Chapitre 5: Trois femmes et une corde
Derni?re semaine
Le lendemain, Hugo se r?veilla avec une douleur sourde ? l'anus et aux
pieds. Il se souvint imm?diatement de ce qu'il avait fait, de tout ce
que ceci signifiait. Il eut une envie de pleurer, mais qui fut tr?s vite
compens?e par le souvenir du plaisir qu'il avait ressenti, si bien qu'il
d?cida qu'il n'y avait rien de honteux ou de mal ? ce qu'il avait fait.
Il sentait comme un monde s'?crouler en lui pour rena?tre ? nouveau. Il
retira ensuite son corset et observa avec satisfaction que l'effet
souhait? commen?ait ? appara?tre. Une courbure nette, marqu?e, entre sa
taille et ses hanches. Il envoya ensuite imm?diatement un message de
r?veil ? Julia, qui devait d?j? ?tre sur le chemin de l'?cole mais qui
lui r?pondit imm?diatement ; il ne souhaitait pas lui parler de tout ?a.
Hugo consid?rait que, malgr? sa grande intelligence, elle n'avait pas
encore la maturit? pour parler de questions sexuelles. Lui-m?me se
demandait s'il avait bien l'?ge pour penser ? tout ?a...
Il se leva, et d?cida, puisque sa tante n'?tait pas l?, de ne pas faire
semblant. Il se vernit les ongles de rose p?le, puis enfila une robe en
velours de Madeleine, pliss?e et courte, une paire de collants opaques,
et des bottines ? petits talons. Lorsqu'il vit Emma au petit d?jeuner,
elle ne fit, comme ? son habitude, aucun commentaire. Elle ne fit aucun
commentaire non plus lorsqu'elle le vit ? nouveau dans la journ?e, avec
boucle d'oreilles, maquillage et bracelet, pour lui faire classe. Ce ne
fut qu'? la fin de la correction d'un de ses nombreux devoirs qu'elle
lui dit:
- Hugo? Tu...tu te sens bien, comme ?a?
- Comment, comme ?a?
- Et bien...tout ?a, tu vois. Dans cette tenue?
Il y eut un petit silence avant qu'il ne fasse un petit signe positif de
la t?te. Elle lui sourit.
- ?a te va tr?s bien, en tout cas. C'est tr?s naturel et de bon go?t. Tu
es tr?s jolie et saine!
Hugo rougit l?g?rement. Il aimait beaucoup Emma, et naturellement, il
?tait tr?s sensible aux compliments sur sa tenue. D'autant qu'il
redoutait sa r?action.
- Mais peut-?tre un peu trop habill?e pour aller en classe, tu ne crois
pas?
- Oh...pardon Emma.
- Non! Mais c'est pas grave! Moi ?a ne me d?range pas. Mais pour ta
tante, peut-?tre un peu plus simple pour faire classe? Ceci dit, je
doute qu'elle ait l'occasion de te refaire classe d'ici ton d?part...
- Oh mais je n'oserais jamais devant Fran?oise!
Emma s'approcha d'Hugo.
- Tu sais, Hugo. Je dois toujours t'appeler Hugo, au fait?
- Euh...oui?
- Bon, Hugo. Ta tante, elle n'a rien contre, fondamentalement. Elle aime
beaucoup quand tu ressembles ? sa fille, mais elle n'osera jamais
l'avouer. Et tu sais pourquoi? Parce que tu n'es pas son fils, mais son
neveu. Et ta m?re, va revenir. Tu penses que ta m?re va dire quoi? Ta
tante elle a peur, voil?, c'est tout. Elle cherche ? ce que tu
redeviennes comme tu ?tais quand elle t'a r?cup?r?, parce qu'elle a peur
que ta m?re l'accuse. Et ?a se comprend!
- Pourquoi, ?a se comprend?
- Parce qu'elle a perdu son enfant! Mais moi, je te trouve magnifique!
Tu sais, mon petit Jo, si tu ?tais une fille, je pense qu'il serait
amoureux de toi. Et m?me comme ?a, je crois qu'il a un peu le b?guin.
Pourquoi tu crois qu'il est devenu si gentil d'un coup?
- Je...il m'a dit que c'est parce qu'il s'est rendu compte qu'il avait
?t? b?te.
- Ah ?a, oui, mon fils, il peut ?tre b?te parfois! Mais pour qu'il s'en
rende compte, et en plus qu'il te l'avoue, c'est parce qu'il est un peu
amoureux. Bon, bien s?r, tu es un gar?on, alors il ne peut pas ?tre
amoureux, mais il a un faible pour toi, surtout que tu ressembles ? ta
cousine, vraiment. Tu crois qu'il y a beaucoup de fille de ton ?ge qui
s'habille de mani?re aussi f?minine, des petites robes des bijoux, du
maquillage, ? 13 ou 14 ans? Et qui sont form?es comme toi? Tu es tr?s
belle, tu ne t'en rends pas compte!
- Mais...
Hugo devint tout rouge. Il ne savait pas quoi dire.
- Non, mais oublie tout ?a. Je ne veux pas que tu sois g?n?. Mais
simplement, il faut comprendre que ?a puisse avoir des cons?quences sur
mon fils! Rassure-toi, il ne va pas essayer de t'embrasser! Mais c'est
s?r que ta tenue, ton physique, ?a lui impose du respect.
Hugo termina le cours. L'apr?s-midi, Emma l'amena chez les parents de
Julia pour qu'il y passe un moment. Il se pr?senta comme Aur?lia, et
apr?s quelques rapides ?changes avec les parents, ils se retrouv?rent
seuls dans la chambre, s'embrassant timidement. Hugo s'?tait d?maquill?
la bouche pour ne pas g?ner son amie. Il lui raconta ce qu'il lui ?tait
arriv? ces derniers jours, et elle appr?cia beaucoup son nouveau surnom
de ?Hu?, qu'elle pronon?ait Yu, m?me si elle trouvait ce nom plut?t typ?
asiatique. Une id?e le d?rangeait toutefois, ce qu'Emma lui avait dit,
et il s'exprima d?s qu'il le put.
- Julia...je peux te poser une question?
- Oui! Dis-moi!
- Est-ce que tu trouves vraiment que j'ai l'air vraiment f?minin?
- C'est une vraie question?
- Mais oui!
Julia se renversa sur son lit et ?clata de rire. Un fou rire franc,
complet, qui dura une bonne minute. Hugo essaya d'abord de rire avec
elle, avant de se sentir vex?. Qu'est-ce qu'il avait dit de si dr?le?
- Hugo...Yu...comment te parler franchement...Yu...tu ne peux pas
vraiment me poser cette question?
- Mais pourquoi?
- Dis-moi plut?t, qu'est ce qui n'est pas f?minin chez toi?
- Mais je sais pas! Tout! A part mon apparence!
- Et ton attraction sexuelle!
- Bon, d'accord, et mon attraction sexuelle.
- Mais pas du tout Hugo. Par exemple, pourquoi es-tu habill? comme ?a?
- Comment, comme ?a?
- Eh bien, avec cette robe, ces collants, ces chaussures?
- Euh...je ne sais pas. C'est mes v?tements d'aujourd'hui.
- Pourquoi pas d'autres v?tements?
- Je suis ? l'aise dedans!
- Et pourquoi tu es maquill?? Et pourquoi tu as des boucles d'oreille,
tes cheveux longs, pourquoi tout ?a? Pourquoi ne pas couper tes ongles,
ou ne pas porter de vernis? Tu sais que moi, je ne suis pas
homosexuelle! Pourtant tu viens me voir, avec tous les attributs d'une
femme!
- Mais ?a ne d?finit pas que je sois une femme!
- Hugo! Ahh! Je vais m'y faire...Yu! Tu as le choix ici pour venir me
voir, pourtant tu choisis les v?tements et l'apparence la plus f?minine
possible. Est-ce que ?a ne veut pas dire que c'est l'apparence qui te
convient, par d?faut?
Elle s'?tait redress?e sur son lit, tenant son oreiller contre elle, et
le regardait intens?ment, buvant chacun des mots qu'il disait.
- Je...je ne sais pas, je n'y ai pas r?fl?chi. Je me suis juste habill?,
et mis ainsi, ce matin.
- C'est exactement ce que je te dis! C'est naturel, pour toi. C'est
naturel. C'est ta ?nature?.
- Mais...!
Hugo ?tait frustr?. Pourquoi fallait-il toujours qu'elle soit plus
intelligente que lui?
- Ca ne veut rien dire sur ma fa?on d'?tre.
- Yu, il n'y a pas de ?fa?on d'?tre? d'une femme. Nous sommes tous
diff?rents. Tu es Hugo, je suis Julia, nous sommes tous les deux des
?tres humains. Mais ?coute moi, si ?tre un homme ou ?tre une femme
signifie quelque chose, autre chose que ton aspect physique, et m?me en
dehors de ?a, alors tu es carr?ment, compl?tement, tout ? fait, une
femme.
- Mais pourquoi?
- Mais parce que tu accumules toutes les choses que je vois chez les
filles, dans mon lyc?e, et franchement, aucune des gar?ons. Tu n'aimes
pas la violence, tu penses beaucoup ? ton apparence, tu veux toujours
para?tre ? ton avantage physiquement, tu es beaucoup dans l'?coute des
autres, tu es plein de douceur, de gentillesse, tu es tr?s ?motif, tu as
beaucoup d'imagination, et un monde secret, et tant d'autres choses.
- Mais un gar?on peut avoir tout ?a, aussi!
- Oui, tu as parfaitement raison! C'est pour ?a que j'ai pr?cis? ?si
?tre une femme signifie quelque chose?.
