ait pass? si vite, je me suis lev? et, sans raison apparente, je sis pris d'?tourdissements. C'?tait la premi?re fois que j'?prouvais ce genre de probl?mes. Inquiet, je me tra?nai jusqu'? mon lit o? je me laissai tomb? sous le regard espi?gle de mon ordinateur qui n'arborait rien d'autre qu'un fond d'?cran ridicule que Minus m'avait install? comme blague: Ferngully: les aventures de Zack et Chrysta... Le lundi rouge... Mon r?veil! J'ai oubli? mon r?veil! Je descendis l'escalier quatre ? quatre. Mes parents ?taient partis et moi, j'?tais rest? l? ? paresser! Il ?tait presque neuf heures, mon cours commen?ait ? 9h30 et je devais faire imprimer mon travail. Sans r?fl?chir outre mesure, j'attrapai un T-shirt rouge et une paire de jeans, j'engouffrai ma clef USB dans mon sac et j'?tais parti. Quinze minutes plus tard, j'?tais en file pour faire imprimer mon document. J'attendais depuis cinq minutes quand, je remarquai que le premier en fil ?tait Minus. M?me lui ?tait en avance. Le commis lui remit son document et il fit volte face pour se retrouver face ? moi. Premi?re surprise de la journ?e, il avait l'air plus grand qu'? l'habitude. Bah, pas beaucoup, peut-?tre cinq centim?tres. Mais tout de m?me. Alors qu'il me saluait, je tentais d'apercevoir ses chaussures. Il devait avoir des plate formes ou quelque chose, mais je ne voyais rien d'anormal. -Vas-tu cesser de regarder mes chaussures et me regarder quand je te parle. Je me redressai et le fixai dans les yeux. D?finitivement, il semblait plus grand. -Excuses-moi, tu disais -Tu t'es lev? en retard -Oui, j'ai oubli? de r?gler mon r?veil... Tu... Tu as l'air plus grand ou -Euh... Tu ferais pas un peu de fi?vre, Christ -Fais pas attention, je crois que je suis fatigu?! -SUIVANT! Sans m'en rendre compte j'?tais arriv? au bout de la file. Je salut donc Minus et donne ma clef USB au commis. Celui-ci ouvre le document et me demande sur quel papier je veux imprimer mon travail. Apr?s quelques secondes de r?flexion, je r?pondit: ?Vous avez du rouge?? Le commis me regarda comme si j'?tais un extra-terrestre. -Bien, on a u rose! -C'est mieux que rien! Apr?s un autre regard, le commis s'ex?cuta. *** -Cinq minutes de retard, cracha Minus entre deux bouch?es de pizza! -Je sais! -Cinq minutes de retard et un devoir en rose! -Je sais, pas de besoins de retourner le fer dans la plaie! ?a m'a co?t? dix pour cent, merde! -Je n'aurais jamais pens? vivre assez vieux pour voir ?a! Tu as ?tudi? pour l'examen de demain, au moins -?a, pas de besoins de me le rappeler! Je suis pr?t depuis trois semaines! Il faut juste que je n'oublie pas de r?gler mon r?veil ce soir! -?a n'emp?che pas que ?Cinq minutes de retard, monsieur Champagne!? Et tu as vu son expression quand tu lui as donn? ton document? Tu as fait ma journ?e! -Peut-?tre, mais ?a g?che la mienne! -Fais pas attention ? ce cours! Je suis certain que tu vas avoir une meilleur note que moi de toute fa?on! Tu manges pas ?a -Je regardai devant moi: je n'avais m?me pas touch? ? ma pointe de Pizza. Pour une raison plus ou moins nette, je n'avais pas vraiment faim. Je souris ? Minus et repoussa mon assiette. -Non, vas-y! Je crois que je vais rentrer! Je ne me sens pas tr?s bien! -Tout va bien -Oui, t'inqui?tes! Je dois couvrir un rhum ou un truc du genre! -O.K.! Mais fais gaffe! Un autre retard comme ?a pendent un examen avec Veilleux, ?a pardonne pas! -Je sais! En rentrant chez moi, je ne pouvais m'emp?cher de repenser ? ce cours. Qu'est-ce qui m'avait pris de faire imprimer ce devoir sur du papier rose? On aurait dit que c'?tait plus fort que moi: il fallait que je le fasse. Il y avait, pr?s de chez moi, une librairie dont la devanture est orn?e de miroirs. Ce n'est qu'en croisant mon reflet dans une de ces glaces que quelque chose me frappa: par le col de mon manteau, je pouvais voir mon t-shirt rouge. Je m'?tais habill? en rouge sans m?me m'en rendre compte. Je ne devais pas y penser. Tout rentrerait dans l'ordre apr?s une bonne nuit de sommeil! D?s que je suis rentr? chez moi, mes ?tourdissement me reprirent. Je me tra?nai jusqu'? ma chambre o? je r?glai mon r?veil pour six heures le lendemain matin et, je tombai dans mon lit, inconscient. Mardi: Trop grand? Il devait ?tre quatre heure quand je me suis finalement r?veill?. ? moiti? ?veill?, je roulais d'un c?t? puis de l'autre, tentant, en vain de sortir de mon lit. J'avais l'impression d'?tre perdu dans un oc?an de couverture entre-m?l?s. J'ai bien du mettre quinze minutes pour en faire surface. Par la fen?tre de ma chambre filtrait la lumi?re ambr?e des r?verb?res. Autours de moi dansaient les ombres famili?res anim?e par le ballet incessant des voitures allant et venant dans la rue. ? t?tons, je m'approchai du rebord de mon lit puis, je sautai en bas comme j'avais l'habitude de le faire depuis toujours. Cette fois, cependant, la chute me parut interminable au point qu'en touchant le sol, je m'?talai de tout mon long sur la moquette, laissant ?chapper un petit hoquet suraigu?. -Chryst, tout va bien, lan?a ma m?re qui entra ? la vol?e. Tu es encore tomb? du lit, mon ange -Encore -Ce n'est qu'? ce moment que je remarquai que quelque chose n'allait pas. Depuis des ann?es, j'?tais plus grand que ma m?re. Je la d?passais d'une bonne t?te et demi je n'?tait m?me plus aussi grand qu'elle. Sans attendre une seconde de plus, je me pr?cipitai sur l'interrupteur. Ce que je vit alors me fit frissonner: tout me semblait immense de mes meubles jusqu'? ma chambre