Un destin boulevers?.
R?cit d'Evan.
Que m'est-il arriv?? Des mois apr?s le d?but de cette histoire sordide,
je n'ai toujours pas compris. J'ai beau essayer d'expliquer que c'est
une erreur, que quelqu'un m'a fait une blague de mauvais go?t, personne
ne me croit. J'en suis arriv? ? douter de moi-m?me.
Mes meilleurs amis, le coach de mon club de foot, et m?me ma famille
m'ont trait? comme si j'?tais un monstre. Emilie, ma copine, que
j'aimais par-dessus tout, m'a aussi laiss? tomber!
C'est un cauchemar. Pourtant, en me regardant dans la glace, je vois les
transformations de mon corps, de mon visage. Je suis bien oblig? de me
dire que tout cela est bien r?el.
Une fois de plus, je me rem?more le d?but de cet enfer pour essayer de
comprendre. Soit je suis fou, soit quelqu'un m'a pi?g?. Mais qui? Et
pourquoi?
Il y a quelques mois, j'?tais Evan, un gar?on normal. Pas tr?s grand,
pas tr?s muscl?, pas tr?s beau... Normal, quoi!
Je vivais encore chez mes parents. Ma grande s?ur Emma avait quitt? la
maison depuis peu pour ?tudier ? la Fac. Etant le seul enfant rest? ? la
maison, mes parents me chouchoutaient. Ils me payaient des cours de code
pour pr?parer mon permis de conduire. A la maison, je me sentais comme
un coq en p?te.
J'allais au lyc?e, je devais passer le baccalaur?at l'ann?e suivante. Je
voyais Emilie le plus souvent possible. Le week-end, je jouais au foot
dans un petit club. Gilbert, le coach, ?tait comme un second p?re pour
moi. Bref, tout allait bien dans ma vie, quand, soudainement, tout
changea.
J'ai vu les premiers signes un week-end, pendant un match de foot. Ce
jour-l?, malgr? mes efforts pour me d?marquer, aucun de mes co?quipiers
ne me passaient le ballon. J'avais bien remarqu? qu'ils me regardaient
bizarrement avant le match, dans les vestiaires, et ? l'?chauffement. Au
bout d'une demi-heure de jeu, Gilbert me fit sortir du terrain. Il me
demanda ce qui n'allait pas, pourquoi mes copains semblaient m'en
vouloir. Mais je ne comprenais pas. Apr?s le match, je m'approchais de
Matthieu, mon meilleur pote, pour essayer de discuter avec lui. Il me
repoussa avec violence:
"Ne t'approche pas, p?dale!"
Voyant les choses s'envenimer, Gilbert intervint et nous emmena tous les
deux dans son bureau. L?-bas, il demanda ? Matthieu de s'expliquer.
Celui-ci r?pliqua que personne dans le club ne voulait plus jouer avec
un pervers comme moi, que toute l'explication ?tait sur ma page
"Facebook". Je ne comprenais pas. J'avais bien une page sur ce r?seau
social, mais je ne m'en servais que rarement, et uniquement pour publier
des photos de nos matchs, ou pour dialoguer avec Emilie. Matthieu
insista furieusement, et en haussant le ton, il parla de mon "autre
page". Je comprenais encore moins. Je niais avoir plusieurs comptes
"Facebook". Voyant qu'il ?tait de plus en plus nerveux, Gilbert demanda
? Matthieu de sortir. Ensuite, il me recommanda de ne pas revenir au
club tant que les choses ne seraient pas plus claires.
Les jours suivants, c'est au lyc?e que les choses s'envenim?rent.
Personne n'acceptait plus de s'assoir ? c?t? de moi pendant les cours.
Tout le monde semblait m'?viter. Un matin, j'entrais dans les toilettes
du lyc?e. J'y croisais J?r?me, un type que je connaissais vaguement. Il
m'agressa litt?ralement:
"Toi, la p?dale, c'est pas parce qu'on est seuls dans les toilettes
qu'il faut t'imaginer pouvoir m'enculer!"
"?a va pas?"
Je n'eus pas le temps de dire autre chose. Il m'envoya un coup de poing
en pleine figure. D'abord surpris, j'essayais de me d?fendre face ?
cette agression. Le bruit de la bagarre attira plusieurs camarades qui
nous s?par?rent. En me reconnaissant, tous prirent le parti de J?r?me,
et certains commenc?rent ? me frapper ? leur tour. Je tombais ? terre
sous leurs coups. Ils frapp?rent de plus belle. Je re?us m?me des coups
de pieds dans le ventre ou dans le dos. C'est l'arriv?e d'un surveillant
qui me sauva.
Je me retrouvais avec J?r?me dans le bureau du proviseur. Apr?s que
l'infirmi?re nous eut examin?s, il nous expliqua avec un ton autoritaire
qu'il allait faire une enqu?te pour comprendre ce qui avait d?clench? un
tel acc?s de violence, mais aussi qu'il allait r?unir un conseil de
discipline pour nous faire renvoyer du lyc?e. J'essayais de bredouiller
quelque chose pour ma d?fense, mais le proviseur m'interrompit en me
disant qu'en attendant la d?cision du conseil de discipline, il nous
interdisait, ? J?r?me et ? moi, de revenir au lyc?e!
Mon p?re vint me chercher. A son air, je voyais bien que je ferais mieux
de me taire, m?me si je n'avais rien ? me reprocher. C'est donc dans un
silence angoissant que nous sommes rentr?s ? la maison.
Le lendemain matin, j'eu du mal ? me lever. J'avais mal partout. Mes
parents travaillaient. Je restais seul ? la maison. Je m'installais
devant mon ordinateur, j'ouvrais ma messagerie pour n'y trouver que des
messages insultants. Tous me traitaient de "p?dale", de "tantouse",
"d'encul?". Certains me mena?aient de me casser la figure s'ils me
revoyaient. Sur ma page "Facebook", c'?tait pareil. Je ne comprenais pas
ce d?chainement de violence et de haine. J'?tais d?sempar?. C'?tait un
cauchemar.
Ce n'est que le lendemain que je compris. Gilbert vint ? la maison le
soir, pour parler ? mes parents. Nous nous install?mes devant
l'ordinateur et Gilbert nous fit d?couvrir un site Internet que Matthieu
lui avait montr?. Au premier abord, il s'agissait d'une page "Facebook"
normale, au nom d'une certaine "Elodie". Curieusement, il y avait des
photos de moi qui dataient de mardi-gras. Ce jour-l?, des amis m'avaient
d?guis? en fille et m'avaient emmen? ? une f?te. Je me souvenais de
cette soir?e o? nous nous ?tions bien amus?s. On me voyait, en fille,
accepter en riant de danser avec un grand type. Je crois me souvenir
qu'il s'appelait R?gis. On me voyait danser avec lui. Je me souvenais de
ces moments. C'?tait un gag.
En continuant d'explorer la page, nous d?couvr?mes des choses dont je ne
me souvenais absolument pas. Sur les photos suivantes, on me voyait, ou
plut?t on voyait quelqu'un qui portait la m?me tenue que moi, et la m?me
perruque, embrasser ce R?gis sur la bouche. On voyait ce R?gis peloter
les fesses de cette personne qui me ressemblait, puis l'entrainer vers
les toilettes. Apr?s cette photo, une phrase disait:
"C'est l? que j'ai d?couvert ma vraie nature de femelle soumise!"
Je ne comprenais pas. Sur une page "Facebook", quelqu'un avait utilis?
des photos de moi, puis des photos truqu?es, pour me faire passer pour
ce que je ne suis pas!
La suite de cette page ?tait encore plus terrible. On voyait des photos
manifestement prises dans ma chambre. Quelqu'un dont on ne voyait pas le
visage se prenait en photos dans la glace de ma grande armoire. Cette
personne portait toujours la m?me perruque et des v?tements de fille.
Elle se d?hanchait dans des tenues et des poses suggestives. Parfois,
des gros plans montraient une main masturber un sexe de gar?on en
?rection, ou enfoncer un godemich? dans un anus. Le montage ?tait
clairement fait de mani?re ? faire croire que c'?tait toujours la m?me
personne qui ?tait repr?sent?e. Entre les photos, des liens renvoyaient
vers des sites pornos de transsexuels, ou sadomasochistes. Quelques
textes ?crits par l'auteur du site parlaient de transsexualit?. Ces
textes disaient qu'il ?tait un gar?on qui voulait devenir une fille,
qu'il d?sirait qu'on l'appelle d?sormais "Elodie".
Il y avait encore bien pire, ils disaient "qu'Elodie" voulait faire
l'amour avec des mecs, et ils citaient des noms, des noms que je
connaissais, des noms de camarades de classe ou du club de foot. Il y
avait m?me le nom de mon copain Matthieu!
Le gag de mardi-gras se transformait en cauchemar pour moi. Avec les
premi?res photos o? l'on pouvait me reconna?tre, personne ne doutait que
j'avais cr?? ce site de toutes pi?ces... Et que j'y exprimais mes d?sirs
les plus pervers. Bien entendu, je niais ?tre l'auteur de ce site!