- Dis donc, tu as l'air bien cal?e sur tout ?a...
- C'est parce que je suis une f?ministe, Hugo.
Elle se releva droite sur le lit. Ses yeux brillaient, elle semblait
tr?s fi?re de ?a.
- Et...?
- C'est pour ?a que je pense que tu ne devrais pas te torturer pour tout
?a. Tu ?es? ce que tu es, Yiou, avant d'?tre un homme ou une femme.
- Mais c'est exactement ce que je dis!
- Et c'est pour ?a que je t'aime tant, mon ch?ri. Mais il faut que tu
comprennes que, pour tout, absolument tout le reste, tu es une femme, et
au-del? probablement de ce que tu peux imaginer. Tu es plus une femme
que moi. Tu es plus une femme qu'un bon nombre de mes copines. C'est pas
?tonnant, aussi, tu as eu comme mod?le de f?minit? tes cousines, qui
sont des arch?types du genre! A force de lire ces magazines, tu t'es
bourr? le cr?ne d'idioties, sur comment il fallait ?tre.
- Je ne pensais pas...je ne r?alisais pas...pardonne moi.
Elle le prit dans ses bras et le regarda dans les yeux.
- Mais ?a n'est pas grave! En dehors de...de notre petit probl?me
physique, pour moi, ?a n'est pas un probl?me. Si tu te sens mieux ainsi,
alors tu es ainsi. Et puis, pour le sexe, nous serons cr?atifs.
- Pour le sexe?
- Oh, Hugo, ne me dis pas que n'as pas d?j? pens? ? la question?
- Je....si...
- Je veux dire, en dehors de tes fantasmes, et de ce que tu as fait avec
Sa?d.
- ...
- Je vais ?tre tr?s claire. Si tu me trompes, c'est fini entre nous. Si
tu embrasses quelqu'un d'autre, c'est fini entre nous et je ne te
parlerai plus jamais. Tu ne me trompes pas d'accord? Si tu veux voir
quelqu'un d'autre, tu me dis avant, et on se s?parera, et on pourra
rester amis.
Son regard ?tait fixe, brutal. En un instant, elle ?tait pass?e d'une
douceur extraordinaire ? une menace brutale et franche.
- Je...mais...je ne comptais pas...
- Tu m'as dit que tu fantasmais sur d'autres gar?ons, comme Sa?d, non?
Si tu revois Sa?d, ?a sera fini entre nous. Tu as compris? Je ne peux
pas l'accepter.
- D'accord.
- C'est d'accord? Tant mieux! Au fait, ta m?re, elle habite loin?
- Oui...
- Vraiment loin?
- Oui, assez.
- J'esp?re qu'on pourra continuer ? se voir. Tu reviendras cet ?t?? On
pourra passer l'?t? ensemble, comme ?a!
- Je ne sais pas si ma m?re acceptera. Mais j'esp?re!
- Sinon, je viendrai passer l'?t? avec toi. Mes parents ne pourront pas
me le refuser!
- Tu es tellement gentille.
- Et je sais ce que je veux. ?a peut te para?tre ?trange, mais ce que je
veux c'est toi. ?a finira par venir, entre nous. J'en suis s?re! En tout
cas, moi, j'en suis s?re. Il va aussi falloir trouver un nom que je me
rappelle mieux!
Au moment de partir, lorsqu'il ?tait sur le point de franchir le seuil,
elle courut dans le couloir pour le rejoindre, et le serra dans ses bras
avant de l'embrasser ? pleine bouche, devant ses parents. Ils ne
sembl?rent pas plus surpris que ?a, Hugo se dit qu'elle leur avait
probablement expliqu? la situation, avec ses mots d'adulte et ses grands
principes. Emma eut l'air un peu surprise, mais, apr?s tout, elle avait
d?j? tellement accept?...
En arrivant ? la maison, Hugo envoya un message ? Aur?lia pour lui
pr?ciser qu'il ne voulait pas voir Sa?d finalement, car il avait sa
petite amie. Elle lui r?pondit imm?diatement qu'il ne pouvait pas savoir
si le sexe avec un homme ?tait mieux s'il n'essayait pas. Hugo lui
r?pondit alors qu'il aimait trop Julia, et qu'il ne prendrait pas le
risque, mais qu'il essayerait plut?t le godemich?, puis ils ?chang?rent
rapidement des messages directs.
- Ohhh! T'as craqu?, Julie! (elle continuait ? l'appeler Julie). Comment
t'as eu ?a?
- Je l'ai trouv? dans la chambre de ma cousine.
- H?h?h?...coquine!
- Dommage que tu sois pas plus open, je suis s?re qu'on aurait pu faire
quelque chose ? 4 avec Sa?d toi et moi, et ton godemich?.
- Arr?te...
- Arr?te? Tu sais que tu es belle ? croquer! Te faire prendre par un
gode ou par un mec, c'est pas pareil, mais au final, c'est toujours
tromper. Elle en dit quoi ta nana?
- Je lui ai rien dit.
- T'as bien fait! Bon, je dois te laisser, pense bien ? tout ?a ce soir
devant ton gode!
- Tu exag?res...
- Hu?
- Oh, tu ne vas pas aussi te mettre ? ce surnom? Julia m'appelle Yu
maintenant, aussi.
- Elle a bien raison! ?Hugo? fait tr?s...?a fait tr?s monsieur qui vient
en costume se faire tailler la barbe! Hi hi hi.
- Bon...Aur?lia...?a ne me fait pas rire!
- Mais si bien s?r que ?a te fait rire! Qu'est ce que tu penses sinon de
Liou? C'est plus doux ? prononcer, non? Il faut que tu me pr?sentes ta
copine, je suis s?re que je vais bien l'aimer. On pourrait faire la f?te
tous les quatre, avec Slimane!
Hugo ?tait agac?. Son amie ne songeait qu'? se faire courtiser, qu'?
faire la f?te, et avoir du sexe. M?me si une partie de lui r?vait de la
m?me vie, et qu'il fantasmait sur sa propre p?n?tration, il la trouvait
vraiment bien frivole, et ne semblait pas montrer beaucoup de respect
envers Julia...
Le reste de la semaine se d?roula tranquillement, Hugo se sentait
heureux, presque comme lors de ses vacances au soleil. Au lever, il
prenait les deux pilules que lui avait laiss?es Emma puis montait
directement chercher des v?tements dans le dressing de Sophie, ou bien
dans sa valise des affaires de Madeleine. Puis il se maquillait, allait
en classe avec Emma, qui le laissait g?n?ralement ? mi-journ?e pour
travailler sur un devoir long, pendant qu'elle s'occupait de ses autres
t?ches, c'est-?-dire g?rer la ferme en l'absence de Fran?oise. D?s
qu'elle avait le dos tourn?, il faisait un peu de sport pour affiner ses
formes, puis prenait soin de son corps, allait lire sur Internet des
conseils beaut? ou parfois s'entra?nait ? marcher avec les talons de sa
cousine. Il avait d?cid? d'y consacrer un moment par jour. Il n'y avait
pas vraiment r?fl?chi. Il y r?fl?chirait plus tard. C'?tait juste comme
?a. Il se sentait normal, apr?s tout.
Une fois en fin d'apr?s-midi, il se rendait chez Julia, ou elle venait
chez lui, ou bien Jo et C?line venaient. Il passait la soir?e tout seul
? lire, ou jouer. Puis il prenait g?n?ralement une cuiller?e de sa
pr?paration secr?te, et se couchait en enfilant son corset. Il avait
conclu qu'il valait mieux le porter de nuit que de jour, car il avait
peur que de jour cela se voit et qu'on lui pose des questions. M?me si
au final, dormir avec un corset pouvait ?tre tr?s inconfortable. Avant
de s'endormir, il sortait enfin g?n?ralement le godemich? de sa cousine
de sa cachette et se donnait du plaisir en regardant les affiches ultra-
sexualis?es de la chambre ou en discutant sexe avec Aur?lia. Il savait
qu'avant, il n'aurait jamais fait ?a. A son souvenir, d'ailleurs il
n'avait rien remarqu? lorsqu'il ?tait venu la premi?re fois dans cette
chambre. Il n'avait que vu des affiches, pas des gar?ons supers sexy.
C'?tait la preuve, pour lui, de la modification que lui avaient apport?
les hormones. Mais la conversation qu'il avait eue avec Julia l'avait
lib?r? de la culpabilit? et de la honte. Elle avait beau n'avoir que 13
ans, elle disait forc?ment vrai, puisqu'elle ?tait si intelligente. Si
elle disait qu'il n'?tait que lui-m?me, alors, il n'?tait que lui-m?me.
C'?tait vrai, parce que c'?tait elle, et parce qu'il l'aimait.
Vers le milieu de semaine, un infirmier vint pour lui faire une prise de
sang. Emma lui dit le lendemain que son taux d'hormone ?tait tr?s haut,
et qu'il faudrait attendre encore, mais que ce serait Fran?oise qui
d?ciderait, apr?s en avoir parl? avec Sabine. Sa m?re.