en passant par mes v?tements. Tout ?tait d?mesur?. Comme si j'avais r?tr?ci d'au moins trente centim?tres. -Tu es certain que tout va bien -Est-ce que j'ai l'air d'aller? Regardes-moi! -Je ne vois rien de surprenant... -Je suis minuscule! -Pas plus que d'habitude... Cesse un peu de faire l'idiot et vas dormir! Il est encore t?t! Puis, elle s'en alla non sans me lancer un dernier regard inquiet. De mon c?t?, il ?tait hors de question que je me rendorme. Sur ma commode ?tait pos? un album photo. Il fallait que je me prouve ? moi m?me que je n'?tais pas fou. Cependant, ce fut un autre choque quand j'ai ouvert mon album: sur toute les photos figuraient un jeune gar?on plut?t petit et maigrichon et arborant une abondante crini?re noire. Moi qui ai toujours d?test? avoir les cheveux longs... Ce n'est qu'? cet instant que je r?alisai que mes cheveux, encore courts la veilles recouvraient maintenant compl?tement mes oreilles. Je tournai fr?n?tiquement les pages de mon album quand, tout ? coup ? coup je m'arr?tai. Je venais de tomber sur une photo de Minus et moi au parc aquatique. Nous devions n'avoir que sept ou huit ans et, pourtant, d?j? ? l'?poque, il ?tait plus grand que moi. Je ne pouvais pas rester comme ?a, c'?tait ridicule. J'ouvrit mon garde-robe et tentai, en vain, de trouver des v?tements ? ma taille, mais c'?tait en vain. M?me mes plus petits t-shirt faisait maintenant figure de chapiteau et mes jeans refusaient de tenir en place. J'ai bien tent? de les faire tenir en place avec une ceinture, mais c'?tait peine perdue: elles ?taient tous trop grandes. D?sesp?r?, j'ai utilis? une vieille paire de lacets pour m'en faire des bretelles. J'allais sortir de ma chambre quand je me suis retrouv? face ? face avec mon reflet. Quelque chose n'allait pas. J'?tais ?videmment minuscule mes v?tements risquaient de tomber ? tout moment, mais ?a n'avait rien ? voir. Je me sentais ridicule, mais pour une toute autre raison. Quelque chose n'allait pas. Je n'aimais pas le t-shirt que j'avais choisi. Je l'avais pourtant port? d'innombrable fois et c'?tait le plus petit que je poss?dais. Je ne pouvais pas mettre autre chose que celui- ci, mais, pourtant, je me sentais incapable de sortir de ma chambre. Apr?s quelques secondes d'h?sitation, je compris enfin: il ?tait vert. Je ne pouvais tout de m?me pas sortir avec un t-shirt de cette couleur. Je trouvai donc un autre t-shirt, un rouge, cette fois-ci, il ?tait beaucoup trop grand il ?tait si grand qu'il ne cessait pas de glisser, laissant para?tre l'une ou l'autre de mes ?paules par le collet. Malheureusement, je n'avais plus vraiment le choix: je ne m'imaginais pas sortir de ma chambre avec un t-shirt vert. Ce n'?tait d?cid?ment pas ma couleur. J'enfilai une paire de chaussettes, encore trop grandes et me rendit compte d'un nouveau probl?me: si mes v?tements trop grands ?taient un probl?me, une paire de botte trop grande serait un v?ritable handicape. Ma seule solution ?tait d'en emprunter une paire ? ma m?re. Elle en avait une quantit? industrielle. J'?tais presque certain d'en trouver une paire de couleur rouge. De toute fa?on, je n'avais pas vraiment le choix de me d?p?cher, il ?tait presque huit heures trente et je ne voulais pas ?tre en retard ? mon examen. Le professeur veilleux ?tait intraitable sur les retards. Je descendis donc l'escalier en silence, en essayant de ne pas trop attirer l'attention. Malheureusement, ma m?re m'attendait en bas de l'escalier. -?coutes, Chryst, tu ne crois pas qu'il serait temps de perdre cette mauvaise habitude de porter des v?tements trop grands -C'est que je n'ai rien d'autre... Je me sentais ?trangement insult? par cette demande. C'?tait comme si elle critiquait quelque chose que j'avais toujours fait. ? cet instant, je me suis vu, mentalement, insistant aupr?s de ma m?re pour qu'elle m'ach?te des v?tements plus grands... Je me secouai la t?te et reprit mes esprits... -Juste une question, m'man, est-ce que je peux t'emprunter une paire de botte... Des rouges si possible... -Qu'est-ce qui ne va pas avec les tiennes -Euh... Elles ne sont pas... Euh... Trop grandes -Elle ne l'?taient pas hier, dit-elle en pointant une paire de botte rouges ? bordure blanche. J'?tais bouche b?e. Elles ?taient parfaites. Je n'aurais pas pu r?ver mieux. C'?tait la premi?re fois, ? ma connaissance, que j'?tais aussi ravi par une simple pi?ce de v?tements. Je les enfilai et, ? ma grande surprise, elles m'allaient parfaitement. Intrigu?, j'en profitai pour jeter un coup d'?il ? la taille. Je chaussait des cinq... Non, pire, des taille 5 de fille... Il ?tait trop tard pour m'en formaliser, je devais partir si je voulais ?tre ? l'heure pour mon cours. Ce trajet ne m'a jamais sembl? aussi long: d'une part, mon sac ? dos me semblait deux fois plus court, mais, en plus, mes jambes ?taient visiblement plus courtes que ce ? quoi j'?tais habitu?. Malgr? tout, je suis arriv? juste ? temps. Essouffl?, je rejoint Minus au premier rang. -J'ai eu peur que tu arrives encore en retard. -D?sol?, j'ai eu un peu de mal ? m'habiller! -Comme toujours! -Quoi ?C'est ? ce moment que le professeur Veilleux fit son entr?e, accompagn? d'une ?paisse pile de documents. -Tr?s bien tout le monde, lan?a l'enseignant en distribuant les feuillets. Vous disposez de trois heures pour remplir ce questionnaire. Vous n'avez PAS le droit ? vos notes... Je parle pour vous, monsieur Lallonde! Minus, dont le nom de famille ?tait justement Lallonde, sourit timidement