Mon p?re et Gilbert ?taient face ? l'?cran, incr?dules, et ils
semblaient ne pas m'entendre. Ma m?re, quant ? elle, se mit ? fouiller
ma chambre. Sur le c?t?, derri?re un rideau, il y avait un d?barras dont
je ne me servais jamais. Des tas d'affaires oubli?es de toute la famille
?taient rang?es l?. Maman y trouva un sac de voyage que je n'avais
jamais vu. Elle le posa sur le lit, et l'ouvrit. Elle trouva ?
l'int?rieur les sous-v?tements et les v?tements de fille qu'on voyait
sur les photos du site. Elle trouva aussi la perruque... Et un godemich?!
J'essayais de protester, quand, soudain, mon p?re se redressa et me
gifla. Je restais sous le choc. Il ne m'avait jamais touch? jusque-l?!
"Jusqu'? nouvel ordre, tu es consign? dans ta chambre!"
Et il sortit en grommelant:
"Mon fils est une tapette... Quand les coll?gues vont savoir ?a..."
Gilbert le suivit, non sans me dire qu'il valait mieux que je ne me
pr?sente plus au club.
Pendant quelques instants qui me sembl?rent une ?ternit? de silence, je
me tournais vers maman. Je n'eus pas le temps d'ouvrir la bouche. D'un
geste, elle me fit signe de me taire, et sortit sans un mot, emportant
le sac et son contenu.
Ce n'est qu'une fois seul que j'?clatais en sanglots. Quelqu'un m'avait
jou? un bien mauvais tour... Mais qui? Et pourquoi?
Je restais longtemps assis sur mon lit, ? regarder, incr?dule, l'?cran
de mon ordinateur qui montrait toujours ce site immonde. La porte de ma
chambre s'ouvrit brusquement. C'?tait maman. Elle n'?tait jamais entr?e
sans frapper. Emilie l'accompagnait. Pendant quelques secondes, j'eus
l'espoir qu'elle, au moins, m'?couterait, me ferait confiance. Je n'eus
pas le temps d'ouvrir la bouche. Elle se mit ? crier:
"Ta m?re m'a tout montr?. Le site, le sac... Le gode! Et dire que j'?tais
amoureuse d'un pervers! Non seulement tu m'as tromp?e, mais en plus, tu
m'as tromp?e avec des mecs! Et en plus, tu m'as piqu? des fringues pour
assouvir tes fantasmes r?pugnants! J'ai reconnu plusieurs petites
culottes, et m?me ma jupe pr?f?r?e, que je ne trouvais plus depuis des
semaines! Tu n'es vraiment qu'un porc!"
Puis, au moment de sortir, elle ajouta dans un sanglot:
"Inutile de chercher ? me revoir. "
Je me levais pour tenter de la rattraper, mais maman referma la porte...
Et tourna la clef dans la serrure! J'?tais seul, enferm? dans ma
chambre.
R?cit de Martine.
J'?tais choqu?e de d?couvrir le secret de mon fils Evan, et surtout de
le d?couvrir de cette mani?re. Je crois que j'aurais pu essayer de
comprendre s'il m'avait parl? de ses d?sirs homosexuels, ou de ses
envies de se travestir... Mais l?, ce que nous avions d?couvert ?tait bien
trop grave, trop incompr?hensible, trop pervers.
Pendant plusieurs jours, Evan resta enferm? dans sa chambre. Il n'en
sortait que pour aller dans la salle de bains. Je lui apportais ?
manger. Bien entendu, c'?tait pour le punir, mais aussi pour le
prot?ger. J'?tais effray?e par tous les messages de haine et de menace
qu'il avait re?us.
J'essayais plusieurs fois de parler avec Evan, mais il niait toujours
?tre l'auteur de ce site.
Le lendemain de la d?couverte, Guillaume, mon mari alla dans la chambre
d'Evan pour lui confisquer son ordinateur. Avant cela, il exigea que
notre fils se connecte sur son site pour l'effacer, mais Evan persistait
? nier, disant m?me qu'il ne connaissait pas le mot de passe. Guillaume
le gifla une nouvelle fois, et je dus intervenir avant que la violence
de Guillaume ne devienne incontr?lable.
Quelques jours plus tard, je repris le sac dans lequel notre fils avait
cach? ses affaires de travesti. D?go?t?e, je jetais ? la poubelle le
godemich?. Apr?s avoir examin? la perruque, je la jetais ?galement. Elle
?tait bien trop abim?e. Apr?s cela, je triais machinalement les sous-
v?tements et les v?tements pour les laver. Je trouvais au fond du sac un
papier chiffonn? sur lequel ?taient griffonn?s quelques mots. Je
montrais ce papier ? mon mari, qui eut l'id?e d'essayer ces mots pour
acc?der ? la page "Facebook" de notre fils. Le mot "Elodietrav"
fonctionna. Nous p?mes enfin effacer ce site honteux!
Malheureusement, la pression ne baissa pas dans les jours qui suivirent.
Dans notre petite ville, o? tout le monde se connaissait, j'avais
l'impression que l'air ?tait devenu irrespirable. Certains de mes
voisins ou de mes amis ne me parlaient plus. D'autres, qui essayaient
d'?tre plus charitables, venaient me voir pour me dire qu'ils ?taient
"tristes pour moi", que cela devait ?tre dur d'avoir "un enfant comme
?a". Tout cela ?tait tr?s douloureux pour moi. Nous avons connu beaucoup
de moments p?nibles.
Notre fils, avec son r?pugnant site Internet, avait apport? l'opprobre
sur toute la famille.
Je t?l?phonais r?guli?rement ? Emma, notre fille a?n?e, pour lui parler
de nos soucis. L'effet de surprise pass?, elle se montra tr?s tol?rante
avec son fr?re. Elle m'expliqua qu'il n'?tait qu'un adolescent attard?,
qu'il n'avait sans doute pas mesur? la port?e de ses actes. Les longues
discussions avec Emma me firent beaucoup de bien. Au bout de quelques
jours, je me calmais, et j'entamais des recherches pour comprendre mon
fils.
Je d?couvris de nombreuses pages Internet qui parlent s?rieusement de
travestissement, de transsexualit?, d'homosexualit?. J'ignorais tout de
ces ph?nom?nes. A chaque fois que j'?voquais mes recherches avec mon
mari, il refusait d'en parler. Il agissait comme si Evan avait cess?
d'exister.
Heureusement, Mes conversations t?l?phoniques avec Emma me redonnaient
du courage. Elle me proposa de chercher un psychologue qui pourrait
aider Evan.
Quelques jours plus tard, Emma me parla de quelqu'un qu'elle avait
rencontr? ? la fac. Cette personne connaissait une sp?cialiste de
l'identit? de genre. Une psychologue nomm?e Doria M. Cette sp?cialiste
habitait loin de chez nous, dans une autre ville... Mais je me disais que
quelques jours au loin nous feraient du bien.
J'appelais cette Doria pour lui parler, puis prendre rendez-vous avec
elle. J'avais ? peine raccroch? que j'allais acheter deux billets de
train pour mon fils et moi. Nous allions rencontrer cette psychologue...
R?cit d'Evan.
Pendant des jours, j'?tais rest? reclus dans ma chambre. Je cherchais
qui avait pu me faire une telle blague. Je pensais d'abord ? la petite
bande d'amis avec qui nous avions f?t? mardi-gras, des mois auparavant.
Mais aucun d'entre eux n'aurait pu faire les photos prises dans ma
chambre. Plus je cherchais, plus j'?tais d?sempar?.
Seul, assis par terre au pied de mon lit, je pleurais beaucoup. En tr?s
peu de temps, ma vie s'?tait ?croul?e. Mes parents me prenaient pour un
pervers et un menteur. Je n'?tais plus accept? dans mon club de foot.
J'allais sans doute ?tre renvoy? du lyc?e. Et pire que tout, Emilie
m'avait laiss? tomber!
Les nuits ?taient ?puisantes. Je dormais peu. Des cauchemars me
r?veillaient souvent.
Avec l'accumulation de fatigue, la d?prime, j'en arrivais ? douter de
moi-m?me. Est-ce que j'?tais fou? Avais-je fait toutes ces choses, et
les avais-je oubli?es?
Je me demandais m?me si je ne souffrais pas de schizophr?nie, d'un
d?doublement de ma personnalit?. Petit ? petit, j'en arrivais ? croire
que j'?tais vraiment ce pervers dont j'avais si brutalement d?couvert
les fantasmes...
Je pensais au suicide...
Quand maman est venue m'apporter mon repas, ce jour-l?, elle souriait.
C'?tait la premi?re fois que je la voyais sourire depuis le d?but de
cette histoire. Elle me dit qu'elle avait trouv? une psychologue qui
pourrait m'aider, que nous allions quitter la maison pour quelques
jours.
Dans l'?tat d'?puisement dans lequel j'?tais, j'acceptais avec
soulagement de la suivre pour rencontrer cette sp?cialiste. Quelques
jours auparavant, je me croyais "normal" et nerveusement solide.
J'aurais repouss? sans h?siter la proposition de rencontrer une
psychologue. D?sormais, j'?tais pr?t ? tout pour sortir de cet enfer.
Quelques jours plus tard, apr?s quelques heures de train, maman et moi
avons emm?nag? dans un h?tel. Le lendemain, nous sommes all?s dans le
cabinet de cette sp?cialiste. Cette dame me demanda de l'appeler Doria.
C'?tait une belle femme d'environ quarante ans, souriante, sympathique.