*********
Le 1 et 2 Mars
Le 1er mars, Fran?oise revint ?puis?e du Salon. Elle avait rencontr?
beaucoup de gens, avait beaucoup n?goci?, beaucoup de choses. Hugo n'en
savait trop rien. Elle arriva pendant qu'Emma lui faisait ?classe? et
corrigeait ses devoirs en regardant les documents que Fran?oise avait
laiss?s. Hugo la d?couvrit soudainement en se retournant. Elle avait son
regard pos? sur lui. Un regard plein d'amour, mais, aussi, de crainte,
et de soucis. Lorsqu'il se leva pour lui dire bonjour, il vit son regard
le jauger, regardant sa jupe courte, ses collants et ses ballerines et
son d?collet? sous son foulard. Il savait qu'elle n'approuvait pas, et
qu'elle br?lait de le r?primander, mais lui ne s'en souciait pas. Il se
sentait bien ainsi, et cela ne faisait pas de lui une fille. Il s'?tait
d'ailleurs fait la r?flexion le matin m?me que, m?me si tout ceci
faisait de lui une fille comme sa tante l'insinuait, il ne voyait pas en
quoi cela posait probl?me, le principal ?tait qu'il soit heureux, qu'il
ait des amis, de l'amour, et qu'il travaille bien ? l'?cole. Elle
l'attira ? l'?cart dans le couloir, et lui fit promettre que, pour la
venue de sa m?re, il soit dans une tenue d?cente.
- Mais...mais c'est une tenue d?cente!
- Hugo! Tu sais tr?s bien ce que je veux dire, chuchota Fran?oise, qui
ne voulait pas qu'Emma l'entende.
- Mais non! Qu'est ce qui n'est pas d?cent l??
- Hugo! Ta m?re, Sabine...elle elle n'est pas pr?par?e ? tout ?a.
Promet-moi que tu enl?veras ton vernis, que tu te d?maquilleras et que
tu enl?veras bijoux, et au moins les v?tements les plus f?minins!
- Tu veux que je vienne tout nu, c?est ?a? ironisa Hugo.
- Mais enfin! Tu as bien des v?tements ? toi, quand m?me!
- Merci de me faire remarquer que ceux-ci ne sont pas ? moi!
- Mais...ce n?est pas ?a que je veux dire! Et tu le sais tr?s bien. Mets
des v?tements de gar?ons, je veux que tu aies l?air d?un gar?on le plus
possible, pour quand ta m?re viendra. Je l?ai pr?venue...de...de ta
maladie, mais je ne veux pas qu?elle ait l?impression que je t?encourage
? le faire.
- Je ne sais pas malade! Et...tu ne m?encourages pas! Enfin...presque!
- Arr?te ton petit ton. Tu m?as tr?s bien compris. Tu feras comme je
t?ai dit, c?est compris?
- Sinon quoi? Tu vas me frapper, encore?
- HUGO! Ne me pousse pas ? bout! Il n?y a pas de sinon. Tu le fais,
c?est tout.
- Bon...d?accord.
- Merci.
Hugo profita du mince silence pour prendre la parole.
- Et en ?change, alors tu pourras m?acheter une robe ? moi? J?en ai vu
une tr?s jolie, je pourrais t?envoyer la r?f?rence?
Elle le regarda longuement.
- Hugo...Hugo...mais o? sont pass?es tes promesses? Hugo! Tu es
impossible! Il faut que tu penses ? demain, s?il te plait...
- Mais allez! J?ai ?t? sage, j?ai bien travaill?, pendant tous ces mois,
j?ai fait tout ce que tu m?as demand?, s?il te plait?
- Mais bien s?r que je peux t?offrir ce que tu veux! Ce n?est pas la
question...c?est...
- Quoi?
- H? bien...mais *pourquoi* veux-tu une robe?
- Mais parce que j?aime ?a!
- Je sais! C?est ?a que...(elle soupira)...enfin, tu te rends compte de
ce que tu me demandes? Qu?est-ce que je vais dire ? ta m?re? Qu?est-ce
que je suis suppos?e penser de toi? Tu me demandes comme cadeau de
d?part une ROBE?
- Mais elle est tr?s belle! Et il y a des tr?s belles chaussures aussi
si tu...
- Hugo! Arr?te! Ce n?est pas une question d?argent, ou de cadeau!
- Mais alors quoi?
- Mais c?est que ce sont des affaires de femmes! Tu es suppos? redevenir
un gar?on, devenir un homme. Tout ceci est temporaire, tu vas ?tre
soign?, bient?t, et tout rentrera dans l?ordre. T?offrir tout ?a...?a
serait comme...t?encourager! Tu n?es pas une fille, Hugo!
- Mais je ne suis pas une fille!
- Ton corps dit autre chose. Ta bouche dit autre chose. Ton corps! Cela
fait ? peine 15 jours que je suis parti, j?ai l?impression que ta taille
s?est REDUITE, tu as presque un corps de femme adulte! Comment est-ce
possible?
- Je suis un monstre, c?est ?a, hein?
- Mais non! Tu...tu ressembles beaucoup ? Madeleine, avec un corps un
peu plus form?, comme Sophie ? ton ?ge. Non! Tu es m?me tr?s belle, tr?s
adulte, pour tes 14 ans. Mais comme une FEMME. Et ?a, il va falloir que
?a change, rapidement. Et pas pour moi, pour ta m?re, et pour toi. Pour
toi!
- Mais, en attendant, tu peux me l?acheter, cet ensemble, qu?est-ce que
?a change? (Hugo se dit en parlant qu?en disant ?ensemble? plut?t que
?robe? il avait plus de chance d?obtenir les chaussures avec, peut-?tre
m?me un bijou? Puisque sa tante avait pr?cis? que l?argent n??tait pas
un probl?me...).
- Mais ?a change tout! ?a me met s?rieusement le doute sur le fait que
tu veuilles vraiment faire cette d?marche, d?accepter le soin. Si je
n?avais pas fait fermer l?acc?s ? la rivi?re, je me poserai m?me des
doutes sur le fait que tu n?ailles pas ? la rivi?re, au vu de tes
analyses...
- Je te jure, je ne suis pas retourn? ? la rivi?re! C?est surement le
temps que mon corps dig?re tout ?a...
- Mais qu?est-ce que je vais pouvoir dire ? ta m?re...? Ohlala...
- Mais, tu n?es pas oblig?e de lui dire. Tu m?ach?tes ce cadeau, et moi
je te promets, je ne dirais rien, je ferai comme si ?a faisait partie
des affaires de Madeleine!
- Je...je...je ne sais pas. Je ne sais plus. Franchement, c?est
tellement surr?aliste, je ne sais pas quoi dire.
- Quoi ?surr?aliste??
- Ben....ta demande, la situation. J?ai du mal ? croire que tu ?tais le
m?me gar?on qui, il y a un an m?a ?t? amen? ici parce qu?il avait
poignard? sa m?re!
- Eh bien, non, je ne suis pas le m?me gar?on.
- Mais es-tu seulement encore un gar?on, Hugo?
- Mais quelle importance? Ca a une importance sur ta r?ponse pour la
robe et les chaussures?
- Ahhhh! Tu as l?air de vraiment y tenir! J?essaye d?avoir une
discussion s?rieuse! On dirait une adolescente qui me r?pond. Tout ce
que tu veux, alors, c?est ?a?
- Mais oui!
Hugo sentait monter en lui une frustration qu?il ne contr?lait plus. Il
sentait qu?il ?tait proche de la r?ponse positive, et c??tait la seule
chose qui importait. Cela faisait des jours qu?il ne cessait de regarder
cette robe et ses chaussures, et il lui fallait. Il lui fallait
absolument. A cet instant m?me, rien d?autre n?avait plus d?importance.
Il ?tait assez content de lui de voir que son petit chantage avait bien
fonctionn?. Tout ?tait finalement beaucoup plus facile qu?avant, avec sa
tante!
- Bon...et je peux l?acheter o?? Au centre commercial?
- Oui! Emma m?a dit que tu devais y aller de toute fa?on, je peux
t?envoyer la photo tu pourras la prendre pour cet apr?s-midi, alors?
S?il te plait?
- H? bien h? bien...on dirait que tu as tout planifi?, alors? Si tu
veux, ?coute. Si c?est ?a qui te fait plaisir. Mais promet moi de faire
un effort pour quand ta m?re arrivera demain. TU ME PROMETS?
- Oui! Oui!
Hugo ?tait surexcit?. Sa tante s??loigna, et apr?s avoir fait l?aller-
retour pour lui montrer le mod?le, il retourna ? son cours avec Emma.
Ce ne fut qu?en toute fin d?apr?s-midi, en retournant ? sa chambre,
qu?il vit pos? un grand sac contenant la robe promise, et les
chaussures. Malgr? tout le choix qu?il avait dans les armoires,
c??taient ses premi?res chaussures ? talons ?? lui?, et il se sentait
tr?s fier: il les essaya imm?diatement, et ne voulut plus les quitter de
la soir?e. Quant ? la robe, c??tait une robe longue, en velours, verte
et brillante. Emma lui demanda ce qu?il comptait faire d?une robe aussi
habill?e, mais Hugo lui r?pondit qu?il la trouvait juste belle.
Effectivement, le v?tement lui mettait tr?s bien en valeur les yeux, et
ses boucles blondes brillaient de mille feux et sa poitrine ?tait
parfaitement mise en valeur. Rehauss? par ses talons, il se sentait
adulte, ainsi. Il voyait ses yeux briller, et il n?avait qu?une envie,
qu?Emma s?en aille pour qu?il puisse se maquiller, se coiffer pour se
voir enfin, dans ce v?tement de princesse. Puisque sa m?re rentrait
demain, autant qu?il en profite une derni?re fois!
Il la garda pendant tout le diner, et m?me sa tante dut reconna?tre
qu?elle lui allait tr?s bien. Julia lui envoya un message en r?ponse ?
la photo, en lui disant qu?elle la rendrait presque lesbienne!