et s'enfon?a dans son si?ge. C'?tait incroyable: m?me quand il essayait de se faire tout petit, il arrivait tout de m?me ? me d?passer de quelque centim?tres. Je secouai la t?te et me mis au travail. Je savais que ce n'?tait pas la chose ? faire, mais je n'ai pas pu m'emp?cher de remplir mon questionnaire au stylo rouge. Malgr? tout, la grande surprise fut mon nom. Chryst... Quelque chose n'allait pas. Je savais que ce n'?tait pas mon nom, mais, pourtant, je ne m'imaginait plus ?tre appel? Christopher. J'ai tent? de me convaincre pendant pr?s de dix minutes de corriger la situation, mais j'en ?tait incapable... *** L'examen se passa sans trop de probl?mes. Enfin en ce qui me concerne. Minus, de son c?t?, ?tait persuad? d'avoir ?chou? cette ?valuation. -J'?tais certain qu'on aurait droit ? nos notes! -Depuis quand est-ce que Veilleux nous laisse nos notes -Je les ai toujours utilis? pour ses examens. -C'est ?tonnant que tu n'aies pas ?t? pris. Nous nous dirigions vers la caf?t?ria, mais j'avais du mal ? suivre. -Veux-tu que je tra?ne ton sac -?a serait gentil, r?torquais-je en rougissant. D?cid?ment, je me sentais de plus en plus mal ? l'aise avec Minus: Il me semblait si grand et si fort ? ce moment et, bien que j'aurais d?t ?tre inqui?t? par la situation, je ne pouvais m'emp?cher de me sentir bien ? ses c?t?. Ce jour l?, mon app?tit ?tait revenu. J'avalai deux plats de p?tes complet devant un Minus ?bailit. -Quoi -Je sais pas... Tu n'as pas peur de prendre du poids -Je devrais m'inqui?ter -Je ne trouve pas! Mais tu as toujours surveill? ta ligne. J'allais lui dire qu'il devait se tromper, mais, pour la deuxi?me fois, j'eu l'impression de me faire entrer des souvenirs de force dans la t?te. Cette fois, je me revoyais, grignotant une salade. Cette exp?rience me coupa l'app?tit et je repoussai ma troisi?me assiette de spaghettis. *** Ce soir l?, je n'ai pas eu de probl?mes d'?tourdissement. J'ai pu r?viser mes notes pour les autres examens de la semaine. Vers les 21 heures, je d?cidai d'aller prendre une douche. J'?tais sur le point de me raser quand je me rendit compte que je n'avais aucune trace de barbe. Je me d?shabillai alors pour me rendre compte qu'? l'exception de mes aisselles et de mes jambes, je n'avais presque plus de poils nul part. D?cid?ment, cette transformation devenait de plus en plus bizarre, voir inqui?tante. Le plus surprenant, c'est que, jusqu'? pr?sent, je n'avais pas encore pens? ? faire quelque chose. Je subissait comme si je n'avais pas le choix de suivre le courant. Cela dit, je ne pouvais pas laisser la situation d?g?n?rer. Apr?s tout, je ne voulais pas finir mes jours dans la peau d'un nabot. Mercredi: Petits mais tout de m?me... Ce matin l?, je n'avais pas de cours. Malgr? ma transformation, je d?cidai de faire la grasse matin?e. ? en juger par la taille de mon lit et de mes v?tements, je n'avais pas r?tr?cit, mes cheveux n'?taient pas plus longs, bref, tout semblait ?tre dans l'ordre. Je restai donc allong? sur mon lit beigne d'un soleil matinal. Je sais qu'en de pareille circonstances n'importe quelle personne sens?e n'aurait pas perdu une seule seconde ? paresser, mais je me sentais bien. Je n'avais pas oubli? ce qui m'arrivait, mais je n'avais plus vraiment l'impression que ce corps m'?tait ?tranger. Toujours est-il que vers les dix heures, il me fallait bien commencer ? me pr?parer. Mon cours ?tait ? 13 heures, j'avais tout juste le temps de prendre une douche, me brosser les cheveux et me pr?parer. Je savais qu'avec ma nouvelle passion d?vorante pour le rouge, tout risquait d'?tre plus long. Je me tra?nai donc hors de mon lit et entrai dans ma sale de bain. Dans un coins du miroir, mon minuscule reflet me regardait, comme si quelque chose n'allait pas. Il n'?tait pas plus petit, pas plus grand, il ?tait ?gal ? lui m?me. Cependant, je savais que quelque chose n'allait pas. Malgr? mes v?tements amples, je voyais bien que ma transformation ne s'?tait pas arr?t?e. Je m'approchai, retirai mon t- shirt et ils ?taient l?, sur ma poitrine, faisant comme si de rien n'?tait. Horrifi?, je plaquai mes mains contre ma bouche: j'avais des seins. Oh, ils ?taient tout petits, probablement incapable de remplir ? eux-seul un petit bonnet A, mais, ils ?taient tout de m?me l? et ils ne semblaient pas vouloir dispara?tre, loin de l?. D?s lors, je pris ma d?cision, plus de temps ? perdre, je devait faire quelque chose. Une rapide inspection me confirma que, pour l'instant, je n'avais rien d'autre de f?minin. J'?tais toujours un gar?on l? o? ?a compte. Je sautai donc dans la douche, ?vitant autant que possible de toucher mes seins, non pas que l'id?e d'avoir cette petite paire sous la main me d?go?tait, bien au contraire, mais je les aurais pr?f?r? en face de moi plut?t que sur moi. J'en ?tais ? me laver les cheveux quand je sentis quelque chose d'?trange: mes oreilles ?taient pointues. Comme celles d'une f?e. Je ressorti de la douche et, ? travers mes cheveux d?tremp?s ressortaient ces deux petits triangles. Mon reflet et moi avons bien du rester l? dix bonnes minutes ? nous d?visager mutuellement. Je n'osais pas bouger. J'avais l'impression que, tant que je ne me quitterait pas des yeux, ces changements ne pourraient pas me surprendre. Je sentais les larmes remplir mes yeux. Ma vie m'?chappait et m?me mon corps ne semblait plus vouloir m'ob?ir. Je ravalai finalement mes sanglots et je finit de me rincer la t?te. Trouver des v?tements potable n'?tait pas plus