Elle demanda ? ma m?re de nous laisser seuls, puis elle m'?couta lui
raconter mon histoire. Pour la premi?re fois depuis le d?but de ces
?v?nements, quelqu'un m'?coutait. Doria ne m'interrompait que pour
demander des pr?cisions, mais jamais sans me donner l'impression qu'elle
me jugeait. Quand je parlais des moments les plus douloureux, mes larmes
coulaient, mais l?, ces larmes me faisaient du bien. Tr?s vite, gr?ce ?
l'?coute de Doria, je retrouvais l'espoir.
Au bout d'un long moment, Doria interrompit notre conversation, et me
proposa de revenir le lendemain. Ainsi, nous nous sommes revus durant
plusieurs s?ances.
Lors de l'une de ces s?ances, Doria insista beaucoup sur la journ?e du
mardi-gras. Elle me demanda d'abord ce que j'avais ressenti quand je
m'?tais travesti en fille. Puis, elle me demanda si j'avais bu, ou pris
de la drogue. J'avais bien un peu bu ce soir-l?, mais je n'avais pas
pris de drogue... Sauf si quelqu'un avait vers? quelque chose dans mon
verre.
Au cours de cette conversation, je commen?ais ? avoir de gros doutes sur
la fin de cette soir?e. J'avais l'impression de bien m'en souvenir.
Pourtant, je commen?ais ? me demander si je n'avais pas, sous l'emprise
d'une drogue quelconque, fait ce que l'on pouvait voir sur les photos.
Est-ce que j'avais embrass? ce gar?on, ce R?gis? Est-ce que je l'avais
suivi aux toilettes pour... Pour y faire quoi? Fleureter avec lui? Lui
faire une fellation? Coucher avec lui?
Je n'arrivais plus ? ?tre s?r de moi. Je ne me souvenais pas. Avais-je
couch? avec ce type? Et pire, avais-je aim? cela?
Avais-je aim? cela au point de cr?er un site Internet dans un ?tat
second?
Cette conversation me faisait douter, mais Doria me rassura en me disant
que de toute fa?on, je n'avais rien fait de mal, que j'avais peut-?tre
refoul? ces souvenirs en raison d'une ?ducation traditionnelle un peu
trop rigoureuse. Doria m'expliqua que de nombreuses personnes ?taient
homosexuelles, ou transsexuelles, que beaucoup d'entre elles
l'ignoraient et se sentaient mal sans savoir pourquoi. Elle me dit que
nous devions travailler ensemble pour savoir quelle ?tait ma
personnalit? profonde, et que, si ma personnalit? ?tait bien celle
qu'elle supposait, elle allait m'aider dans ma transition.
Sans vraiment comprendre ce que signifiait ce mot de "transition",
j'acceptais de suivre un traitement propos? par Doria, m?me si j'?tais
effray? par ce que je pouvais d?couvrir... Apr?s tout, je n'avais plus
rien ? perdre.
R?cit de Martine.
Au bout d'une semaine, nous devions rentrer chez nous. Je devais
reprendre mon travail. Avant de repartir, Doria et moi avons eu une
conversation en t?te ? t?te. Elle m'expliqua qu'elle devrait longuement
revoir Evan, qu'elle devait ?tre certaine de la nature exacte de mon
fils. Elle m'expliqua qu'il fallait sans doute envisager chez lui un cas
de transsexualit? refoul?e. Elle disait craindre qu'Evan ne soit "une
fille prisonni?re dans un corps de gar?on", mais que, du fait de son
?ducation, il refusait de le reconna?tre.
Je n'?tais pas s?re de comprendre tout ce qu'elle me disait, mais elle
parlait avec calme. Elle semblait si bien ma?triser son sujet que je lui
faisais confiance. Pourtant, quand elle parlait de l'?ducation d'Evan,
je me sentais mal. Avais-je fait quelque chose de mal?
Nous devions revenir voir Doria le mois suivant.
En attendant, elle prescrit ? Evan un traitement d'anti-androg?nes. Elle
m'expliqua qu'un tel traitement allait diminuer chez lui les exc?s de sa
personnalit? masculine, sa libido, le c?t? sexuellement agressif qu'ont
tous les hommes, ou m?me tous les m?les. Cela devait lui permettre
d'?tre plus calme, plus r?fl?chi... Il allait avoir besoin de beaucoup de
temps et de calme pour r?fl?chir ? son avenir, ? son choix de vie
future.
Les semaines qui suivirent notre retour ? la maison furent encore
p?nibles. Nous avons d? nous pr?senter au lyc?e pour le conseil de
discipline qui d?cida du renvoi d?finitif d'Evan. Apr?s cela, les
rapports entre Evan et son p?re se sont encore plus tendus. Guillaume
voulait que notre fils quitte la maison.
De mon c?t?, je voulais aider Evan. Doria m'avait redonn? de l'espoir.
Quand j'?tais ? la maison, je consacrais la majorit? de mon temps ? mon
fils. J'?tais soulag?e de voir que le traitement qu'il prenait semblait
effectivement le rendre plus calme. Avant cela, il ?tait tr?s nerveux
quand il ne faisait pas de sport. Il avait presque ?t? un enfant
hyperactif.
Malheureusement, Guillaume et moi nous disputions tous les jours. Apr?s
une nouvelle violente altercation avec mon mari, j'en parlais avec Doria
au t?l?phone. Deux jours plus tard, elle me rappela pour me proposer une
solution. Une de ses amies, une certaine Solange, pouvait h?berger Evan.
Ainsi, Doria pourrait le voir tr?s souvent, mieux diagnostiquer son
probl?me, et plus efficacement encadrer son traitement. De plus, Solange
poss?dait une grande boutique de pr?t-?-porter, o? Evan pourrait avoir
un petit emploi.
J'en parlais ? mon fils, qui refusa d'abord la proposition de Doria.
R?cit d'Evan.
Quitter la maison? Pour combien de temps? Pour toujours?
Cette id?e me gla?ait, m?me si je ne me sentais de plus en plus mal chez
moi. J'?vitais de croiser mon p?re, depuis quelques temps, il me faisait
peur. Mais j'?tais encore plus terroris? de partir seul.
Un week-end o? mon p?re ?tait ? la maison, je sortis me promener. Mes
pas m'amen?rent au bord du terrain de foot o? mes anciens copains
s'?chauffaient. Quand ils me virent, la plupart m'ignor?rent. Quelques-
uns m'insult?rent:
"Casses-toi, p?dale!"
Je quittais pr?cipitamment l'enceinte du stade quand je tombais nez-?-
nez avec Matthieu, qui ?tait en retard. Il ?tait avec Emilie, et les
deux se tenaient par la main! Quelques semaines auparavant, j'aurais
cass? la figure ? Matthieu pour oser s'approcher ainsi de ma copine,
mais l?, je ne pus qu'?clater en sanglots. Emilie se moqua de moi:
"T'es vraiment devenu qu'une gonzesse!"
A ces paroles, je m'approchai d'elle, furieux, mais je n'eus pas le
temps de faire quoi que ce soit. Matthieu s'interposa et me frappa
violemment au visage.
Je me r?veillais dans une chambre d'h?pital. Mon nez ?tait cass?, et mon
visage boursouffl?. Ma m?re ?tait ? c?t? de moi et m'expliqua que
c'?tait Gilbert qui m'avait sauv?. Encore sonn? par les m?dicaments
antidouleur, je dis ? ma m?re que je voulais quitter la ville... Que
j'acceptais la proposition de Doria.
R?cit de Martine.
J'?tais soulag?e quand Evan me dit qu'il acceptait de partir. Trop de
gens le d?testaient, et son propre p?re ne voulait plus le voir.
J'appelais imm?diatement Doria pour lui demander si sa proposition ?tait
toujours valable. Elle me r?pondit que oui.
Et, apr?s un instant de silence, avec un ton que je ne lui connaissais
pas, elle me demanda si j'?tais d'accord pour tenter une exp?rience. Je
n'osais rien r?pondre. Elle poursuivit en me demandant si j'avais d?j?
souhait? avoir une autre fille. Je me mis ? pleurer en entendant cette
question... Je devais admettre que oui, j'aurais ador? avoir une autre
fille. J'avais souvent regrett? de ne pas ?tre suffisamment proche
d'Emma, mon a?n?e...
Soudain, j'?tais effray?e. Avais-je inconsciemment une part de
responsabilit? dans le comportement de mon fils? C'est dans un ?tat
second que j'?coutais la proposition de Doria... Et que je lui donnais mon
accord.
Deux jours plus tard, Evan sortit de l'h?pital. Je l'emmenais ? la gare
pour qu'il prenne son train vers Doria, Solange, et une nouvelle vie,
que je lui souhaitais heureuse. Je le serrais dans mes bras, et lui
tendis son sac de voyage.
C'?tait le sac que j'avais trouv? dans sa chambre ce terrible jour. J'y
avais remis toutes ses affaires de travesti, et j'y avais ajout?
quelques anciens v?tements de sa s?ur, qu'Emma ne mettait plus...
R?cit d'Evan.