D?s que le repas fut fini, sa tante lui refit un sermon sur sa
conduite ? tenir le lendemain, en pr?sence de sa m?re. Mais il ne
l??coutait plus. Et elle le vit. Elle eut un soupir fatigu?, et lui dit
qu?il pouvait retourner dans sa chambre s?il le voulait. Chaque pas
qu?il faisait ?tait pour lui un enchantement. Il savait que la robe
?tait trop adulte pour lui, mais chaque jambe devant l?autre, chaque
sensation de ce nylon contre l?autre cuisse et de son corps enserr?
court-circuitait ses sens. Lorsqu?il vit ses petits pas contraints par
la largeur de la jupe, sa chaussure de cuir noir brillant pos?e sur la
premi?re, puis la deuxi?me marche, puis lorsqu?il vit la lumi?re
miroiter dans les replis de son tissu, il savait qu?il faisait quelque
chose de bien. Ce ne fut qu?une demi-heure plus tard que, parfaitement
maquill?, boucle d?oreilles et collier en position, il posa son fauteuil
pr?s du miroir pour se regarder jouir ? l?aide du godemich?. Il aimait
voir le l?ger arrondissement de sa bouche peinte en rouge au moment
d?cisif. Soir apr?s soir, il savait qu?un jour il lui faudrait trahir sa
promesse ? Julia et se donner ? un vrai homme. Mais pas encore. Il ?tait
trop jeune. ?Vivement que je grandisse?, ne cessait-il de se r?p?ter
tout en ?cartant ses cuisses.
Une fois ceci fait, il s?assit dans la salle de bain, et se coupa les
ongles. Sa tante lui avait demand? de jouer le jeu, il lui devait bien
?a. En se regardant dans le miroir, il se dit que, de toute mani?re, les
ongles repoussaient vite...surtout avec le levure qu?il continuait de
prendre.
Le lendemain matin, Hugo fut debout tr?s t?t. Il ?tait plein
d?excitation ? l?id?e de revoir sa m?re enfin, mais en m?me temps il
craignait sa r?action. Qu?allait-elle dire? Elle ne l?avait pas vu
depuis l??t?, et depuis, tant de chose avait chang?e en lui...
Aussit?t lev?, il se brossa abondamment les cheveux, et les attacha en
un chignon. Il se regarda dans le miroir, d?fit le chignon, fit une
queue de cheval, puis la d?fit et enfin les attacha avec des barrettes.
Comment devait-il s?habiller? Les quelques pantalons qui lui allaient
encore lui paraissaient laids, mal taill?s, et franchement pas dignes
d?accueillir sa m?re. Il avait envie d??tre bien pour la revoir. Il
d?cida d?enfiler une robe, en attendant d?avoir une id?e et qu?elle
arrive. De toute mani?re il n?avait pas non plus vraiment de chaussures
? sa taille pour homme. Il se sentait oppress?e et fut oblig? de prendre
une cuiller?e de son m?lange sp?cial pour arriver ? rester calme. Il ne
cessait d?aller et venir dans sa chambre, la maison. En r?alit?, il
n?avait aucune id?e de la mani?re dont il devait accueillir sa m?re.
Fallait-il assumer que d?sormais il ?tait une jeune fille? Lui-m?me ne
l?acceptait pas. Il se revendiquait comme une personne, hors de tout
sexe. Mais en r?alit?, il devait bien se l?avouer, il savait qu?il
n?avait pas vraiment envie de faire demi-tour. Il s??tait rendu compte
de ?a, le soir pr?c?dent, alors qu?il coupait ses ongles. Sa tante avait
bien senti ce changement, elle aussi. Tout ceci avait pris une telle
ampleur qu?il ne voyait pas comment faire demi-tour. Que signifiait ?tre
un gar?on pour lui ? pr?sent? Cela fait bien deux mois qu?en dehors de
rares exceptions il vivait, s?habillait, pensait et faisait tout comme
une fille. Et ? pr?sent, toutes ses connaissances et famille ?tait
habitu?e et l?acceptait comme ?a, y compris sa petite amie! Maintenant
qu?il faisait plus chaud, tous les m?tayers et personnel de la ferme
l?avait au moins une fois crois? sans ses couches protectrices, et ils
avaient bien d? remarquer, eux aussi, ses formes. Il enfila ses
ballerines et descendit d?jeuner, Hector toujours sur ses talons. Il
aurait bien le temps, lorsque sa m?re arriverait, de se changer. En
attendant, il ?tait comme il ?tait.
Il passa le reste de son apr?s-midi ? lire et ? regarder sur Internet
les affaires qu?il pourrait acheter pour l??t?.
L?apr?s-midi passa.
Ce fut plus tard qu?il entendit enfin dans l?entr?e sa m?re qui appelait
quelqu?un dans l?entr?e de la maison. Hugo paniqua soudain: il s??tait
enferm? dans une pi?ce de l?aile droite et il n?avait aucun moyen de
retourner ? sa chambre, qui se trouvait dans l?aile ferm?e, ? gauche,
sans passer par le milieu. Il se cacha sous le canap? alors que celle-ci
marchait de pi?ce en pi?ce en cherchant Emma ou Fran?oise, qui ?taient
dehors dans les champs et ne l?avaient pas non plus vues arriver.
Sa m?re avait bonne mine, et se pencha pour caresser Hector qui faisait
la sieste. Elle aurait pu le voir si elle avait seulement tourn? la
t?te. A la place, elle se retourna, et Hugo l?entendit s??loigner jusque
dans l?entr?e, et s?asseoir. Elle ne pouvait plus le voir. Il n?osait
pas sortir, mais ne pouvait rejoindre sa chambre puisque sa m?re s??tait
install?e dans l?entr?e, en attendant que quelqu?un arrive.
Il se regarda furtivement dans la glace. Son maquillage ?tait trop
marqu? pour ne pas ?tre visible, et sa robe, bien que simple, aurait du
mal ? passer pour une robe d?un adolescent. Quant aux collants et aux
ballerines...non, il fallait qu?il trouve un moyen de sortir, sans se
faire voir, passer par la cave, traverser la maison par le haut, pour
revenir dans sa chambre ? la chambre de Julia. Il loua sa pr?sence
d?esprit d?avoir mis des ballerines et non des chaussures ? talons qui
l?auraient imm?diatement d?nonc? en marchant sur le parquet. Il enjamba
silencieusement la fen?tre et longea ensuite le mur de la grande maison
? petits pas pour ne pas risquer de faire du bruit ; il vit arriver dans
le m?me temps sa tante, flanqu?e d?Emma. Il n?avait que peu de temps.
Alors qu?il passait l?angle il entendit sa m?re h?ler sa s?ur, puis les
deux femmes entrer en conversation.
Le tour de la maison par l?arri?re ?tait horriblement long. Il fallait
passer les ailes arri?re, logements des m?tayers, qui ne manqu?rent pas
de le regarder curieusement ; Jo lui fit un petit signe en passant, et
il mit un doigt sur sa bouche pour lui intimer le silence. D?s qu?il fut
hors de vue de toute personne il se mit ? courir aussi vite que sa robe
lui permettait. L?entr?e de la cave ?tait en r?alit? tout juste ? gauche
de l?entr?e, et, ?vitant enclos et b?timents annexes, il lui fallut pr?s
de trois minutes pour revenir de l?autre c?t? de l?entr?e. Il sentait
son esprit faire la liste de toutes les choses qu?il devait changer et
prendre, avant que sa m?re ne le trouve. Il esp?rait furieusement
qu?elles auraient beaucoup ? se dire avant de le retrouver!
Arriv? devant la cave, il entendit des ?clats de voix entre les trois
femmes. Il ?tait presque sauv?! Il descendit pied ? pied le mur, la
cave, la cuisine, les escaliers. Lorsqu?il arriva devant la porte de sa
chambre, il ?tait en sueur, haletant. Il entendit Fran?oise qui parlait,
? l?int?rieur. Et, soudain, le museau d?Hector apparut, et derri?re lui,
son corps. La porte couina tr?s l?g?rement, entra?nant son fid?le chien,
sa m?re, sa tante, et Emma qui sous l?effet de la surprise fit un ???
silencieux de sa bouche. Ils rest?rent bouche-b?e, Fran?oise l?air
furieux, sa m?re sous le choc, et Emma comme si elle pr?f?rait se cacher
sous le lit.
- Hugo...?
- Bonjour, maman.
Il baissa la t?te. Ses ballerines avaient pris la poussi?re, dans sa
course.
- Oh...Hugo...Fran?oise...qu?est ce qui se passe? Tu ne m?avais pas dit
tout ?a. Qu?est-ce que tu as fait ? Hugo? Que se passe t?il?
Fran?oise l?cha entre ses dents, l?air sur le point d?exploser:
- Ca ne devait pas se passer comme ?a...et je n?ai rien ?fait? ? Hugo.
Je t?ai d?j? expliqu?, Sabine.
- Oui, tu m?as d?j? expliqu?. Mais tu ne m?as pas expliqu? qu?il
?tait...? ce point...
- Parfois, c?est moins pire, tu sais.
- Parfois...?
- Ecoute, c?est compliqu?...
Sabine s?approcha de quelques pas d?Hugo. Elle le regardait
attentivement, l?air choqu?e. Hugo sentait monter en lui une frustration
qu?il connaissait bien. Il aurait voulu de l?affection de sa m?re. A
pr?sent, il se sentait rejet?, observ?. Elles faisaient presque comme
s?il n??tait pas pr?sent.
- Fran?oise...pourquoi? Tu l?as transform?! Tu l?as transform? en
Madeleine! C?est son portrait! M?me sa robe, c?est la m?me! Tu as fait
?a pour me prendre mon fils!
- Sabine! Calme-toi! Je n?ai rien fait! Je te jure que tout ceci n?a
rien ? voir avec moi! J?ai tout fait pour l?en emp?cher!