facile que la veille. Le peu de v?tement rouge que je poss?dais ?taient non seulement trop grands, mais, en plus, tous mes t-shirt laissaient deviner la forme de ma poitrine naissance. En plus, avec ma petite taille, il n'?tait pas facile d'atteindre les tablettes sup?rieures. ? mon grand d?sespoir, je dut m?me utiliser une chaise pour attraper un carton qui semblait contenir des v?tements et, malgr? tout, je d?t me mettre sur la pointe des pieds pour l'atteindre. Une fois redescendu, je trouvai, dans ce carton, quelques v?tements que j'avais port? ?tant enfant. Parmi ceux-cis se trouvait un t-shirt rouge ? l'effigie de Mickey Mouse. Je m'imaginais bien qu'il serait trop petit, mais je me suis dit qu'au point o? j'en ?tais, je n'avais plus rien ? perdre. Je ne m'?tais pas tromp?. Il m'arrivait au dessus du nombril et restait terriblement serr?. Malgr? tout, je restais curieux de voir de quoi j'avais l'aire. Ce fut un choc. Avec mes cheveux mi-longs, ma petite poitrine et ce chandail trop court, j'aurais facilement pu passer pour une fille. Je ne l'avais pas remarqu? jusque l?, mais mes ?paules ?taient beaucoup plus fr?les. Mes hanches, quant ? eux, me semblaient un peu plus large. ?tait-ce nouveau, je n'en savais rien. Il est aussi possible qu'avec l'apparition de ma poitrine, mon regard ?tait diff?rent, mais la situation restait de plus en plus inqui?tante. M?me mon visage semblait plus f?minin. Il ne me restait plus beaucoup de temps. J'enfilai donc un t-shirt rouge, esp?rant que personne ne fasse de cas ? la vue de ma poitrine. J'allais partir quand je me rendis compte que j'?tais toujours pieds nus. Avant qu'il ne me vienne l'id?e de me peindre les ongles en rouge, je me pr?cipitai sur mon tiroir ? chaussettes et, en l'ouvrant, j'y trouvai, en plus de son contenu habituel, toute une collection de brassi?res de sport. Surpris, je refermai mon tiroir imm?diatement, mais, apr?s quelques secondes de r?flexion, je me rendit compte que c'?tait peut-?tre ce qu'il me fallait: ma poitrine ?tait tr?s loin d'?tre g?n?reuse ; avec un peu de chance, peut-?tre est-ce que ce v?tement ?lastique comprimerait assez mes seins pour les rendre ? peu pr?s invisible. J'?tais debout devant le miroir. Bien que de me voir en brassi?re ?tait une exp?rience excessivement troublante, je devais admettre que ce n'?tait pas si mal. Avec mon t-shirt, mes seins ne para?traient plus du tout. *** Apr?s mon dernier cours d'Egypte antique, je filai comme une fl?che vers la biblioth?que. Dans un sens, j'?tais content que Minus n'ait pas pris ce cours. Je n'aurais pas voulu l'avoir sur les tallons pendant que j'essayais de trouver une solution ? mon probl?me. J'ignore combien d'heure j'ai pass? dans la biblioth?que, mais, je devais avoir l'air assez ?trange: tant?t assis par terre entour? par des pilles de bouquins, tant?t grimp? dans les ?tag?res pour atteindre les rayons les plus hauts. Quand j'?tais grimp? ainsi, je ne pouvais m'emp?cher de penser qu'il y a ? peine une semaine, j'aurais ?t? capable de les atteindre sans le moindre effort. J'en ?tais ? feuilleter un livre sur les druides quand un commis m'interpella: -Excusez-moi, ma demoiselle, nous fermons! Sur le coup, je ne me suis m?me pas rendu compte qu'il m'avait appel? ma demoiselle. Cette appellation me semblait si naturelle que je n'y portai pas attention avant d'?tre sorti de la biblioth?que. En rentrant ? la maison, j'h?sitai ? me mettre au lit. D'une part, je pouvais poursuivre mes recherches: les livres que j'avais emprunt?s me semblaient relativement prometteurs et, d'autre part, ma transformation risquait de poursuivre son court pendant la nuit. Je d?cidai donc de passer la nuit sur mes recherche. Peut-?tre est-ce que les changements ne se produisaient-ils que lorsque je dormais. C'est, du moins, ce que j'esp?rais... Vendredi: Une fille nomm?e Chrystine - Chrystine, tu n'avais pas cours ce matin? Surprise, je me r?veillai en sursaut. Je m'?tais endormie sur mes recherches. Je ne m'en ?tais pas m?me rendu compte: un instant, je lisais un paragraphe sur les incantation des druides du 3e si?cles, et, l'instant d'apr?s, j'?tais ? cheval sur un immense dragon... Enfin, ?a, c'?tait avant que ma m?re ne r?veille. -Quelle heure il est? -Neuf heure! -QUOI? -Qu'est-ce qui se passe? -Je me suis endormie, voil? ce qui se passe, lan?ais-je totalement paniqu?e alors que j'enfilai mes bottes. Je n'ai plus qu'une demie- heure pour aller ? mon examen! Sans prendre le temps de saluer ma m?re, je descendit la rue aux pas de course. Ce n'est qu'en retirant mon manteau, une fois arriv?e dans l'auditorium que je me rendit compte que je n'avais pas pris le temps de me changer. Je portais encore le m?me t-shirt rouge et la m?me brassi?re de sport qui ?crasait ma poitrine. Sur le coup, je me demandai quelle id?e j'avais eu d'utiliser cette brassi?re trop petite. Ce n'est qu'? cet instant que tout m'est revenu en t?te: ma transformation. J'?tais si prise par mon examen que je l'avais totalement oubli?e. J'?tais encore perdue dans mes pens?es quand Marcus m'attrapa par derri?re. -Alors, Krystine, pr?te pour le dernier examen? Je sursautai et me lib?rai de son ?treinte ? grand peine avant de me laisser tomber sur ma chaise, ? moiti? terrifi?e ? moiti? surprise. - Bah alors quoi? - Tu m'as fait peur... Minus s'assit ? c?t? de moi et prit un aire moqueur. - Je m'excuse, ce n'?tait pas voulu! - Menteur! - J'avoue! Pour me faire pardonner, je t'invite au cin?ma... Disons