Sur le quai de la gare, Doria m'attendait avec une autre dame. Je
m'approchais d'elles. Doria eut un l?ger mouvement de recul quand elle
me vit. Il faut dire qu'avec mon pansement sur le nez et mes yeux au
beurre noir, j'avais une mine affreuse. Doria me pr?senta la dame qui
l'accompagnait. Elle s'appelait Solange. C'?tait une dame de plus de
cinquante ans, mais qui semblait n'en avoir que quarante. Elle
ressemblait vraiment ? l'id?e que je me faisais de la directrice d'une
boutique de pr?t-?-porter prestigieuse. Elle ne portait que des
v?tements et accessoires de grandes marques. Tout sur elle semblait
luxueux, son tailleur impeccable, son sac ? main, ses bijoux. J'?tais
d'embl?e tr?s impressionn? par cette femme. Sa coiffure stricte remont?e
en chignon tress? lui donnait un air s?v?re, adouci par une m?che qui
semblait rebelle sur le c?t?. Quand elle s'avan?a vers moi pour me
serrer la main, je demeurais admiratif devant son aisance ? se d?placer
sur des talons d?mesur?ment hauts.
J'avais encore les yeux fix?s sur ses chevilles cambr?es dans des
escarpins ? brides qui lui faisaient des jambes interminables quand elle
me prit d?licatement par le menton pour regarder mon visage:
"Mon dieu, ils ne vous ont pas rat?! Est-ce que vous avez mal?"
"Juste un peu, madame."
"Bien, est-ce qu'on vous a expliqu? comment les choses vont se
d?rouler?"
"Heu, assez vaguement, Mad..."
"Il faut que vous compreniez que nous voulons vous aider, mais il faudra
y mettre du votre, n'est-ce-pas?"
"Oui, je..."
"Pendant les prochains mois, vous habiterez chez moi, j'ai une chambre
pour accueillir des stagiaires. C'est d'ailleurs ce que vous serez dans
un premier temps. Vous travaillerez comme stagiaire dans mon magasin...
Bon d'abord dans l'arri?re-boutique. On ne peut pas pr?senter quelqu'un
dans votre ?tat aux clientes, n'est-ce-pas?"
"Je suppose que non."
"Tr?s bien! Vous apprendrez ? vous 'occuper des stocks, de l'entretien,
vous ferez plus ample connaissance avec nos articles, et ainsi, plus
tard, vous pourrez, si vous vous d?brouillez bien, et si vous souhaitez
rester, d?marrer un apprentissage en vente avec moi."
"Je ne sais pas, oui, on verra... Mais pour l'instant, je n'ai pas
vraiment d'autre choix."
Doria s'avan?a ? son tour pour examiner mon visage.
"Je vais contacter un ami, il est chirurgien-plasticien, il pourra
arranger ton nez. Ton travail ? la boutique permettra de financer tout
ce qui n'est pas rembours? par la s?curit? sociale."
"Merci Doria."
"Bien, nous ?tions d'accord, n'est-ce-pas? Tu vas poursuivre le
traitement que je t'ai prescrit, et je vais y ajouter de nouveaux
cachets."
En disant cela, elle me tendit une bo?te sur laquelle ?tait ?crit: "deux
cachets ? chaque repas". Elle poursuivit:
"Nous nous verrons en consultation une ? deux fois par semaine. Il te
faudra de la patience, mais fais-moi confiance. Dans deux ou trois mois,
tout ira beaucoup mieux."
"Je vous fait confiance, Doria."
"Tr?s bien! Surtout, prends tes cachets r?guli?rement... Et ne t'inqui?tes
pas d'?ventuels effets secondaires. Je vais te prendre rendez-vous chez
un sp?cialiste qui suivra l'?volution de ton traitement, et qui te dira
s'il doit ?voluer."
"Des effets secondaires?"
"Tu me fais confiance, tu l'as dit!"
"Euh...Oui Doria, bien s?r..."
Je n'?tais pas tr?s rassur? quand Doria nous salua, me laissant seul
avec Solange.
Solange m'amena dans une voiture de luxe de marque Allemande jusqu'?
chez elle. C'?tait un grand immeuble de type haussmannien dont le rez-
de-chauss?e et le premier ?tage ?taient occup?s par un magasin de pr?t-
?-porter f?minin. L'appartement de Solange occupait tout de deuxi?me
?tage. Elle nous fit entrer par derri?re, en prenant un ascenseur. Une
jolie petite brune en tenue de soubrette nous accueillit. Solange nous
laissa seuls pour reprendre son travail.
La charmante bonne dit s'appeler C?lia, elle me guida vers ma nouvelle
chambre. C'?tait une chambre deux fois plus grande que celle que j'avais
chez mes parents, avec une salle de bain privative. J'?tais tr?s
impressionn?, m?me si les meubles, la d?coration et les couleurs
pastelles de la chambre ?taient incontestablement f?minins. Si cette
chambre ?tait celle d'une "stagiaire", comment devait ?tre la chambre de
la patronne?
Celia me prit mon sac et le posa sur le lit, et me guida jusqu'? la
salle de bain. Elle me dit de me d?shabiller. Devant mon h?sitation,
elle commen?a ? me d?boutonner mon jean, tout en se penchant pour me
chuchoter ? l'oreille:
"Laisse toi faire, j'ai l'habitude!"
Compl?tement sous le charme, je la laissais faire, m?me si j'eus un
mouvement de recul peu apr?s, quand elle entreprit de baisser mon
cale?on. Je me retrouvais vite nu comme un ver devant cette inconnue. Je
cachais ma nudit? comme je le pouvais avec mes mains. Depuis le d?but de
mon traitement d'anti-androg?nes, je n'avais plus beaucoup d'?rections,
mais l?, j'avais l'impression que mon sexe ?tait pr?t ? exploser. C?lia
me fit entrer dans la baignoire, et d?signant mon sexe, elle me
chuchota:
"Si tu es sage, on s'occupera de lui apr?s!"
Sans rien dire je la laissais enduire tout mon corps d'une cr?me
malodorante, qu'elle me demanda de garder pendant une dizaine de
minutes. Puis elle s'?loigna avec mes v?tements. Elle revint quelques
instants plus tard, et m'aida ? me doucher. J'eus la surprise de voir
tous mes poils dispara?tre sous le jet d'eau. Celia me prit par la main,
et me guida devant une glace dont elle essuya la bu?e. J'?tais sous le
choc en d?couvrant mon corps ?pil? pour la premi?re fois. J'avais
l'impression d'?tre encore plus nu. C?lia m'aida ? me s?cher, puis massa
mon corps avec une cr?me. A chaque fois que j'essayais de dire quelque
chose, elle mettait vite un doigt sur ma bouche et chuchotait:
"Chut, tu as promis d'?tre sage!"
Je me laissais faire. Cette fille me troublait ?norm?ment. Chacun de ses
gestes ?tait une caresse. Chacun de ses mots ?taient doux ? mon oreille.
Au bout d'un long moment, je me retrouvais ? nouveau debout devant elle.
Elle me chuchota simplement:
"C'est bien, tu as ?t? sage!"
Puis elle prit soudain mon sexe dans sa main. Depuis de longues minutes,
mon excitation n'avait cess? de grandir, et son simple geste me fit
?jaculer dans un orgasme d'une intensit? que je n'avais jamais atteinte!
Apr?s m'avoir essuy?, C?lia me guida jusqu'? la chambre en me disant
qu'il fallait m'habiller. J'ouvris mon sac de voyage et je fus atterr?
de n'y d?couvrir que des sous-v?tements et des v?tements f?minins!
"Mais, je ne peux pas porter ?a! Ce n'est pas possible!"
C?lia choisit une petite culotte dans le sac, et s'approcha de moi.
"Non, je ne veux pas!"
"Allons, il faut ?tre sage. Tu as vu que quand tu acceptais d'?tre sage,
tu n'avais pas ? le regretter!"
Partiellement r?sign?, je laissais C?lia m'aider ? enfiler la culotte de
dentelle.
C'est ? ce moment que Solange fit son entr?e dans la chambre. Elle
?changea un sourire complice avec Celia et me demanda si tout se passait
bien.
"Non, ?a ne va pas du tout, je ne peux pas porter ces v?tements... Je..."
"Allons, calmez-vous! Doria a ?t? parfaitement claire, vous devez
essayer. Il faut absolument que vous sachiez si vous ?tes plut?t fille
ou plut?t gar?on. C'est pour cela que vous ?tes ici! Nous allons tenter
l'exp?rience, et si vous ne vous sentez pas bien dans quelques semaines,
Doria devra revoir son diagnostic et nous tenterons autre chose!"
"Mais..."
"Chut, vous devez nous faire confiance! A moins que vous ne pr?f?riez
rentrer chez vous?"
J'?clatais en sanglots:
"Non, je ne peux plus rentrer chez moi, mon p?re me d?teste, je n'ai
plus d'amis..."
"Bien s?r que si. Vous avez des amis, et ils sont ici, avec vous. N'est-
ce-pas C?lia?"
C?lia me fit un grand sourire et un clin d'?il. Vaincu, je regardais
dans le sac o? je ne trouvais que trois jupes et une robe.
"Je ne peux pas porter ?a... Il n'y a m?me pas un pantalon... "
"Je comprends, tout cela est un peu brutal, mais il faut vous faire ?
cette id?e... Nous allons vous appeler Elodie. C'est le pr?nom que vous
aviez choisi, n'est-ce-pas?"