- Tu mens! Tu MENS! Jamais Hugo aurait fait ce genre de chose! Non,
mais, tu as vu sa petite coiffure bien sage, sa tenue choisie, SES
BALLERINES, BON DIEU! Et tu imagines passant un quart d?heure ? se
maquiller de fa?on aussi ?labor?e ce matin pour pr?parer ma venue?
Hugo se sentait flatt? que sa m?re reconnaissance ses talents en
maquillage. Il br?lait de lui dire, toutefois, qu?il ne s??tait pas
maquill? sp?cialement pour elle, alors qu?il avait justement pr?vu de ne
PAS le faire en sa pr?sence. Mais sentait la tension monter, il se garda
soigneusement de s?interposer entre les deux s?urs.
Fran?oise soupira.
- Sabine...Sabine, tu as rat? beaucoup de chose. Cela fait un moment
qu?Hugo fait ce qu?il veut, malgr? ma surveillance.
- Tu avais promis de veiller sur lui!
- J?ai veill? sur lui! C?est un excellent ?l?ve ? pr?sent! Il est
capable de se tenir en soci?t?, il s?est fait plein d?amis.
- Et un petit copain aussi tant qu?on y est?
- Mais non, une petite amie!
- Tu l?as model? ? ton envie! C?est Madeleine que je vois en lui!
Regarde-le rougir, baisser la t?te, se recoiffer. Franchement? Il n?y a
rien d?Hugo en lui! Tu as vol? mon fils! Tu me l?as vol?! Regarde ce que
tu en as fait?
- Ah, tu pr?f?rais la version pr?c?dente peut-?tre? Tu pr?f?res ce que
TU en avais fait alors?
- Salope!
Elle s?approcha de Fran?oise et une gifle siffla. Les deux s?urs
s?empoign?rent, ensuite s?accusant mutuellement. Emma dans son coin
?tait devenue bl?me, transparente. Hugo ne put se retenir plus longtemps
et une larme coula sur sa joue, tandis qu?Hector se serrait contre lui.
Au bout d?un moment, il finit par crier.
- C?est MOI, MAMAN!
Les deux firent un pas en arri?re et le regard?rent ?trangement. Elles
respiraient rapidement, et ?taient toutes les deux d?coiff?es, le col
arrach? et des marques de griffures.
- Qu?est-ce que tu veux dire Hugo?
- Peu importe mon apparence, je suis moi. Tu es ma maman, et je t?aime.
- Oh Hugo...
Elle se pr?cipita vers lui et le prit dans ses bras. Au bout d?un long
silence, elle se recula.
- Comment peux-tu avoir une poitrine comme ?a, Hugo? Comment as-tu pu
changer aussi vite?
- C?est comme ?a que les filles sont, maman, ?a peut changer vite.
- Mais Hugo...Hugo...tu n?es pas une fille.
- Est-ce que tu m?aimerais moins si c??tait le cas?
- Mais non bien s?r, c?est juste que...que...que...que ?a n?est pas toi.
- Il faut que tu acceptes maman. Fran?oise ne te ment pas. Elle a ?t?
tr?s bien avec moi. Tu penses que ?a a ?t? facile pour elle que je
ressemble autant ? Madeleine?
- Non...non...bien s?r.
- Elle a beaucoup souffert, mais elle m?a bien trait?, et j?ai beaucoup
chang? gr?ce elle.
- ...
Hugo prit sa tante de son autre bras et se mit entre elles deux pour les
serrer dans ses bras. Fran?oise semblait sur le point de pleurer. Emma
lui souriait.
- Alors c?est ?a. Maintenant, Fran?oise c?est ta nouvelle m?re, et toi
sa nouvelle fille. Et moi, je n?ai qu?? repartir sur une plateforme
p?troli?re, c?est ?a?
- Mais...mais non! Je suis tr?s content de revenir avec toi!
- Oh vraiment?
- Mais oui, vraiment!
- Tu sais ce que je crois? Je crois que vous vous foutez de moi. Elle
t?a retourn?! C?est ELLE qui a tout maniganc?! Tu n?es plus la m?me
personne! Je ne te reconnais pas, je ne reconnais pas mon fils!
Hugo entendait des sanglots dans la voix de sa m?re. Elle semblait
vraiment d?sesp?r?e.
- Maman...c?est vrai que j?ai chang?. C?est vrai que je ne suis plus la
m?me personne. Mais je suis ton fils!
- Je ne veux pas rester une minute de plus ici! Je dois partir!
Elle se leva, soudain, lissa ses v?tements froiss?s par la lutte et le
voyage, et, sur le pas de la porte, se retourna.
- Tu viens Hugo?
Hugo eut un instant d?h?sitation. Il ?tait heureux, ici. Plus, en fait,
qu?il n?avait jamais ?t? auparavant. Bien s?r, sa tante s??tait mal
conduite avec lui, par le pass?, mais elle ?tait tr?s bien ? pr?sent. Et
puis, il y avait Julia, Aur?lia, les dressings de ses cousines. Qu?est
ce qu?il ferait, chez sa m?re?
- Mais...maman...tu ne pr?f?res pas rester?
- Rester? Ici?
- Oui...tu pourrais vivre ici, le temps que...au moins, quelques temps?
Elle fit quelques pas, en sa direction.
- Hugo, tu ne comprends pas...c?est elle qui t?empoisonn?. Je ne sais
pas comment, mais ?a para?t ?vident. C?est elle qui t?a empoisonn?, tu
comprends?
- Mais je ne suis pas malade!
- Tu n?es pas malade, c?est pire. Tu es quelqu?un d?autre! Elle t?a vol?
ton identit?!
- Mais elle ne m?a jamais forc? ? rien!
- C?est pour ?a qu?elle est dou?e. Ca, elle est dou?e, ma s?ur. Ecoute,
si tu veux, tu restes l?, je vais te simplifier la t?che. Je rentre ? la
maison. Lorsque tu en auras envie, tu reviendras. Je t?attendrai. Ne te
fais pas de soucis pour moi.
Elle le serra un instant dans ses bras, prit ses bagages, et s??loigna,
dans l?escalier. Emma n?avait toujours pas boug?, et Fran?oise semblait
de cire.
Le soir, Hugo voulut ? nouveau mettre sa nouvelle robe et ses talons ;
Fran?oise ne lui fit aucune remarque. C??tait comme si ? pr?sent c??tait
un fait accept?, pour elle. Elle ne lui reparla ni de sa m?re ni des
?v?nements pass?s.
Le lendemain, sa vie reprit son cours normal. Et le surlendemain.
Personne ne reparla plus de cet ?incident?. C??tait comme si rien ne
s??tait produit.
*********
Jusqu?? fin mai
Les jours passaient, les semaines pass?rent. Il vit beaucoup ses amis,
continuait ses devoirs, reprit la piscine. Fran?oise ?tait d?une grande
gentillesse, et se comportait de mani?re tr?s maternelle avec lui. Quant
? Hugo, son comportement continuait lentement ? ?voluer et il ne se
cachait plus, au quotidien. Sa tante avait rouvert le dressing de
Madeleine et il y puisait abondamment. Il voyait Jo, C?line et Julia
tr?s r?guli?rement, Aur?lia presque chaque fin de semaine, avec qui il
sortait faire la f?te (parfois m?me sans que sa tante ne le reprenne sur
sa tenue!); m?me s?il s??tait laiss? embrasser ou peloter quelques fois
par ses copains, lors de diff?rents jeux ou sous l?effet de l?alcool, il
?tait demeur? fid?le ? Julia malgr? tout et elle le savait. Il lui
arrivait d?y penser lorsqu?ils s?excitaient mutuellement, mais, pour
l?instant, cela restait de l?ordre du fantasme d?autant que Julia savait
?tre cr?ative, contre toute attente. Leur couple se renfor?ait.
Il avait appel? sa m?re plusieurs fois, mais il sentait une tension, une
souffrance de sa part qui lui donnait envie d??courter son appel, par
culpabilit?. Un m?decin, quant ? lui, ?tait venu faire des prises de
sang, ? plusieurs reprises. Mais jamais il n?eut de retour, ni de
remontrance. Il savait pourtant trop bien qu?est-ce ce que sa tante
devait y trouver.
Julia, passait beaucoup de temps avec lui au final, et venait souvent ?
sa maison. Il avait plus de poitrine et plus de fesses qu?elle n?en
aurait jamais et ils en plaisantaient parfois ; c??tait ainsi. Il se
rendit aussi compte qu?elle cultivait un peu cet air androgyne et
parfois dur, sa coupe au carr? et son visage d?cid?, son absence de
bijou ou de maquillage quand ils ?taient ensemble (m?me s?il savait
qu?elle pouvait en porter en dehors, il l?avait vue une fois en tenue
?normale? ? la sortie de l??cole) et se dit qu?elle devait faire ?a pour
lui plaire. Il se sentit touch?, et s??tait rendu compte qu?elle avait
probablement raison, et qu?elle ?tait bien plus ?lesbienne? que lui, en
r?alit?.
Il nota ce changement chez lui alors qu?un jour tout d?but mars il se
surprit ? mater une fille un peu balaise, alors qu?il discutait un
samedi soir avec Aur?lia, en terrasse du caf? de la boite de nuit du
centre commercial. Il se sentit alors tr?s mal ? l?aise de se voir ainsi
attir? par la fille la moins ?sexy? de la bande. Ce n??tait plus une
surprise pour lui d?apprendre qu?il ?tait attir? par les hommes, mais il
ne pensait pas qu?il pouvait ressentir ?a pour une fille ?gar?onne?,
aussi. Julia lui fit longuement cours sur l?appropriation des normes de
la soci?t?, comme quoi ?a n??tait pas forc?ment bien et qu?il fallait
qu?il trouve sa voie, mais il ne retint pas grand-chose au final.