demain? Apr?s la session? Je sentis un frisson me remonter tout le long de ma colonne vert?brale. En m?me temps, alors que je d?visageai mon vieil ami, je sentis mes joues rougir un peu. Je ne savais pas quoi dire, je me sentais ? la fois g?n?e, flatt?e et un peu d?stabilis?e. Est-ce qu'il m'invitait vraiment ? sortir? -Et oui, c'est un rancard! Sans prendre le temps de r?pondre, je sortis de la classe aux pas de course. J'allais entrer dans la toilette des hommes quand je m'arr?tai. Si Minus voulait sortir avec moi, il devenait ?videment que ma place serait plut?t dans la pi?ce d'en face: la toilette des femmes. Mal ? l'aise, troubl?e et d?sorient?e, je m'enfermai ? double tour dans un cabinet. Je devais en avoir le coeur net. En essayant de ne pas trop attirer l'attention, je retirai mon t-hirt et ma brassi?re, r?v?lant une poitrine d?finitivement f?minine. J'ignore toujours comment je l'ai sus ? cet instant, mais j'?valuais ma taille ? un petit b au minimum. Sans entrer dans les d?tails, je poursuivis mon exploration et je pus confirmer qu'? cet instant, j'?tais vraiment devenu une fille. Plus rien de moi n'aurait pu faire croire que, la veille, j'?tais encore (en partie du moins) un gar?on. Je me laissai tomber par terre quand mon t?l?phone sonna: je venais de recevoir un message texte. "Ou t'es, l'exam commence dns 2 min!" L'examen! Avec l'?motion, je l'avais compl?tement oubli?! Malgr? ma brassi?re trop petite, je r?ussi ? me rhabiller et ? me rendre ? l'auditorium juste ? temps. Malheureusement pour moi, ce n'?tait pas le seul probl?me: avec tout ce qui se passait en moi et Minus qui n'arr?tait pas de me lancer des regards implorants, j'arrivais ? peine ? me concentrer. Je n'avais m?me pas termin? de remplir la derni?re question que le temps allou? ?tait ?coul? et que le professeur m'arrachait litt?ralement la feuille des mains. - La prochaine fois, mademoiselle, vous apprendrez peut-?tre ? mieux g?rer votre temps! Je ne r?pondis pas. Je me contentai de ramasser mes affaires: ma session ?tait finalement termin?e, mais je n'avais pas de temps ? perdre: il fallait ? tout prix que je trouve un moyen d'arr?ter cette transformation, quoi qu'elle devait bien ?tre termin?e: j'?tais une fille, j'avais les oreilles pointues, et je ne mesurais m?me plus un m?tre cinquante! Sur le coup, je ne voyais vraiment pas ce qui pouvait m'arriver de pire. -Attends-moi! J'avais oubli? Minus. MAINTENANT, je ne voyais pas ce qui pouvait m'arriver de pire. -Est-ce que c'est oui pour demain? Je me retournai vers lui avec la ferme intention de lui dire non. Cela dit, en le voyant avec ses airs de chien battu, je n'ai pas eu le coeur de lui dire non. J'imagine que c'?tait mon c?t? f?minin qui commen?ait ? se manifester. -?coutes, je ne dis pas non, mais je ne veux pas parler de rancard... Pas encore! -?a me suffit! Je passerai te prendre demain! Sans ajouter un mot, il s'en alla, gambadant de bonheur. De mon c?t?, j'allais poursuivre mon chemin quand une id?e troublante me traversa l'esprit: au moins il n'est pas laid. C'en ?tait trop, il fallait vraiment que je trouve une solution. Je ne voulais pas finir amoureuse de Minus. ? cette id?e, je sentis ? nouveau mes joues rougir. J'esp?rais seulement que ce n'?tait pas d?j? le cas... *** De retour chez moi, je m'enfermai dans ma chambre. Je r?alisai alors que sous ses airs habituels, elle avait aussi, au fil des jours, s'?tait transform?e un peu: elle semblait ?tre ? mi-chemin entre une chambre de gar?on et de fille: d'un c?t?, j'avais toute mes consoles de jeu et de l'autre, un soutien-gorge se pr?lassait paresseusement sur mon bureau. Sur un mur ?tait accroch? les affiches des trois derniers Zeldas et, ? leur c?t?, tr?nait un cadre de Sakura chasseuse de carte. -Il faut croire que j'aime cette s?rie! Une fois ma porte verrouill?e, la premi?re chose que je fit, fut de retirer cette horrible brassi?re de sport: ma poitrine ?tait si compress?e que j'avais l'impression que mon coeur allait sortir de ma poitrine. J'en profitai aussi pour enfiler un pyjama rouge ? l'effigie de la f?e clochette qui, bien que je ne l'avais jamais vu au par avant, me semblait excessivement confortable. J'allais enfiler le pantalon quand je me rendit compte que, comme j'avais toujours ?t? un gar?on, je ne m'?tais jamais ras? les jambes. Je sais que ?a peut sembler ridicule, mais je savais que je n'arriverais pas ? me concentrer sur mes recherches si je ne prenais pas le temps de le faire. Je savais pertinemment que c'?tait ma transformation qui me faisait agir ainsi, mais je devais ? tout prix pouvoir me concentrer uniquement sur mes travaux. Une fois ma toilette termin?e, je me remis au travail. ? minuit, j'avais finalement trouv? une piste int?ressante: j'avais trouv? l'origine exacte de l'incantation que j'avais d?chiffr?e: elle provenait d'un autel au nord de l'Angleterre. Sellons ce que j'en avais compris, certaines sectes druidiques l'utilisaient pour "ne faire qu'un avec les dieux"... Cependant, il me fallait d'autres livres pour continuer mes recherches. C'est donc ? contre-coeur que j'allai me coucher. Dans un sens, je ne pensais pas pouvoir changer d'avantage, mais, d'un autre c?t?, si jamais ma situation empirait... D'une fa?on comme d'une autre, je ne pouvais pas avancer d'avantage ce soir l? et il me fallait me faire ? cette id?e. Je fermai la lumi?re et m'endormis presqu'aussi t?t. Vendredi: Crysta Le matin venu, je ne me suis pas lev? tout de suite. Je suis