"Non, je... Je ne sais plus!"
Je sanglotais de mani?re incontr?l?e.
C?lia me pris dans ses bras:
"Allons, sois sage! Tu sais que tu es r?compens?e quand tu es sage!"
Je me calmais quelque peu...
"Je ne peux pas remettre mon ancien jean? O? est mon jean?"
Solange me r?pondit:
"D'accord Elodie, vous pouvez remettre votre jean... Pour commencer!
Celia, ma petite, allez donc lui chercher son jean!"
Celia quitta bri?vement la pi?ce, et revint avec mon jean... Ou plut?t ce
qu'il en restait. Elle avait d?coup? les jambes du pantalon pour le
transformer en minishort!
Avec mes jambes ?pil?es, j'avais presque l'air plus f?minin avec ce
short que si j'avais port? une jupe. Mais cela me rassura de remettre ce
vestige de mes v?tements de gar?on. C?lia m'aida ? compl?ter ma tenue
avec un tee-shirt encore assez neutre, des socquettes blanches, et mes
baskets.
Solange me regarda avec un air hautain:
"Nous allons avoir du travail, mais c'est un d?but!... Bien, c'est
l'heure de d?ner. Allons manger!"
Pendant le repas, je fis connaissance des autres personnes qui vivaient
dans cet appartement luxueux. Celia fit le service, mais c'est l'autre
employ?e de maison, Genevi?ve, une dame plus ?g?e, qui s'occupait de la
cuisine. Solange me dit qu'en attendant que mon nez soit gu?ri, je
devrais aider C?lia et Genevi?ve ? s'occuper de l'appartement. Je fis
?galement connaissance de Rose, la fille de Solange, une superbe blonde
de vingt-trois ans qui travaillait avec sa m?re.
J'?tais entour?e de femmes, et aucune d'entre elles ne semblait g?n?e
par ma pr?sence ou par ma tenue. A peine j'?tais install?, Solange me
fit prendre mes cachets, puis prit la parole:
"Elodie est ici parmi nous parce que Doria a d?tect? chez elle un
probl?me d'identit?. Pour vraiment se connaitre et trouver le bonheur,
Elodie va devoir exp?rimenter la vie d'une jeune femme pendant quelques
mois. Nous esp?rons toutes que cela lui permettra de trouver sa place
dans la soci?t?! Je vous demande donc de la traiter ? tout instant comme
une jeune femme!
Les mots de Solange semblaient expliquer ma pr?sence ? tout le monde,
mais son ton me fit comprendre qu'elle s'adressait surtout ? moi. Je
songeais ? me rebeller, ? dire, ou plut?t ? crier que j'?tais un homme...
Mais aucun son ne sortit de ma bouche. Quel autre choix avais-je?
Rentrer chez mes parents? Vivre comme un sans domicile fixe, dans la
rue?
Je repensais ? mes conversations avec Doria. J'avais confiance en elle.
Depuis quelques temps j'avais m?me plus confiance en elle qu'en moi-
m?me. Elle m'avait pr?venu que ce serait difficile, mais que nous
allions trouver la meilleure solution pour mon avenir ensemble. De plus,
toutes ces femmes ?taient si gentilles avec moi. Je n'avais plus connu
tant de gentillesse depuis plusieurs semaines. Je baissais la t?te,
r?sign?.
Rose, qui ?tait assise en face de moi, voyait bien ? mon regard que
j'?tais en plein doute. Elle me fit un large sourire:
"Tu sais, tu n'es pas la premi?re ? venir ici en stage."
"Oui, je sais, mais je suppose que d'habitude, vous n'employez que de
vraies femmes dans votre boutique."
Solange pouffa:
"En effet, j'emploie des femmes dans ma boutique. Les clientes pr?f?rent
cela. Mais comme le disait Simone de Beauvoir, on ne nait pas femme, on
le devient!"
Je restais silencieux, essayant de comprendre ce qu'elle cherchait ? me
dire. Elle poursuivit:
"Vous ?tes le troisi?me gar?on qui vit ici, et que nous allons aider!"
Rose intervint en me faisant un clin d'?il:
"Le quatri?me, si on compte mon ex-fianc?!"
Tr?s ?tonn?, je demandais:
"Oh, et que sont devenus les autres?"
Solange me dit avec un sourire ?nigmatique:
"Tous les trois sont maintenant des jeunes femmes ?panouies. L'une
d'entre elles travaille aujourd'hui dans le magasin d'une amie. La
deuxi?me autre est... Employ?e de maison."
Rose ajouta:
"Quant ? Thomas, mon ex, il, ou plut?t elle se fait appeler Ana?s et a
?pous? un noble!"
Apr?s le d?ner, je passais le reste de la soir?e seul dans ma chambre.
J'explorais ce qui allait ?tre mon univers pendant plusieurs semaines.
Tout ?tait si f?minin dans cette pi?ce. J'avais d?j? vu et utilis? ma
salle de bain. Je d?couvrais en face du grand lit, une table de
maquillage, et une porte qui donnait sur un dressing-room. Dans cette
petite pi?ce ?taient rang?es de nombreuses tenues exclusivement
f?minines. Certaines portaient encore des ?tiqu?tes. J'allais apprendre
plus tard qu'une partie de ces v?tements ?taient des invendus de la
boutique. Sur une ?tag?re, il y avait ?galement des dizaines de paires
de chaussures de femme.
J'?tais perdu dans mon exploration et mes pens?es quand C?lia vint me
rejoindre.
"Elodie, il faut aller te coucher. Demain, nous allons nous lever t?t,
tu commences ton stage! Tu vas aider Genevi?ve ? pr?parer le petit
d?jeuner pour tout le monde!"
En me dirigeant vers le lit, je vis que C?lia avait pr?par? une chemise
de nuit orn?e de dentelles. J'eus un mouvement de recul, mais C?lia
commen?a ? me d?shabiller en me caressant:
"Tu sais qu'il faut ?tre sage!"
En peu de temps, j'?tais nu et C?lia m'aida ? enfiler la chemise de
nuit. Elle me fit me coucher, et je d?couvris la sensation de mes jambes
?pil?es en contact avec les draps en satin. Elle m'embrassa avent
d'?teindre la lumi?re et de me laisser seul.
Dans le noir, je retrouvais mes doutes et mes angoisses. Je repensais ?
Emilie, ? tout ce que j'avais perdu, je me mis ? pleurer. Je mis de
longues heures ? trouver le sommeil.
Les jours suivants, je n'eus que peu de temps pour penser ? mon sort.
C?lia et Genevi?ve faisaient tout pour que je sois constamment occup?.
Le matin, j'aidais Genevi?ve ? pr?parer le petit d?jeuner, puis, quand
j'avais termin? de faire la vaisselle, c'est C?lia qui me demandait de
l'aider dans son travail. Nous faisions les lits, le m?nage, la lessive.
C?lia me faisait laver toute la lingerie d?licate ? la main. C'?tait
tr?s troublant pour moi de toucher de si pr?s l'intimit? de plusieurs
femmes. Celia m'apprit ?galement ? repasser les v?tements.
A chaque fois que je croyais en avoir fini, une autre t?che m'attendait.
Quand C?lia me laissait, Genevi?ve me donnait un tablier, et je l'aidais
dans la cuisine.
A chaque repas, je poursuivais mon traitement, sans vraiment savoir en
quoi il consistait. Pourtant, je sentais bien que quelque chose se
passait. J'avais des naus?es presque tous les matins.
Au niveau de mes v?tements, les choses ?voluaient aussi tr?s vite. Un
matin, je ne trouvais plus mes baskets, qui furent bien vite remplac?es
par des tongs tr?s fines, tr?s f?minines. Le lendemain, apr?s une nuit
de pluie, il faisait bien plus frais. Je demandais ? pouvoir porter un
pantalon, mais C?lia me dit qu'il n'y en avait pas dans la maison et me
tendit un collant fin de couleur chair. En tremblant, je l'enfilais sous
mon short. Ne pouvant pas remettre mes tongs, C?lia me trouva une paire
de ballerines ? ma taille dans le dressing. Le lendemain, je dus
renoncer au short. Il fallait bien finir par le laver. C'est ainsi que
C?lia me poussa ? essayer une jupe, toujours en me demandant "d'?tre
sage". Elle sortit de mon sac l'ancienne jupe d'Emilie. C'?tait une
petite jupe droite noire qui m'arrivait ? mi-cuisses. Je ne pus retenir
une larme en enfilant cette jupe et en repensant ? Emilie, mais C?lia ne
me laissa pas le temps de me lamenter. Elle me fit enfiler une veste,
cacher mon visage encore tum?fi? par un foulard, puis elle m'accompagna
pour un rendez-vous avec Doria.
Doria me complimenta pour ma tenue, me demanda ce que je ressentais en
jupe et collant. J'admettais que les collants ?taient tr?s agr?ables ?
porter, mais que je me trouvais quelque peu ridicule. Doria me r?pliqua
qu'une fois mon visage r?tabli, je ne serais pas ridicule du tout... Que
je serais m?me plut?t jolie!