Apparemment, elle, oui et il pensa qu?elle en avait tir? les
cons?quences en changeant son comportement ? elle. Il trouvait
r?ellement touchant qu?elle fit cet ?effort? pour lui, et le fait de
constater que cela provoquait vraiment quelque chose en lui le touchait
d?autant plus, pour lui-m?me comme pour leur couple.
Il pensait au fond de lui que ?a n??tait pas normal ou bien ou quelque
chose d?ordre moral, mais lorsqu?ils marchaient ensemble et qu?elle le
tenait d?un air ferme, il se sentait fondre et ses doutes
disparaissaient. Ou lorsqu?elle s?approchait de lui et l?embrassait
sauvagement, ou faisait un peu l?homme, il se sentait excit?. Au d?but,
il trouvait ?a un peu ridicule, d??tre attir? par cette affirmation
masculine, d?autant qu?elle ?tait plus jeune que lui et qu?il la
dominait, sur ses talons ; mais il constatait que son corps et son
esprit r?agissait diff?remment de ce qu?il pensait. Depuis ce changement
chez elle, il avait moins besoin de penser ? des hommes lorsqu?ils
s?excitaient mutuellement. Quant ? elle, il ne savait pas ce qu?elle
pr?f?rait, plus ou moins f?minin, plus d?Hugo ou moins d?Hugo. Il
remarqua toutefois qu?elle avait fait des remarques lorsqu?il n??tait
pas maquill?, alors m?me qu?elle faisait le contraire quelques mois
avant! Il ne savait donc plus trop quoi penser sur ses pr?f?rences. Elle
ne cessait de r?p?ter que ce qu?elle aimait chez lui, c??tait quand il
?tait lui-m?me. Mais elle, ?tait-elle elle-m?me ainsi? De toute mani?re,
ses rep?res moraux avaient ?t? compl?tement d?truits au matin de
lorsqu?il avait d?couvert le godemich? et ?s??tait fait femelle?.
Depuis ce jour de fin f?vrier, la pente d?j? glissante de sa f?minit?
?tait devenue de plus en plus glissante, et sans retour, selon lui. Il
avait fini par conclure que Julia avait du mal avec l?id?e qu?il soit
?entre les deux?, et que depuis que la possibilit? qu?il soit un homme
s??tait ?loign?e, elle pr?f?rait qu?il soit franchement f?minin.
Lorsqu?elle discutait avec Jo ou C?line, Hugo remarqua qu?elle disait
parfois ?elle? en parlant de lui et il se rendit compte que cela ne le
faisait pas vraiment r?agir. Les autres ?galement semblaient l?appeler
de plus en plus souvent au f?minin, surtout depuis qu?ils l?appelaient
?Liou? pour reprendre le surnom qu?Aur?lia avait trouv?, ou m?me ?Lilou?
qui leur semblait plus doux ? prononcer, et qui fut valid? par Aur?lia
aussit?t que Julia lui chipa son t?l?phone pour lui demander.
Hugo, globalement, nageait dans le bonheur ? aid? par sa consommation
r?guli?re. Il se doutait bien qu?un jour ou l?autre une prise de sang
arriverait et finirait par r?v?ler sa triche, mais avait envie de se
sentir bien. Et puis, au pire, il pourrait toujours revenir chez sa
m?re. Si elle voulait bien de lui.
Une fin d?apr?s-midi de fin-Avril, alors qu?ils s?embrassaient
d?licatement sur le lit, ? moiti? d?v?tus Julia eut un mouvement de
recul et le regarda bizarrement.
- Qu?est-ce qu?il se passe Julia?
- Lilou...
- Oui ma ch?rie? (Hugo ne la reprenait plus, m?me s?il avait faiblement
tent? d?emp?cher ses trois amis de l?appeler ainsi). Il tenta de
l?embrasser.
- Non, arr?te je suis s?rieuse. Il y a quelque chose. Je crois que ta
m?re ? raison.
- Ma m?re? De quoi veux-tu parler?
- Ce qu?elle a racont? quand elle est partie! Tu ne trouves pas que
?tout ?a? tombe trop bien, tout de m?me?
Il se releva et glissa ses cheveux derri?re son oreille, machinalement.
- Mais quel ?tout ?a?? Tu veux dire...moi? Mais pourquoi tu parles de
?a, ?a fait...?a fait longtemps!
- Oui toi! Je viens d?y repenser, tout d?un coup! Au final, tu ne
trouves pas que ta tante s?en tire bien? Tu ne trouves pas bizarre par
exemple qu?ils n?aient pas parl? des rejets de l?usine ? la t?l?vision,
ou qu?elle fasse un proc?s?
- Mais de quoi parles-tu? Pourquoi faire? T?es bizarre! Encore plus que
d?habitude! Comment ?a te vient ?pouf? comme ?a? Tu sais je ne tiens pas
? ce que ?a se sache...
- Tu ne comprends pas! Mon p?re a entendu parler de ces pr?l?vements.
C?est pour ?a que nous ne venions plus p?cher, je te rappelle! Et puis,
pourquoi ta tante t?a install? l?-bas?
- Tu le sais bien, nous en avions parl?, elle ne voulait pas me loger
dans les chambres de ses filles.
- Mais il y a d?autres chambres!
- Mais...mais je sais pas alors.
- Tu penses qu?une chimiste, grande propri?taire, install?e ici depuis
si longtemps, ...non, c?est ?trange. Et puis, franchement, repense-y,
son comportement est vraiment bizarre. Elle te fait t?habiller comme sa
fille et...
- Mais elle ne m?a jamais forc?! interrompit Hugo.
- Oh, non. Mais elle te frappait si tu le faisais pas. Pourquoi elle
n?est pas venue le jour suivant lorsqu?elle t?a vu? Pourquoi elle a
attendu? Pourquoi laisser tout ?a trainer? Ca n?est pas coh?rent. Je
n?aurais pas fait ?a.
- Elle n?est pas aussi intelligente que toi! Je n?avais jamais pens? ?
tout ?a ainsi...
- Mais pr?cis?ment, si! Ta tante c?est un super cerveau! Tu ne te rends
pas compte! Mon p?re m?a parl? d?elle, pendant ses ?tudes, c??tait une
grande bosseuse, comp?tente, intelligente, organis?e. Elle n?est pas
comme toi, papillonner et attendre qu?un probl?me se r?solve de lui-
m?me!
- Heille! C?est moi!
- Franchement Hugo...ta m?re a raison. Il faut qu?on fouille chez ta
tante pour trouver des traces de tout ?a.
- Tu es dingue?! Si elle nous d?couvre je vais finir en chair ? p?t?
pour Hector!
- Mais tu ne veux pas savoir? C?est super important!
- Je....je ne sais pas. Quelle diff?rence cela fait? Au final, je suis
toujours ce que je suis. Ca ne change pas comment se comporte ma tante.
- Mais la v?rit? Hugo. La V?rit?!
- Je suis Hugo, maintenant?
- Je pensais que Lilou ne te faisait pas plaisir?
- Peu importe! C??tait pour t?emb?ter. Mais, d?accord, la V?rit?. Et si
la V?rit?, c?est qu?elle a tout pr?vu depuis le d?but, je fais quoi, je
m?en vais, et j?abandonne ma vie et j?habite loin de toi? Et puis, ?a
n?est pas possible, regarde, actuellement, elle fait tout pour
m?interdire d??tre ?en fille?, je te rappelle qu?elle a m?me ?t? jusqu??
fermer le dressing de Madeleine!
- Oui...et laiss? ouvert celui de Sophie. Et tu as vraiment
l?impression qu?elle t?interdit, depuis que ta m?re est venue? Est-ce
qu?elle t?a vue UN SEUL jour habill? autrement qu?aujourd?hui, depuis?
Laisse-moi rire! Le probl?me, ?a veut dire que c?est ta tante qui d?cide
qui tu es. Qui sait ce qu?elle a pr?vu pour toi? Imagine qu?elle ne
veuille plus que je sois avec toi, et qu?elle te manipule? Ou si tu
d?cides d?aller voir ta m?re, et qu?elle t?en emp?che? D?ailleurs, ta
m?re est en France, et finalement, tu ne l?as vue que le premier jour et
tu vis toujours ici! Tu comprends mieux maintenant? Tu t?es demand?
pourquoi?
- Ah...oui. Oui. Je comprends. Tu as raison! C?est vrai, je ne l?ai pas
vue...mais je n?y ai pas pens?.
- Pr?cis?ment!
- Tu as raison, allons-y!
- Non, toi reste ici, je reviens.
Elle se leva, l?air d?cid?, et enfila son pantalon. Elle dit ? Hugo de
l?attendre et de se pr?parer, le temps d?aller faire un tour pour
v?rifier o? se trouvait sa tante. Hugo se leva, et en profita pour se
recoiffer, et se remaquiller. Il se trouvait grossi. En fait, il avait
calcul? que, depuis le mois de d?cembre, il avait pris 5 kilos, et avait
atteint ce qu?il ? et le m?decin- pensait ?tre sa taille d?finitive, ?
tout point de vue. 1 m?tre 65. Ou 1 m?tre 65 et demi? Ces 5 kilos le
g?naient un peu mais il trouvait en m?me temps qu?il donnait une forme
id?ale ? son corps et Julia l?aimait comme ?a et le complimentait quand
il se mettait en valeur. Il avait seulement h?te de pouvoir continuer la
piscine tous les jours pour affiner ses cuisses qu?il trouvait trop
molles. Quant ? ses fesses, il avait fini par accepter l?id?e qu?il ne
pourrait pas garder ses fesses de l?ann?e pr?c?dente. Il avait
d?ailleurs surpris quelques regards int?ressants de Jo ? qui rendaient
Julia furieuse et adorable - lorsqu?il ?tait en talons ; et ce d?autant
plus que cela le for?ait ? se d?hancher et que, s?il avait pris quelques
kilos dont il n??tait pas fier, Jo lui n?en perdait pas une miette.