rest?e l?, ?tendue paresseusement sur mon lit, savourant mon bien ?tre. Je ne pensais plus du tout ? ma transformation. Les seules pens?es que j'avais en t?te, c'?tait mon rendez-vous. Je me sentais bien. Je sentais que quelque chose n'allait pas, mais j'essayais de ne pas me rappeler ce qui aurait pu assombrir ma journ?e. Apr?s quelques heures ? r?vasser, je jetai un rapide coup d'oeil ? mon r?veil: 11 heures. Je me levai d'un coup. Si je voulais ?tre pr?te, il fallait bien que je me pr?pare. Sans attendre d'avantage, je sautai hors de mon lit et me rendit dans ma salle de bain. Ce n'est que lorsque mon t-shirt tomba par terre que tout me revint en t?te. Instinctivement, je sautai sur le tabouret pos? pr?s de l'interrupteur et ouvrit la lumi?re. Je descendit alors et poussai m?me chaise pour ?tre capable de voir mon reflet. Mes oreille, maintenant plus longues me donnaient des airs de f?e. Mes cheveux m'arrivaient maintenant aux omoplates. La situation devenait urgente. Si je tardais trop, il ne resterait bient?t plus aucune trace de celui que j'avais ?t?. En y repensant, d'ailleurs, je n'?tais plus tout ? fait certaine d'avoir d?j? ?t? un gar?on. En fait, l'id?e me semblait presque ridicule, maintenant. Sans r?fl?chir, je fit un pas en arri?re et je tombai du tabouret. Ce n'est qu'? ce moment que je r?alisai ? quel point j'?tais devenue petite. ? me fier ? la taille qu'avait maintenant ma salle de bain, je ne devais pas mesurer plus qu'un m?tre dix. En sortant de ma douche, je prit une bonne demi-heure pour choisir ce que j'allais porter. La plus part de mes t-shirt ?taient trop grands pour moi (m?me si, ? en croire les ?tiquettes, ils ?taient tous de taille x-tra-petit ? petit). Je finit par en trouver un qui m'allais plut?t bien. Enfin... Fa?on de parler! Il devait m'arriver aux genoux. Cela dit, il ?tait suffisamment petit pour que je ne passe pas par le trou du coup. Je d?cidai donc d'attacher une ceinture par dessus et de pr?tendre que c'?tait une robe. Je me laissai alors tomber sur mon lit et regardai autours de moi: m?me ma chambre ?tait diff?rente: les murs blancs ?taient maintenant teint?s de bleu, les affiches de Halo et de Tom Clancy avaient ?t?s remplac?s par des images de sh?jo tels que Sakura, Tokyo Mew Mew ou Mahoutsukai Sally... Le plus troublant, c'est qu'? chaque image que je regardais, l'histoire derri?re ces personnages me revenaient vaguement en t?te, comme si je les avais tous lu ?tant petite fille. ? cette pens?e, je secouai la t?te. "Je n'ai jamais ?t? une petite fille", me dis-je sans grande conviction. Je soupirai longuement: dans un coins de ma chambre ?tait toujours d?pos?es mes consoles de jeu. Au moins, il y a quelque chose qui n'avait pas chang?. Qu'importe la fille (ou l'animal) que je devenait, celle-ci aimait toujours les jeux vid?os. Intrigu?e, je m'assis devant mes jeux, histoire d'en savoir un peu plus sur mes go?t en mati?re vid?oludique. Halo, Zelda, Kingdom Hearts, tout semblait ?tre l?... En fait, je semblais m?me avoir plus de jeux qu'au paravant. Ma seule d?ception ?tait que ces "nouveaut?s" ?taient principalement constitu?s de jeux pour filles... Au milieu de mes jeux ?tait pos? une pochette de DVD ouverte. Intrigu?e, j'en regardai le titre pour me rendre compte qu'il s'agissait de FernGully: les aventures de Zak et Crysta. Je sursautai. C'?tait moi. Enfin, c'?tait, ? peu de chose pr?t le visage que j'avais vu dans le miroir. Je me pr?cipitai sur mon sac ? main et en sortit mon permis de conduire pour confirmer mes craintes. Selon mon permis de conduire, je m'appelait vraiment Crista. J'?tais encore stup?faite quand ma m?re me rappela: -Crysta! Sans r?fl?chir je me relevai -Oui? -Ton amoureux est l?! Je tressaillit. D'un c?t?, je me sentis b?te d'avoir r?agit ? un nom qui, je le savais, n'?tait pas le miens et, d'un autre, j'?tais folle de joie de savoir que Minus ?tait l?. -J'arrive! Sans r?fl?chir, j'enfilai une paire de petites bottes ? talon haut (un peu trop grandes pour moi) et je descendit l'escalier ? toute vitesse en me jetant dans les bras de celui qui avait ?t? mon meilleur ami. Alors que je l'embrassais, je me rappelai que ce n'?tait que la veille qu'il m'avait invit?e ? sortir... Mal ? laise, je me laissai glisser jusqu'au sol. -Est-ce que c'est une robe? -Je voulais ?tre belle pour notre troisi?me anniversaire! (Est-ce que j'avais vraiment dit ?a?) Minus me sourit et me pr?senta son bras pour m'inviter ? sortir. Il faut croire que j'avais dit la bonne chose. Le reste de la soir?e reste flou dans ma t?te. Je sais que nous avons ?t? au cin?ma, mais je ne me rappelle pas quel film nous avons ?t? voir. Il faut dire que j'avais bien d'autres choses en t?te: j'?tais en amour par dessus la t?te et, bien que j'essayais de me contr?ler, ?a semblait plus forte que moi, j'?tais compl?tement dans la brume. En plus, les quelques instants de lucidit? qui me restaient ?taient tous occup?s par ma transformation. Ce soir l?, encore ivre de notre soir?e entre amoureux, je me laissai tomber sur mon lit et enla?ai mon oreille. C'?tait vrais que c'?tait l'attitude d'une fille amoureuse, mais, ? cet instant, je n'en avait rien ? foutre, j'?TAIS une fille amoureuse et je voulais profiter de l'instant. M?me le mal de dos que je ressentait depuis quelques heures ne pouvait suffire ? briser mon moral. C'?tait ? moi de ne pas porter des talons hauts. Je m'endormis donc plus heureuse que je ne l'avais jamais ?t?. Samedi - Une vie normale? Je me