Je lui fis part de mon malaise ? cette id?e, mais elle reprit toujours
le m?me discours. Selon elle, j'?tais une "fille dans le corps d'un
gar?on", mes actes l'avaient d?montr?. Elle me parla de nombreux cas
d'amn?sie, d'actions oubli?es, ou inconsciemment refoul?es. Elle pensait
que dans mon cas, ma vraie nature f?minine ?tait refoul?e en raison
d'une ?ducation trop stricte dans un milieu trop traditionnel. Elle
semblait si convaincue que j'avais l'impression qu'elle avait raison,
que tout ?tait vrai, que j'avais bien pris plaisir ? me travestir, mais
que je ne m'en souvenais pas...
Ensuite, elle me demanda si je prenais r?guli?rement le traitement
qu'elle m'avait prescrit. Je lui r?pondis que oui, mais que mes naus?es
matinales m'inqui?taient. Doria m'expliqua qu'il s'agissait de sympt?mes
courants lors d'un traitement hormonal. Elle me dit que mon corps allait
bient?t s'habituer, que je me sentirais bien mieux, et que, dans
quelques semaines, mon corps serait "en ad?quation avec mon cerveau".
Elle m'expliqua que ma peau allait s'adoucir, que mes formes allaient
s'arrondir.
Tr?s inquiet, je lui demandais si les effets seraient permanents. Elle
m'assura que si on arr?tait le traitement, quelques courtes semaines
suffisaient ? en faire dispara?tre les effets.
Apr?s cette consultation, Doria m'accompagna chez un de ses amis, le
chirurgien dont elle m'avait parl?. Il me fit faire une radiographie,
examina mon nez et m'expliqua qu'il ne se ressoudait pas correctement,
et qu'il devait m'op?rer. Il m'offrit un rendez-vous pour la semaine
suivante, me pr?cisant qu'il devait bien ce service ? Doria, parce
qu'elle lui apportait ?norm?ment de client?le.
Les jours et semaines qui suivirent furent ?prouvants. Entre Genevi?ve
et C?lia qui me faisaient travailler, mes rendez-vous avec Doria et avec
une endocrinologue de ses amies, l'op?ration de mon nez et la
convalescence qui suivit m'?puis?rent. Je n'avais plus vraiment de temps
pour r?fl?chir ou pour douter.
Enfin, le jour de mon r?tablissement arriva. Doria, Solange et C?lia
?taient pr?sentes quand le chirurgien m'?ta les derniers pansements qui
couvraient mon visage. En me regardant dans le miroir, je fus sous le
choc. Si le contour de mes yeux restait encore enfl? et sombre, mon nez
?tait parfaitement droit, et d'une finesse que je ne lui connaissais
pas. Il ?tait beaucoup plus fin qu'avant... Plus f?minin.
C?lia, toujours tr?s gentille avec moi, m'?bouriffa les cheveux en me
disant que je devais songer ? une nouvelle coiffure. Solange acquies?a
et me dit qu'avec un peu de maquillage, je serais tr?s pr?sentable, que
je pourrais enfin commencer ? quitter l'appartement pour travailler dans
la boutique.
Plus tard dans la journ?e, dans ma chambre, C?lia me fit asseoir devant
la table de maquillage et me couvrit le visage de fond de teint. Elle
fit de m?me autour de mes yeux en me montrant comment faire pour cacher
mes derniers bleus. Avec ces couleurs tr?s naturelles, je retrouvais un
visage humain, mais j'avais du mal ? me reconna?tre. Pourtant, le soir,
au d?ner, tout le monde me complimenta.
Le lendemain matin, Solange m'emmena dans un salon de coiffure. Mes
cheveux, que je n'avais pas coup?s depuis des semaines, couvraient
maintenant mes oreilles. Je me retrouvais avec une coiffure encore
courte, mais ondul?e, tr?s androgyne... Ou plut?t, tr?s f?minine. A peine
sortis du salon, Solange m'amena dans un salon d'esth?tique. Avant
d'entrer, Solange me fit promettre de me laisser faire sans discuter.
Tr?s vite, je d?couvris dans la glace le visage d'une jeune femme aux
cheveux courts, aux sourcils impeccablement taill?s en deux fines
arches, au visage maquill?. J'avais m?me eu droit ? une manucure. Mes
ongles avaient ?t? taill?s, puis vernis avec un rose assorti aux
couleurs de mes l?vres. J'?tais muet de stupeur devant cette jolie
femme, dont j'aurais pu tomber amoureux. Cette jeune femme, c'?tait moi!
Solange se pla?a derri?re moi, et me regarda dans le miroir.
"Magnifique! Je supposais que vous aviez du potentiel, mais je
n'imaginais pas ? quel point!"
"Euh, je ne sais pas... Je ne me reconnais pas..."
"Oui, vous avez raison, Elodie, il manque encore quelques d?tails. Il
faut encore faire des efforts sur votre tenue, et surtout, il vous faut
une jolie paire de boucles d'oreilles."
A peine avait-elle dit cela que je me retrouvais avec les oreilles
perc?es et des pendentifs dor?s.
L'apr?s-midi m?me, Solange m'emmena dans sa boutique et me pr?senta ?
toute l'?quipe comme "Elodie, la nouvelle stagiaire". Huit femmes
m'entour?rent pour me souhaiter la bienvenue dans l'?quipe. Il y avait
Solange et Rose, que je connaissais d?j?, mais aussi Anne, Nolwenn,
Lara, Val?rie, Agn?s et Julie. Elles ?taient d'?ges diff?rents, mais
toutes ?taient impeccablement coiff?es, maquill?es et habill?es. J'?tais
impressionn? par leur classe qui semblait si naturelle, et leur aisance
? se d?placer avec gr?ce, toutes sur des talons hauts. En les admirant,
je me regardais dans un grand miroir devant lequel nous nous tenions.
J'avais l'air d'une jeune adolescente ignorante face ? une assembl?e de
grandes dames. Mon tee-shirt et ma petite jupe noire semblaient bien
pauvres face aux tailleurs que portaient ces femmes. Avec mes
ballerines, j'avais l'impression d'?tre plus petit que chacune d'entre
elles.
Nolwenn, la plus jeune, fut charg?e de m'accompagner au sous-sol pour me
montrer mon travail. Dans un premier temps, je n'allais pas rencontrer
de clientes, j'allais m'occuper des stocks, d?faire les cartons,
repasser les v?tements pour faire dispara?tre les faux-plis... En m?me
temps, Nolwenn m'expliquait la mode, les ensembles coordonn?s et les
v?tements qu'il ne convenait pas de porter avec d'autres.
Ainsi, j'entrais dans une nouvelle routine, perdu dans un univers
exclusivement f?minin. Petit ? petit, je m'habituais ? cette nouvelle
vie.
Les seuls moments o? mes doutes me reprenaient, c'?tait le soir, quand
j'?tais seul dans ma chambre, mais le plus souvent, C?lia me tenait
compagnie. Elle me faisait d?couvrir et essayer de nouveaux v?tements.
Elle me donnait des le?ons de maquillage, et me montrait comment me
d?maquiller. A chaque fois que je faisais mine de me rebeller, elle me
demandait "d'?tre sage"... Et ? chaque fois, elle me r?compensait par des
caresses d'une sensualit? qui me faisait fondre.
Un jour, en me d?shabillant, les mains de C?lia gliss?rent sur ma
poitrine qui avait l?g?rement grossi, et qui devenait tr?s sensible.
Elle s'en aper?ut et entreprit de la caresser. Surpris, j'eus un
mouvement de recul et je tombais en arri?re sur mon lit. C?lia se pla?a
au-dessus de moi et commen?a ? me caresser, me l?cher et me mordiller
les t?tons. Lentement, elle me fit d?couvrir un plaisir que j'ignorais.
J'avais rarement connu un tel plaisir.
Tout en continuant ? me caresser, elle approcha de mon oreille pour me
chuchoter:
"Tu deviens femme. Tu vas voir, tu vas d?couvrir un bonheur que tu ne
soup?onnais pas!"
A ces mots, mon corps se mit ? trembler. Pour la premi?re fois de ma
vie, je ressentais un orgasme sans toucher ? mon sexe. A peine remis, je
voulus offrir les m?mes caresses ? C?lia, je voulais lui faire l'amour,
mais elle me repoussa avec douceur, puis me laissa seul.
Le lendemain matin, Solange vint personnellement me r?veiller. Elle
?carta ma chemise de nuit et examina ma poitrine:
"C?lia m'a pr?venue. Je vois qu'effectivement, le traitement hormonal
est efficace. Il est temps pour vous d'avoir de nouveaux dessous... Et
surtout, votre premier soutien-gorge!"
Depuis plusieurs jours, j'avais bien compris ce qui m'arrivait. Mes
hanches et mes seins s'arrondissaient. Pourtant, le fait de devoir
porter un soutien-gorge fut un choc pour moi. J'?clatais en sanglots
incontr?l?s. Solange sortit de ma chambre et appela C?lia. Celle-ci vint
me prendre dans ses bras et me serra longuement avant que je ne
parvienne ? me calmer.
Apr?s le petit d?jeuner, Solange m'emmena dans une boutique de lingerie.
Elle me fit d'abord essayer un ensemble coordonn? avec un shorty et un
soutien-gorge d'adolescente. En regardant attentivement mon corps en
petite tenue, Solange eut l'id?e de me faire essayer un corset. Peu
apr?s, mon corps ?tait sangl? dans une gu?pi?re lac?e qui affinait ma
taille et faisait ressortir mes fesses. J'avais aussi l'impression que
mes seins avaient doubl? de volume!