Gr?ce au corset qu?il portait encore r?guli?rement et qu?il remplissait
enfin en haut, sa taille n?avait pas trop pris, et il ne trouvait plus
qu?il avait autant de retard dans son d?veloppement par rapport ? sa
cousine d?funte. Lorsqu?il pensait ? lui, depuis presque 15 jours et
pour la premi?re fois, il ?tait satisfait de ce qu?il voyait. Il enfila
ses collants et sa jupe sombre au genou, et cherchait une paire de
chaussures lorsque Julia revint dans la chambre.
- Lilou? Je n?ai pas vu ta tante, on peut y aller!
- Oui? Attend, je lace ces chaussures et je te suis!
- Lilou...tu pourrais prendre des chaussures plus...enfin moins...enfin,
on va peut-?tre devoir marcher vite, ou peut ?tre courir! Ou se cacher!
- Mais je peux courir avec celles-l?!
- Non mais je pensais...enfin, un pantalon et tes tennis, je ne sais pas
o? on va devoir aller, pour trouver si Fran?oise a laiss? des traces!
- Euh...d?accord, si tu veux. Attend, je vais dans le dressing en
chercher un!
- Tu n?as pas de pantalon ici dans ton armoire?
- Euh...non * il rougit * c?est juste que...avec mes cuisses ?a
fait...enfin...
- Non mais c?est pas grave! Tu es vraiment...tu es incroyable!
Franchement, Hugo! Lilou!
Il s?approcha de Julia et l?embrassa ? pleine bouche. Leur baiser dura
un long moment, avant qu?il ne la repousse l?g?rement.
- Je ne te plais pas? Tu sais, je ne suis pas g?n? comme ?a! Et puis,
c?est toujours toi qui me dis d??tre en jupe, apr?s tout!
- Mais c?est pas le probl?me...
- C?est QUOI, le probl?me alors?
- Bon. Laisse tomber. Apr?s tout, tu as raison sois comme tu veux. Et
puis tu es tr?s sexy comme ?a, c?est vrai. Suis-moi.
Hugo la?a ses chaussures ?ses Richelieu noires ? talons - et suivi
Julia. Il savait que ce souci de son apparence ?tait malsain, comme
C?line lui avait dit. Mais il n?en souffrait pas et c??tait
objectivement ses chaussures les plus stables et tout terrain. Jamais il
ne s??tait senti contraint. Peut-?tre ?tait-ce ?a qui ?tait malsain, le
fait que ce soit devenu tellement naturel pour lui? Il n?y pensait pas
vraiment, en r?alit?. Son choix de look ?tait infini, et il aurait eu
tort de s?en priver, jamais cela ne l?avait emp?ch? de se concentrer sur
les choses de son ?ge, ou ses centres d?int?r?t. Et puis, c??tait des
chaussures de marques, et ?a, il en savourait chaque pas.
Le bureau de Fran?oise ?tait ferm?: Depuis qu?il avait am?nag? dans
l?ancienne chambre, il avait remarqu? qu?elle fermait son bureau
lorsqu?il ?tait l?. Julia lui fit remarquer que ?a cachait surement
quelque chose, peut-?tre, justement, pr?cis?ment la preuve qu?elle avait
quelque chose ? se reprocher, ou ? cacher.
Sur le tableau de bord, portant les clefs, celle du bureau n??tait pas
l?. Elle l?avait probablement avec elle. Il allait falloir trouver une
autre solution. Julia pesta et tourna, avant de tenter ? sans succ?s ?
de crocheter la serrure ? l?aide d?un trombone ?comme dans les films?.
Soudain, Hugo eut une id?e:
- Je sais! Emma doit avoir le double de cette clef. Elle a le double de
toutes les clefs!
- Tu es s?r? On peut lui demander, tu crois?
- Je ne sais pas. Elle est tr?s loyale envers Fran?oise...mais je
pourrais demander ? Jo d??loigner sa m?re le temps qu?on cherche?
- Jo...encore lui! Pff! C?est trop facile! Tu n?as qu?? te balader en
petite jupe et il dira oui ? tout!
- H?! Je ne fais rien de mal! Pourquoi tu me reparles encore de ma jupe!
J?ai le droit de porter une jupe! D?ailleurs tu pourrais en porter une
aussi, hein?
- Pff! Tu t?en fous, tu pr?f?res les mecs! T?aimerais pas que j?en porte
une je suis s?re! Par contre, lui, il te pr?f?re toi!
- Et donc?
- ET DONC TU N?ES PAS OBLIGEE d??tre aussi mignonne quand il est l?,
c?est tout.
- Julia! Dis-toi que je suis mignonne m?me toute seule! (il adorait voir
Julia jalouse)
- ?Toute seule?? Tu t?y mets aussi alors, Lilou?
- Mais, c?est vous, aussi vous m?embrouillez!
- Ah ah ah!
Ils descendirent les marches quatre ? quatre en se jetant des vannes ?
la t?te, Julia le traitant de poule et de fillette et lui de gar?on
manqu? ; jusque devant chez Jo. Il ?tait en train de regarder la t?l?,
et ?couta chaque mot d?Hugo, qui ne put s?emp?cher de faire une petite
moue sous le regard furieux de Julia. Il trouva rapidement un pr?texte
bidon pour faire sortir sa m?re, et Hugo, les mains tremblantes, passa
de clef en clef jusqu?? ce qu?il lui semblait ?tre la clef manquante.
Aussit?t retourn?s devant la porte, Hugo ouvrit la porte, tremblant de
plus en plus. Il ?tait terrifi? ? l?id?e que sa tante puisse les trouver
ici.
Le bureau ?tait am?nag? diff?remment depuis qu?Hugo l?avait visit?,
presque un an auparavant. C??tait une pi?ce o? il n?allait jamais. Sa
tante l?avait repris en main ; autant il n?avait presque pas boug?
depuis que Bernard y travaillait quand il l?avait vu, autant aujourd?hui
il respirait la vie, l?activit?.
Dans les tiroirs, des dossiers. Sur les ?tag?res, d?autres dossiers.
Julia et lui pass?rent une heure ? tout regarder, prenant soin de
remettre chaque chose ? sa place. Sans parvenir ? ?plucher s?rieusement
plus d?une petite fraction.
Pendant toute la semaine, puis le mois, Hugo sentit monter en lui des
doutes sur ce que lui avait dit Julia. Il appela sa m?re et lui parla
plus longuement que d?habitude, et s?aper?ut que sa tante avait l?air
agac?e. Apr?s tout, pourquoi, si tout ?tait normal, aurait elle eut
l?air agac?e?
Ils reprirent leur fouille la semaine suivante, sit?t Fran?oise le dos
tourn?. Sans succ?s. Puis Fran?oise fut l?, souvent, et ils durent
?chafauder des plans depuis sa chambre. Ce ne fut que mi-mai qu?enfin,
ils trouv?rent un dossier ?Hugo?.
A l?int?rieur, son ?tat civil, la copie de ses derniers dossiers de
coll?ge, le rapport des inspecteurs sur sa nouvelle ?ducation, le
rapport m?dical de sa m?re (Julia, qui n?avait pas eu connaissance de
tous les d?tails, fit une remarque ironique sur sa force de l??poque,
alors qu?elle ma?trisait presque Hugo, aujourd?hui, bien que plus petite
que lui.), les copies des diff?rents courriers avec ses m?decins, ainsi
que les copies des analyses, que Julia lut attentivement.
Il sut ainsi que ses derni?res analyses n??taient pas diff?rentes des
pr?c?dentes, et que le premier m?decin, dans son courrier parlait d?un
?taux inexpliqu? et inexplicable autrement que par une prise r?guli?re
et massive d?hormones? et qu?il avait constat? une ?confusion ?vidente
de genre? chez lui, ? l??poque o? il tentait encore de lutter. Il
recommandait l?entourage de ?figures masculines? pour ?stabiliser le
jeune homme? et lui permettre de se projeter positivement dans un mod?le
masculin. Le courrier datait d?un peu apr?s son retour de Guadeloupe,
lorsqu?il avait vu plusieurs m?decins qui l?avaient longuement interrog?
.Un deuxi?me m?decin, toutefois, 15 jours plus tard, notait ?qu?en
l?absence d??l?ments inqui?tants dans sa sant?, il valait mieux laisser
la situation ?voluer naturellement car un retour vers un ?quilibre
hormonal complet demanderait plusieurs op?rations, d?ablation de la
poitrine, peut ?tre une op?ration sur son visage ?nez et pommettes?, et
plusieurs mois de traitements lourds?. Il apprit aussi qu?un troisi?me
m?decin d?but avril avait not? qu?Hugo s??tait ?bien adapt? ? sa
nouvelle condition et ne semblait pas pr?senter de trouble
psychologique, hormis un changement de genre ?vident, qui s?expliquait
facilement ?tant donn? le r?sultat ci-dessus et les analyses des
pr?c?dents coll?gues?. Le premier m?decin l?avait revu mi-avril et avait
enfin d?clar? qu?en ?2 mois, l??volution de son comportement ?tait tr?s
notable? et que ?toute projection vers le genre masculin ? l?aide des
diff?rentes recommandations faites mi-f?vrier seraient ? pr?sent contre-
productives? et qu?il recommandait de ?renforcer le sentiment
d?appartenance au genre f?minin en attendant la majorit? du jeune homme?
afin d??viter ?un retour vers la situation de confusion pr?c?dente.?. Il
avait not? que la jeune fille avait l?air tr?s ? l?aise dans des
v?tements f?minins et qu?elle ?tait d?une grande coquetterie (Julia en
profita pour lui faire remarquer qu?il avait surement d? le mater!).