suis r?veill?e en pleine nuit, toute en sueurs. Encore ? moiti? endormie, je me retournai et je ressentis une vive douleur entre les omoplates. Salet? d'ailes. J'ignorais comment c'?tait possible, mais je savais que, j'avais maintenant deux petites ailes au milieu de mon dos. C'?tait quelque chose qui m'avait toujours apport? des probl?mes. Chaque v?tement que je m'achetais devait ?tre ajust? pour leur faire de la place. Le pire, c'?tait les manteaux. Apr?s l'op?ration, c'?tait in?vitable: l'air froid s'infiltrait dans le rabat et me gla?ait tout le dos. Je me revoyais, petite fille toute fi?re de sortir avec mon manteau tout neuf et rentrer imm?diatement parce que je ne pouvais pas me rouler dans la neige comme les autres enfant: non seulement l'arri?re de ma combinaison de neige ne cessait jamais de s'ouvrir, mais, en plus, il y avait toujours un gar?on pour me tirer sur les ailes. Il faut dire que j'?tais tellement petite que... Je secouai ma t?te, tentant de repenser ? mon ancienne vie. Tout ?a semblait si loin maintenant. Je n'arrivait m?me plus ? me rappeler de mon v?ritable nom.. Mes ailes ?tant toujours endolories, je m'assis sur mon lit, enfouie dans un oc?an de couverture et d'oreillers. J'avais encore r?tr?cie. C'?tait difficile ? dire sans me lever compl?tement, mais, ? voir la taille qu'avait pris mon lit, plus petite que tout adulte normalement constitu?. Si mes nouveaux souvenirs ?taient exactes, je d?passait ? peine un m?tre. En fait, je ne faisais que 101 centim?tres et demis. Ce demi centim?tre, j'y tenais tout particuli?rement. Sur ma table de nuit, ?tait pos? une pile de shojo. Intrigu?e, j'en attrapai un. C'?tait le volume 3 de Sakura Chasseuse de carte. J'avais d?cid?, la semaine derni?re de relire la s?rie. Une histoire de nostalgie, j'imagine... Toujours est-il que ce qui me surprit le plus ?tait la taille de ce bouquin. Dans mes petites main, on aurait dit un collector edition format g?ant. Comme quoi cette transformation en f?e avait des bon c?t?: j'?conomisais une fortune en bouquin. Dehors, le soleil commen?ait ? se lever, baignant ma chambre de sa p?le lumi?re hivernale. J'en profitai pour explorer ma chambre plus en profondeur. En une semaine, cette pi?ce avait bien chang?e. Plus rien ne restait de mon ancienne vie. ? voir la d?coration, j'en venais m?me ? me demander si j'avais d?j? ?t? un gar?on. Est-ce que toute cette histoire n'?tait qu'un r?ve, apr?s tout? Je n'en savais plus rien. Mes nouveaux souvenirs me semblaient tous plus vrais que mes anciens. Je regardai vers ma t?l?vision. Si une chose n'avait pas chang?e en moi, c'?tait mon fanatisme pour les jeux vid?os. Bon, je n'?tait plus le genre de fille ? aimer les jeux violents ou les histoires de zombies, mais, au moins, jamais toujours Zelda et Mario. C'?tait un minimum. Je m'arr?tai en passant devant le miroir de ma commode. Je m'en approchai et, me hissant sur la pointe de mes petits pieds, tentai d'apercevoir mon reflet. C,?tait peine perdu. J'?tais trop petite. J'ouvris donc les tiroir de ce meuble en ch?ne massif et grimpai dessus pour me regarder. Je portais le m?me chandail rouge que la veille. La seule diff?rence ?tait les deux larges fentes pratiqu?es ? l'arri?re pour laisser passer mes ailes. S'il avait l'aire d'une robe la veille, il ?tait encore plus grand aujourd'hui. Une des ?paule glissa le long de mon bras, laissant appara?tre mon ?paule et mon soutien-gorge. Le t?l?phone sonna et je me retournai vers la source du bruit: mon vieil I-Phone avait fait peau neuve et arborait fi?rement un ?tui de Sakura Chasseuse de carte. Je sautai de ma commode et, battant des ailes, je survolai mon lit pour atterrir assise sur ma table de nuit. Ce n 'est qu'en d?crochant que je me rendit compte que je venais de voler. -Oui allo! -Cry... C'est moi! -Salut, Mathieu... J'avais m?me perdu l'habitude d'appeler mon petit ami Minus. -Est-ce que je peux venir chez toi? -Euh, oui, pourquoi? -Il faut que je te parle... J'arrive. Aussit?t que la ligne se coupa, le mode gamine amoureuse prit le dessus sur moi je m'enfermai dans mon placard pour trouver quelque chose de chouette ? me mettre. Je ne voulais rien de trop formel. Ce n'?tais pas comme si c'?tait un rendez-vous ou une occasion sp?ciale. D'un autre c?t?, trouver des v?tement ? ma taille ?tait un peu difficil. G?n?ralement, quand je n'avais pas les moyens de me payer des articles sur mesures, mes emplettes se terminaient dans le rayon des enfants o? je trouvais des trucs plut?t moyens que je devais ajuster pour laisser passer mes ailes. Au fil du temps, les gens en ?taient venu ? me reconna?tre comme la fille au chandail pok?mon. Je d?testais ce surnom, mais l'assumais enti?rement. J'?tais trop petite pour magasiner dans le rayon des adultes, alors soit, je devais faire avec le corps que j'avais. Le seul probl?me insurmontable ?tait les sous-v?tements. Comme il est rare qu'une gamine de ma taille ait une poitrine aussi d?velopp?e que la mienne, je devais syst?matiquement faire fabriquer mes soutien- gorge sur mesure. Apr?s une dizaine de minutes, je sortis enfin de mon garde-robe v?tue d'une petite jupe rouge surmont?e d'un chandail digimon. Il ?tait un peu grand, mais ce n'?tait rien en comparaison du chandail que j'avais emprunt? ? ma m?re la veille pour m'en faire une robe. Je venais tout juste d'attacher le rabat de mon t-shirt quand on sonna ? la porte. -C'EST POUR MOI, JE DESCENDS. Je n'eut m?me pas le temps d'ouvrir la porte que Mathieu