La vendeuse ne sembla nullement surprise ou g?n?e par la bosse qui
d?formait la culotte assortie ? la gu?pi?re. Elle alla chercher une
paire de bas nylon noirs, qu'elle m'aida ? enfiler et ? attacher. Dans
la glace, je voyais une pin-up comme je n'en avais vu que dans des
magazines... Et cette pin-up, c'?tait moi!!!
Solange me fit essayer d'autres ensembles avec cette m?me id?e d'affiner
ma silhouette. Je d?couvris des quantit?s d'articles de lingerie dont je
ne soup?onnais pas l'existence. Je ressortis de la boutique avec
plusieurs petites culottes et un soutien-gorge assorti, la gu?pi?re, sa
culotte et trois paires de bas, ainsi qu'un body sculptant en dentelle.
Alors que nous rangions nos achats dans sa voiture, Solange me dit:
"Bien! Maintenant que vous poss?dez de vrais dessous de dame, allons
essayer des chaussures."
Peu apr?s, je me retrouvais ? essayer des escarpins, sandales et
bottines ? talons. A la demande de Solange, les talons ?taient tous tr?s
fins et faisaient tous au moins huit centim?tres. Elle m'acheta une
paire d'escarpins classiques noirs, ainsi qu'une paire de sandales
blanches. Pendant les essayages, j'avais beau lui dire que je
n'arriverais jamais ? marcher avec de telles chaussures, elle ne
m'?coutait pas.
Une fois rentr?s ? son appartement, elle me dit que je ne devais pas
venir ? la boutique, mais m'entrainer ? marcher avec mes nouvelles
chaussures. Une fois de plus, c'est C?lia qui fut charg?e de m'aider.
En d?couvrant mes nouveaux dessous, C?lia me demanda de les porter pour
lui montrer. J'enfilais ? nouveau ma gu?pi?re, et mes bas. Cette fois,
avec les escarpins ? talons aiguilles, j'?tais encore plus troubl? de me
d?couvrir dans le miroir.
C?lia semblait troubl?e elle aussi. Elle s'empressa de compl?ter ma
tenue avec une petite robe noire trouv?e dans le dressing. Cette fois,
j'avais vraiment l'air d'une femme, et de plus, d'une jolie femme! C?lia
me fit rester debout avec mes talons, m'encouragea ? m'entrainer ?
marcher. Pendant des heures, je marchais en long et en large pour
m'habituer ? changer ma d?marche. C?lia me montra comment poser mes
pieds l'un devant l'autre, comment poser la pointe du pied avant le
talon pour marcher avec gr?ce. Alors que je me plaignais parce que
j'avais mal aux pieds, elle compliqua encore les exercices en me faisant
monter ou descendre des escaliers.
Alors que je pensais que ces exercices ?taient enfin termin?s, C?lia mit
de la musique et me fit danser, toujours en gardant mes talons. Au bout
d'un long moment de danse endiabl?e, un faux mouvement nous fit perdre
l'?quilibre et nous nous retrouv?mes allong?s sur mon lit en riant. Nos
regards se crois?rent, et nous arr?t?mes soudain de rire. Apr?s un
instant, j'approchais doucement ma bouche de celle de C?lia, et je
l'embrassais longuement. C?lia repris l'initiative en m'enlevant ma
robe. Chacun de ses gestes ?tait accompagn? de caresses sur ma poitrine
ou sur mes jambes gain?es de bas. Alors que je me redressais, C?lia, me
repoussa doucement sur le lit, se mit ? genoux, et m'enleva ma culotte.
Elle me regarda un bref instant dans les yeux avec un sourire coquin,
puis elle plongea pour commencer ? me sucer. Sa bouche experte ne tarda
pas ? me faire g?mir de plaisir. Ses mains partirent ? l'exploration de
mes fesses. Alors que sa fellation faisait monter le plaisir en moi,
elle introduit un, puis lentement plusieurs doigts dans mon anus. Ma
surprise ne dura qu'un bref instant. Un orgasme gigantesque me
submergea. Je restais un instant an?anti par l'intensit? de ce que je
venais de ressentir, puis je me redressais, pris C?lia par les ?paule,
et, en me tournant, la fit tomber ? son tour sur le lit. Pendant que je
caressais ses jambes et retroussais sa robe, elle ne cessait de r?p?ter:
"Non, non, il ne faut pas..."
Mais cette fois, je la tenais, avec douceur, mais fermement. J'avais
enfin l'initiative, et je voulais lui rendre un peu du plaisir qu'elle
m'avait donn?. Malgr? ses mains qui tentaient de replacer sa robe, je
parvins ? baisser sa petite culotte de dentelle, et ? y d?couvrir... Un
sexe de gar?on!
Sous le choc, je restais immobile pendant que C?lia se redressait et
rajustait sa tenue.
"Je suis navr?e, je crois que tu n'aurais pas d? voir ?a..."
Elle cacha son visage o? je vis couler des larmes et se dirigea vers la
porte. Je parvins ? la retenir d'une main, et je la fis se rassoir sur
le lit. Je m'assis ? c?t? d'elle, et je pris ses mains dans les miennes.
Elle posa sa t?te sur mon ?paule:
"Je suis d?sol?e, je suppose que tu es tr?s d??u."
"Euh... Non, je suis seulement surpris."
"Maintenant, tu sais pourquoi Solange tenais ? ce que je m'occupe autant
de toi. Je sais ce que tu ressens... Je l'ai v?cu avant toi."
"Tu veux dire... Que tout ce que tu as fait, tu l'as fait parce Solange te
l'ordonnait?"
"Oui... non... Enfin, au d?but, oui. Puis petit ? petit, j'ai vraiment aim?
?tre avec toi..."
"Moi aussi, j'aime bien ?tre avec toi... Depuis qu'Emilie m'a quitt?, je
me sens perdu et seul... Sauf quand tu es l?. Je... Je suis d?sol?, je
voulais te donner du plaisir, je..."
"Oui, je sais!"
"Euh, C?lia, tu peux m'expliquer? Je veux dire, qui es-tu? Comment en
es-tu arriv?e l??"
"C'est une longue histoire... Mais je dois dire que Madame Solange m'a
?norm?ment aid?e. Aujourd'hui, gr?ce ? elle, je suis heureuse..."
Pendant que C?lia me disait cela, ses larmes coulaient. Je sentais bien
qu'elle me cachait des choses. Je parvins ? mettre de c?t? la vision de
son sexe masculin, et je me penchais pour l'embrasser. Lentement,
timidement, nous reprenions nos caresses, puis, rapidement, nous ?tions
allong?s c?te ? c?te sur mon lit, et nous nous embrassions. En
tremblant, je me glissais lentement entre ses jambes. M?me si cette id?e
me r?vulsait quelque peu, je ressentais que je devais lui rendre ce
qu'elle m'avait donn?. Je retroussais sa robe, l'aidais ? retirer sa
culotte, et apr?s une derni?re h?sitation, en essayant d'oublier mon
d?gout, je pris son sexe en bouche. Maladroitement, je commen?ais ?
sucer ce membre qui prenait du volume, puis, encourag? par les
g?missements de C?lia, ma bouche commen?a un lent mouvement de va-et-
vient. Apr?s un long moment, je re?us dans la gorge un jet chaud et
acre. Peu apr?s, en silence, je m'allongeais ? nouveau ? c?t? de C?lia.
Elle me sourit:
"Merci, c'?tait tr?s agr?able... Tu ne me croiras peut-?tre pas, mais
c'?tait la premi?re fois que quelqu'un m'a fait ?a..."
"Euh, tu ne me croiras peut-?tre pas... Mais c'?tait la premi?re fois que
je faisais ?a!"
Apr?s un bref ?clat de rire, nous rest?mes l?, allong?s, dans les bras
l'un de l'autre.
R?cit de C?lia.
Je n'ai pas tout dit ? Elodie. Je ne savais pas exactement pourquoi elle
?tait l?, mais je savais bien qu'elle n'?tait pas compl?tement
volontaire pour ?tre f?minis?e ainsi, et que madame Solange et Ma?tresse
Doria ne lui laisseraient pas le choix, quoi qu'il arrive. C'?tait mieux
pour elle que cela se passe en douceur, comme ce fut le cas pour moi ?
partir du moment o? j'avais finalement accept? mon sort.
Je me souviens de mon enfance difficile, de mon p?re en prison, de la
maladie de ma m?re, du foyer dans lequel j'avais ?t? plac? avec une
vingtaine d'autres jeunes. Je me souviens de ma premi?re rencontre avec
Ma?tresse Doria. Ce jour-l?, la directrice du foyer m'avait s?lectionn?
avec trois autres camarades pour rencontrer un groupe de six femmes.
Ma?tresse Doria ?tait l'une d'entre elles. Ces femmes nous pos?rent des
dizaines de questions, elles examin?rent notre physique. C'est bien plus
tard, en y repensant, que je me rendis compte que nous ?tions les quatre
gar?ons les plus petits et les moins virils du foyer.