Le rapport le plus r?cent, quant ? lui, prescrivait des analyses
r?guli?res, un suivi psychologique ?ventuel, et une rentr?e au mois de
septembre normale qui ?viendrait normaliser la situation d?Hugo C?rac?.
Il recommandait un changement d?Etat Civil et de pr?nom, et ?une
op?ration de r?attribution sexuelle? d?s qu?il aurait sa majorit?, bien
que son corps ?particuli?rement bien form? surtout consid?rant son sexe
de naissance? (Julia nota le mot), ainsi que son ?sens de l??l?gance
ind?niable? (Elle le poussa du coude en pouffant) rendaient facultatives
toute op?ration habituellement li?e au changement de sexe.
- Tu vois, je t?avais dit. Elle n?a rien fait pour changer tout ?a. Elle
t?a laiss? devenir ce que tu es aujourd?hui, sans m?me bouger le petit
doigt.
- Mais elle n?avait pas le temps! Elle me voyait ? peine!
- Et? Elle savait tout! Elle n?a jamais cess? de te suivre, mais n?a
rien fait! Rien! La seule chose qu?elle voulait absolument, c?est que tu
ne dises pas ? ta m?re qu?elle t?y avait incit?! Pour ne pas qu?elle se
doute!
- Ca n?a pas march?, elle s?en est dout?e tout de suite...
- H? oui, ta m?re est brillante. Mais toi aussi tu sais! Sous tes airs
de jeune fille coquette et candide.
- Mais non!
- Si! Tu as vu tes r?sultats? En un an, tu as rattrap? ton retard
scolaire et tu es largement en avance sur le programme. En une ann?e
seulement!
- Julia...tu passes le bac l?ann?e prochaine...
- Je ne te parle pas de moi! Banane! Bon, continuons le dossier.
Suivait ensuite des dizaines de photographies de son corps, les
diff?rentes parties touch?es par sa ?pubert??, ainsi que son visage. On
voyait sur ces derni?res qu?il ?tait agac? par ces s?ances photos
interminables, qu?il faisait parfois une moue pour ?poser? ou tirait la
langue, et qu?entre mi-janvier et fin avril son visage s??tait arrondi
et son nez un peu r?tr?ci ? sans parler de ses sourcils, mais ?a n?avait
rien d?hormonal. Sur la derni?re page, il y avait une longue lettre de
sa m?re, o? elle l?accusait d?avoir manipul? son fils pour en faire une
copie de ses filles. Suivait une lettre polie, mais glaciale, de
Fran?oise qui niait tout point par point, expliquant qu?elle avait tout
fait pour rattraper la situation, et elle mena?ait entre les lignes de
prendre l?galement la garde d?Hugo.
Fin du dossier. Rien qui ?tayait les hypoth?ses de Julia. Elle annon?a
que s?il y avait dossier il ?tait surement ailleurs, et ils
poursuivirent leur fouille ; hormis apprendre que sa tante ?tait
vraiment riche, Hugo et Julia n?apprirent rien de plus. D?pit?s, ils
allaient quitter la pi?ce lorsque Julia remarqua un tiroir du bureau
qu?ils n?avaient pas fouill?. Et qui ?tait ferm?.
- C?est surement l?, Lilou!
- Julia...arr?te. On a pass? des HEURES l?-dedans, on a rien trouv?, si
ce n?est qu?un m?decin m?a mat? et que je fais une fille convaincante.
- J?en suis s?re! Attends, donne-moi dans mon sac la petite pointe, l?,
et le fil de fer.
- Non...Julia! Tu as ?a? Mais ?a ne marche pas, on avait vu l?autre
jour...
- Oui, mais...j?ai r?vis? entre les deux. Je me suis entra?n?e.
- Pour ?a?
- Mais oui!
- T?es dingue...tu changes pas!
Pendant que Julia crochetait la serrure, Hugo regardait par la fen?tre
et pensait ? sa situation. Devenir l?enfant de sa tante permettrait ? sa
situation de se d?gager. Il deviendrait riche et pourrait vivre ici.
C??tait une situation horrible, pour sa m?re, et m?me pour lui. Il ne
pouvait pas l?envisager, et pourtant, c??tait bien tentant...
- Hugo, Hugo, ...?
- ...
- LILOU?
- Oui, quoi?
- Ca fait 3 fois que je t?appelle!
- Je n?ai rien entendu, pardon.
- Je t?ai appel? Hugo...
- Ah! Tu es presque la derni?re ? le faire! M?me Emma s?y met aussi,
depuis l?autre semaine...
- Bon, mais c?est parfois j?oublie. Tu pr?f?res Lilou, de toute fa?on?
- C?est joli, j?aime bien, oui. Mais tu peux m?appeler Hugo, si tu veux,
aussi, tu le sais bien. Bon, qu?est-ce qu?il y a?
- J?ai r?ussi!
- D?j?? Bravo! T?es vraiment g?niale. Alors?
- Il y a...de tout.
A l?int?rieur, ils trouv?rent beaucoup de photos de Fran?oise et
Bernard, et plusieurs photos de ses deux cousines. Sur l?une d?elle, un
peu avant sa mort, Madeleine au bord de la mer ressemblait beaucoup ?
Hugo. Julia plaisanta en disant qu?elle aurait bien dragu? cette fille-
l?, et Hugo la traita de sale gouine en riant. Dans une autre partie,
ils trouv?rent les comptes financiers personnels de Fran?oise ?qui ?tait
millionnaire? et ses parts dans diff?rentes soci?t?s. L?autre tiroir
contenait des photos de Sophie habill?e de mani?re tr?s suggestive et
avec des hommes ou avec ses deux amies dont Hugo avait d?j? eu la photo.
Le comportement des trois ne semblait pas outrageusement vulgaire,
cependant, Hugo n?avait gu?re de doutes sur le fait que leur pr?sence ?
ce moment, avec ces gens, ne soit pas r?mun?r?e. Les photos semblaient
?tre vol?es, car jamais personne ne regardait l?objectif. Il y avait
?galement des rapports r?guliers de ce qui semblait ?tre un agent priv?
qui surveillait sa cousine lorsqu?elle se prostituait et se droguait.
Ainsi, comme pour tout le reste, Fran?oise ?tait au courant. Hugo fut
abasourdi, et reconnu le nom de plusieurs personnes qu?il avait vu dans
le carnet de rendez-vous qu?il avait trouv? sous le lit dans la
cachette.
Enfin, ils trouv?rent ce qu?ils ?taient venus chercher. Un dossier
?Hugo?.
Le dossier contenait plusieurs pages de r?flexions personnelles. Cela
allait de l?agacement au m?pris, ? la fois pour son p?re, sa m?re, et
lui-m?me. Cependant, Julia remarqua que ce document ?tait dat? de juste
avant son arriv?e dans la maison, mais apr?s l?accident. Sa m?re avait
d? la pr?venir de l?incident, et elle avait d? ?crire ?a sous le choc.
Au-del? de ses pages, pendant les premi?res semaines sa tante avait
form? un projet de le faire venir et de le briser, de le former, par le
travail ? la fois scolaire et manuel, avec un haut niveau d?exigence.
Elle pensait que dans un cadre strict, sur la terre, ?? la dure?, il
deviendrait meilleur et moins violent.
Il y avait ensuite un trou de plusieurs mois, et le r?cit reprenait
d?but septembre, juste apr?s qu?elle d?couvre son travestissement. Elle
?crivit alors qu?elle ?tait frapp?e par la ressemblance avec sa fille,
la douleur, le soulagement, et le retour du sentiment de deuil, et sa
difficult? ? surmonter son alcoolisme. Hugo savait d?j? tout ?a et fit
remarquer que ?a n?avait rien d?un complot.
Fin d?cembre, lorsque leur r?conciliation se produisit et qu?il fit sa
coupe fracassante chez Aur?lia, puis No?l et le nouvel An, elle ?crivit
qu?elle avait remarqu? le changement dans son corps. D?s d?but janvier,
elle fit le rapprochement avec l?usine et ?crit qu?elle a fait des
demandes de pr?l?vements (?la m?me soci?t? que pour mon p?re!? s??cria
Julia), qu?elle note ? la virgule pr?s, deux jours plus tard.
Vers le 10 janvier, elle fit une longue note sur le lien entre son
adoucissement, son changement corporel, et son travestissement
p?riodique. Entre les lignes et indirectement, ils lurent qu?elle
faisait ici le projet de poursuivre dans cette voie qui lui semblait une
meilleure id?e pour l?adoucir. Elle cite alors ? plusieurs reprises
Madeleine, et s??tonne de la fascination qu?elle semble exercer sur Hugo
au point ?d?en copier les mani?res et le style et m?me parfois le ton de
voix?, sans pourtant l?avoir connue. Elle ?crit enfin que revivre ?a ?
nouveau ?tait terrifiant, mais ?trangement la remplissait de bonheur.
A la suite de cette note, ils trouv?rent une succession d??change de
courrier entre Fran?oise et un certain docteur Salissien, dans lequel
elle le tutoyait et faisait r?f?rence ? leur relation ? la fac, et lui
racontait l?affaire, d?un point de vue scientifique, joignant des