entra. Il me sourit, l'aire un peu b?te et je l'embrassai. -On peut aller dans ta chambre? -Euh... Oui... Je priais le ciel pour ne pas trop rougir. J'essayais d'imaginer ce que Mathieu avait derri?re la t?te. Il n'?tait pas du genre ? faire autant de c?r?monie. Ce n'?tait pas, non plus, comme si c'?tait notre premi?re fois, je... Je frissonnai ? cette id?e. Je venais de me rappeler de ma premi?re fois avec Mathieu. Ce soir l?, il m'avait froiss? un aile et il s'?tait senti tellement coupable qu'il m'a pr?par? le petit d?jeuner le lendemain. Il ?tait tellement minion. Une fois de retour dans ma chambre, il ferma la porte et me regarda fixement.. -?coutes, Cry... J'ai un truc bizarre ? te dire... J'imagine que tu vas me prendre pour un fou, mais je ne peux pas garder ?a pour moi! -Vas-y... Il h?sita quelques seconde puis lan?a: -Il y a une semaine, j'?tais une fille... Je ne savais pas quoi r?pondre. C'est moi qui me suis transform?e en sa petite amie (et accessoirement en une jolie petite f?e nomm?e Crysta), pas le contraire! -Je sais que ?a peut para?tre fou, mais il y a une semaine, nous ?tions toute les deux ? faire nos derniers travaux quand je suis tomb? sur une formule dans un de tes livres... J'ai voulu la traduire, mais j'y suis jamais arriv?. Je l'ai transcrite dans un cahier et je l'ai relue chez moi... -...Et le lendemain, tu as commenc? ? te transformer en ton fond d'?cran d'ordinateur? -Non... En un clone de mon fr?re... J'avais sa photo sur ma table de nuit... Je suis son jumeau, maintenant! Il s'arr?ta et me d?visagea, surpris. -Euh... Comment tu le sais? -J'ai lu l'inscription, moi aussi! -Mais non, il y a une semaine, tu ?tais exactement comme tu es. Nous ?tions les meilleures amies et... -Et personne n'a remarqu? ta transformation? -Non, c'est comme si la r?alit? elle-m?me se transformait... Mais je ne vois pas pourquoi elle m'aurait fait oubli? que tu ?tais un gar?on. C'est impossible! -Mathieu, c'est MA transformation qui t'a fait oubli? que j'?tais un gar?on, gros b?ta! Tu n'as jamais trouv? ?a bizarre de avec une f?e? -Euh... -Moi, de mon c?t?, je t'ai toujours vu comme un gar?on. Est-ce que tu commences ? comprendre? -Pas vraiment... Mais tu as toujours ?t? plus brillante que moi! -Au moins, il y a des choses qui ne changent pas! Je l'enla?ai amoureusement. -Attends! Ta transformation ne te d?range pas? -Je me rappelle ? peine de qui j'?tais avant. Et, m?me avec tous les pouvoirs que peut avoir une f?e, je n'ai jamais r?ussi ? contrer cette magie. -?a, j'ai trouv?... Il sortit un livre de son sac et me montra une inscription. -D'apr?s le livre, c'est cette incantation qui cl?turait les c?r?monies de truc machin et... Je lui arrachai le livre des main et m'envoilai jusqu'? mon lit. Sans porter attention ? ses lamentations, j'entrepris la traduction de l'inscription. Je ne voulais plus lire quelque chose sans en conna?tre le sens avant. Une seule transformation me suffisait amplement. -Qu'est-ce que ?a dit? Au fait, chouette t-shirt! -On dirait un mode d'emploi de cha?ne st?r?o! -Vraiment? -Bah, pas exactement, mais ce n'est pas une incantation. Si je r?sume, il faut trouver un ?tang d'eau claire... -La piscine du centre sportif, ?a irait? -C'est pas vraiment ?a qui m'inqui?te pour l'instant? -Qu'est-ce qui se passe? -Il faut r?p?ter trois fois son nom -Le nom de qui? -Le tiens! -Mathieu? J'?tais d?courag?e. Je l'aimais tellement, mais parfois, il avait le dont de poser des questions tellement stupides. -Non, ton ancien nom! -Ah, ?a, c'est facile, je m'apelle Mar... Mati... Euh... Je ne m'en rappelle plus! Qu'est-ce qui se passe si on a pas le bon nom? -Ta t?te explose! Il sursauta. -Vraiment? -Non, je d?conne! ?a ne dit rien ? ce sujet. Mais est-ce que tu veux courir le risque? -Euh... Qu'est-ce qui pourrait arriver? Je secouai la t?te. -Je n'en sais rien, mais si une magie est assez puissant pour transformer un grand type de plus de six pieds en une petite f?e d'? peine un m?tre et un centim?tre et demis, j'imagine que ?a pourrait ?tre assez d?sagr?able. D'un autre c?t?, il peut tout aussi bien ne rien nous arriver! -Je pr?f?re la deuxi?me solution. -De toute fa?on on ne peut pas aller ? la piscine ou dans un ?tang et commencer ? crier trois fois tous les noms qui existe. On se ferait enfermer. -Bien, j'imagine que mon nom ?tait la version f?minine de Mathieu... Je lui lanc? un regard, interdite. -C'est ? dire? -Euh... Mathieulina? -?a n'a aucun sens! Si c'?tait si simple, j'imagine que mon nom serait Crystopher ou quelque chose comme ?a? Mais moi, ma transformation incluait que je devienne un personnage... Un personnage de f?e en plus! ? cette id?e, je me rappelai toute les fois o?, ? la petite ?cole, les autres filles me tiraient les ailes ou riaient de mes petites oreilles pointues. Au licey, il y en avait m?me une qui avait profit? d'un cours d'?ducation physique pour recoudre le rabat de mon chandail pour m'humilier. Ces souvenirs avaient bien beau ?tre faux, ils n'en demeuraient pas moins douloureux. Je sentis une larme glisser sur ma joue. -Mais je t'aime comme ?a! Je souris timidement, ?crasant ma larme du dos de ma main. -Et c'est une fille qui dit ?a? -Je ne suis plus une fille... Je suis un gar?on... Je suis ton petit ami... Et je t'aime... Je n'aurais jamais cru dire ?a un jour! Il s'assit ? c?t? de moi et me serra contre lui. ? cet instant, je sus que, m?me si j'?tais coinc?e dans la peau de Crysta, quelqu'un serait toujours l? pour moi.