Le lendemain, nous n'?tions plus que trois ? prendre la route vers ce
que nous pensions ?tre un nouveau foyer. C'?tait une grande maison o?
nous f?mes enferm?s pendant pr?s de deux ans. Ma?tresse Abiga?l, la
propri?taire, nous forma pour devenir du "personnel de maison". Au
d?part, m?me si nous n'?tions pas tr?s enthousiastes, nous acceptions
bon gr? mal gr? d'apprendre ce m?tier. Au moins, nous allions avoir une
chance de nous en sortir dans la vie.
Ce n'est qu'en constatant les changements dans notre physique que nous
compr?mes que quelque chose n'?tait pas naturel dans cette maison.
Voyant que l'on avait compris, Ma?tresse Abiga?l nous r?v?la notre sort.
Nous avions ?t? s?lectionn?s pour ?tre f?minis?s et pour devenir les
soubrettes de certaines grandes dames de la haute bourgeoisie. Cyril,
l'un d'entre nous, s'?chappa pendant la nuit. Les gendarmes le
ramen?rent deux jours plus tard. Il nous raconta qu'on n'avait aucune
chance de s'?chapper. Nous ?tions catalogu?s comme des jeunes issus d'un
foyer, comme des quasi-d?linquants. Notre parole ne pesait pas lourd
face ? celle de ces grandes bourgeoises. Il y avait parmi ces femmes des
directrices de grandes entreprises, des m?decins, des avocates...
Nous ne voyions que tr?s peu Ma?tresse Doria, mais nous compr?mes
qu'elle ?tait l'une des principales dirigeantes de cette organisation.
En tant que sp?cialiste de l'identit? de genre, elle traitait de
nombreux cas de transsexualit?. C'est elle qui nous avait
"diagnostiqu?s" comme transgenres, et qui prescrivait de mani?re tr?s
officielle le traitement hormonal qui transformait notre corps.
Quand je me rebellais ? mon tour, je fus enferm? pendant plusieurs
jours, au pain sec et ? l'eau. Ma?tresse Abiga?l me mena?a, si je ne me
soumettais pas, de me vendre ? un r?seau de prostitution!
Vaincue, j'apprenais ma nouvelle vie. J'?tais d?sormais C?lia, une fille
et une soubrette: le travail, la tenue et le maquillage toujours
impeccables, j'allais toujours ?tre au service de ma Ma?tresse. Au bout
de quelques mois, je fus d?clar?e "bonne pour le service", et je me
retrouvais au service de madame Solange. Ce n'est pas la vie que
j'esp?rais, mais je vais bien, et madame Solange est une patronne
g?n?reuse. Elle me donne m?me des jours de cong?, comme n'importe quelle
employ?e. Je revois parfois Judith, l'une des camarades qui avait ?t?
f?minis?e avec moi. Elle est heureuse, elle a m?me un petit copain. Par
contre, je ne sais pas ce qu'est devenu Cyril. Il n'accepta jamais de se
soumettre. J'esp?re qu'il, ou qu'elle va bien...
R?cit d'Elodie.
Le lendemain matin, c'est Solange qui nous r?veilla. Elle semblait tr?s
en col?re, elle tenait une cravache ? la main:
"Eh bien C?lia! Il y a d?j? une heure que je vous cherche! D?p?chez-vous
de reprendre votre service!"
C?lia, la t?te basse, sans un mot, rassembla ses affaires et partit en
courant.
Je me permis de prendre la parole:
"Madame Solange, s'il vous plait, ne soyez pas trop s?v?re avec C?lia,
tout est de ma faute, je..."
Solange m'interrompit avec autorit? et, avec sa cravache, ?carta les
draps qui me couvraient encore. D'un geste, elle me fit signe de me
lever. Je portais encore ma gu?pi?re. Je cachais de mes mains mon sexe
qui pendait passivement entre mes jambes gain?es de bas. Effray?, je
restais silencieux. En tournant autour de moi et en jouant avec sa
cravache, Solange commen?a ? parler avec une fermet? qui me poussait ?
garder le silence:
"Je vous accueille sous mon toit, je vous nourris, je vous offre une
formation, un emploi... Je vous habille, et voil? comment vous me
remerciez! Toute ma maisonn?e est sens dessus-dessous parce que ma bonne
ne fait plus son travail!"
Du bout de sa cravache, elle ?carta doucement mes mains, puis souleva
mon sexe:
"Il suffit que je vous offre quelques jolis dessous, et vous ne
contr?lez plus votre... Petit vermisseau!"
Elle continuait ? tourner autour de moi. J'ouvris la bouche pour me
d?fendre, mais elle me frappa les fesses d'un coup de cravache si
violent que j'eus le souffle coup?. En montrant l'entr?e de ma chambre,
elle se mit ? crier:
"Vous n'?tes pas bien chez moi? Parfait! Vous ?tes libre de partir! La
porte est l?!"
Je ne bougeais pas, des larmes coulaient maintenant sur mes joues. Un
instant, je songeais ? me sauver... Mais pour aller o?? Je ne parvins qu'?
murmurer:
"Je suis d?sol?."
"Bien, nous en reparlerons ce soir! Pour l'instant, il y a du travail.
Aujourd'hui, il vous faudra ?tre irr?prochable si vous voulez rester! Je
vous attend ? la boutique dans une demi-heure, et je compte vous voir
dans une tenue impeccable!"
A la s?v?rit? du ton de Solange, je sentais que je n'avais pas vraiment
de droit ? l'erreur ce jour-l?.
Je pris une douche rapide, puis je me concentrais pour essayer
d'appliquer au mieux les rudiments de maquillage que C?lia m'avait
appris.
Je choisis de mettre mes plus beaux dessous, avec des bas clairs, et je
trouvais dans le dressing un chemisier cr?me et un tailleur noir, avec
une jupe stricte qui m'arrivait ? quelques centim?tres au-dessus de
genoux. J'enfilais mes escarpins, et je n'eus que le temps d'avaler mes
pilules sans petit-d?jeuner avant de rejoindre mon poste.
J'entrais dans le magasin et saluais bri?vement tout le monde avant de
me diriger vers la r?serve. Solange m'arr?ta:
"Elodie, mais vous ?tes plut?t jolie aujourd'hui! Comme quoi, un peu de
s?v?rit? ne nuit pas. Il n'y a rien d'urgent ? faire dans la r?serve, et
dans votre tenue, il serait dommage de vous cacher ? la client?le. Vous
allez rester avec Rose, elle va vous montrer les rudiments de la vente!"
Cette matin?e fut ?puisante, j'?tais affam?, mais je m'effor?ais de
garder bonne figure. Je fis ma premi?re vente, et pas ? n'importe qui!
Deux jeunes femmes entr?rent dans la boutique vers dix heures. Rose les
accueillit en leur faisant la bise. Elle me pr?senta ces deux jeunes
femmes:
"Elodie, Agathe est l'une des filles de Doria, et Nicole est sa fianc?e.
Veux-tu bien leur montrer le rayon des robes de grossesse, Agathe attend
un heureux ?v?nement! Je finis avec une autre cliente, et je viens vous
rejoindre."
Tandis que je guidais ces deux superbes jeunes femmes vers le rayon,
Agathe me posa des questions:
"Vous ?tes la nouvelle stagiaire, n'est-ce-pas? Ma m?re m'a parl? de
vous."
Je compris imm?diatement que ces jeunes femmes savaient tout de moi. Je
d?cidais de rester prudente et tr?s respectueuse dans mes propos.
"Oui, en effet, je ne suis que stagiaire, j'esp?re que vous me
pardonnerez si je fais preuve de maladresse."
"Oh, je suis convaincue que vous vous d?brouillerez tr?s bien! Je vous
f?licite pour votre tenue! Est-ce vous qui l'avez choisie?"
"Oui, mademoiselle. Merci beaucoup, mademoiselle."
"Vous travaillez ici depuis longtemps?"
"Non, mademoiselle, ? peine quelques jours... Et c'est ma premi?re fois
avec des clientes!"
"Eh bien, voici des d?buts prometteurs, qu'en dis-tu Nicole? Elle est
tr?s jolie, n'est-ce-pas?"
"Oui, tr?s jolie."
"Ah, si je vous avais connue avant Nicole!"
"Agathe, je t'en prie!"
Agathe me prit par le bras et approcha sa bouche de mon oreille:
"J'adore la rendre jalouse!"
Nous ?tions arriv?s devant le rayon o? je pr?sentais ? Agathe les
derniers mod?les de robes de grossesse. J'avais de la chance, je les
connaissais parce que je les avais sortis des cartons moi-m?me ? peine
trois jours auparavant. J'osais une question:
"Vous ?tes ? quel mois? On ne voit pas du tout que vous ?tes enceinte!"
"C'est mon troisi?me mois, n'est-ce-pas ma ch?rie?"
Me r?pondit-elle en embrassant Nicole. En montrant les diff?rentes
robes, je ne pus m'emp?cher de me demander qui ?tait le p?re du b?b?. Je
suppose que mes pens?es se lisaient sur mon visage, car Agathe me dit ?
voix basse:
"Par ma m?re, je sais un certain nombre de choses sur vous!"
Elle me fit un clin d'?il avant de poursuivre:
"Nicole, ma fianc?e, a quelques points communs avec vous... Si vous voyez
ce que je veux dire?"
Je secouais la t?te, n'osant comprendre. Elle ajouta:
"Eh bien, c'est Nicole, le